« Noir, la couleur qui tue », un livre de Lucien Cidalise-Montaise

Sé pa tout’ poule ki chanté ki pond

— Par Michel Herland —

Un architecte, engagé dans diverses opérations d’intérêt général liées à l’habitat au cours de sa vie professionnelle, a pris la plume, la retraite venue, pour défendre les nombreuses causes qui lui tiennent à cœur, au-delà de la dénonciation du racisme évoquée par le titre. Les textes rassemblés ici, dont certains ont été déjà publiés sur Madinin-art ou dans France Antilles, témoignent avant tout de la désespérance d’un homme n’ayant jamais abandonné sa foi communiste et son idéal révolutionnaire devant l’absence de perspective pour notre île.

Dans ces chroniques, on le voit tout à tour honorer Mandela, se réjouir des élections successives d’Obama, appeler à voter Mélanchon lors des dernières présidentielles françaises. Mais c’est la Martinique qui l’intéresse au premier chef. On n’est pas surpris de le voir pourfendre la gouvernance de la CTM, alliance contre-nature de la carpe et du lapin, et, plus généralement, dénoncer « la lâcheté, l’évanescence morale de nombreux politiciens ». S’il s’abstient, en général, de nommer les personnes, il fait des exceptions remarquables pour Yann Monplaisir, personnification du capital honni, et, de manière moins attendue, pour Chamoiseau. Mais, dans ce cas, c’est l’architecte qui dénonce l’incompétent chargé de conduire l’opération du Grand Saint-Pierre.

Et Césaire dont le nom apparaît plusieurs fois, ami ou ennemi ? S’il le décrit quelque part comme « ce grand nègre éternellement debout devant un peuple assoupi », s’il le présente à l’égal de Gratiant comme un « sommet de la lutte anticolonialiste », l’auteur ne peut s’empêcher de regretter la « prudence pacifique de sa politique » et de remarquer que Césaire ne fut, finalement, qu’un « tentateur qui nous a fait rêver sans modifier la réalité ».

On n’attend pas d’un polémiste qu’il fasse preuve d’objectivité. Ainsi le voit-on, pêle-mêle, dénoncer l’éviction du dictateur Gbagbo, présenter contre toute logique l’élection de Marine Le Pen comme un risque réel, défendre Georges Tin (du CRAN) sans mentionner ses outrances, renvoyer aux analyses de la crise du CHU présentées par les syndicats sans évoquer leurs responsabilités dans ladite crise, nier toute participation des Noirs à l’esclavage et à la traite de leurs frères, assimiler par ailleurs les Martiniquais à des esclaves modernes, victimes de surcroît d’un génocide par substitution…

Au-delà de ces prises de position dont L. Cidalise-Montaise n’a pas le monopole, son livre est un appel au sursaut de la part des Martiniquais afin qu’ils ne se mobilisent plus seulement pour la défense de leur niveau de vie mais qu’ils deviennent enfin des personnes responsables et respectueuses l’une de l’autre. Comme disait Mandela : « Nous ne sommes pas encore libres ; nous avons seulement atteint le droit d’être libres ».

Lucien Cidalise-Montaise, Noir, la couleur qui tue, 2019, 242 p., 20 €. (Chaque chapitre précédé d’un proverbe créole).


Un Projet. Un Choix
Une tentative réussie et la sympathie de ceux et celles pour qui j’ai écrit ce livre. Quel bonheur ! Je tiens à dire MèCI aux Médias et aux Martiniquais qui malgré l’ambiance délétère qui nous entoure ont répondu PRESENTS.
Je les cite avec fierté.
Rudy Rabathaly rédacteur en chef FRANCE-ANTILLES
Roland Laouchez directeur KMT
Marie Denise Grangenois journaliste RADIO APAL
Fernand Papaya directeur JUSTICE
Katleen Bilas Coppet rédactrice en chef Via ATV
Roland Sabra , Michel Herland journalistes MADININ’ART
Marie-Line Ampigny directrice culture ville du DIAMANT
Olivier – Ernest Jean-Marie consultant

Il semble que les absents n’étaient pas équipés ! Et pourtant.
Lucien Cidalise Montaise
Diamant le 2 mai 2019