Moins de vitamines, moins d’antioxydants mais gluten surpuissant = appauvrissement alimentaire programmé

— Par Isabelle Mermin —

Cash investigation, sur France 2, montre comment les semences hybrides participent à l’appauvrissement en vitamines et antioxydants de nos fruits et légumes et comment les multinationales contrôlent les variétés, nous privant de la diversité du vivant.

Pour être commercialisée, une variété de fruits et légumes doit être inscrite, moyennant finance, à un catalogue officiel auquel se réfère le Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS).

Les producteurs désireux de fruits et légumes résistants, calibrés et stables se fournissent en semences hybrides auprès des multinationales Bayer-Monsanto, Corteva (ex-DuPont et Dow), Syngenta ou Limagrain. Ce système rend-il nos produits meilleurs? Non, comme le révèlent les référencements de l’Académie d’agriculture de France. Linda Bendali, qui signe une enquête fournie pour le magazine d’Élise Lucet, constate, entre 1960 et 2017, «une perte de 16% de calcium, de 27% de vitamine C et de près de 50% de fer, sur soixante-dix fruits et légumes». Le chef Olivier Roellinger, lui, fabrique ses semences maison (non certifiées, dites paysannes): «Les multinationales se sont approprié le vivant, le garde-manger de l’humanité. Pour entrer au catalogue officiel, la qualité nutritive et le goût ne sont pas des priorités».

À force de croisement privilégiant le rendement, 75% de l’agro-diversité a été perdue. Le magazine rappelle aussi comment la sélection d’un gluten surpuissant entraîne des intolérances alimentaires. Au-delà des semences, la production a sa part de responsabilité. Entre une culture de tomates en terre et hors-sol, Cash investigation note une perte de 72% de vitamines C, de 63% de calcium et de 56 % de polyphénols!

L’enquête va plus loin, révélant l’existence de semences de blé (enrobées de pesticides), non inscrites au catalogue officiel, mais facturées aux agriculteurs sous le terme d’ATSF (Assistance technique et savoir-faire). «C’est une marchandise apportée comme facteur de production», répond Jean-Christophe Gouache, directeur des affaires internationales chez Limagrain à Élise Lucet, qui lui révèle alors le salaire illégal et indécent de femmes indiennes travaillant aux champs de semence liés au groupe… Au terme de l’enquête, une réactualisation des critères de sélection et de contrôles des semences s’impose comme une évidence.


Alors que la nature se reproduit gratuitement, un kilo de semences hybrides de tomates jaunes vaut 400 000 euros, celui de tomates de base, 60 000 euros! La législation européenne vient d’autoriser les agriculteurs bios à vendre leur propre semence, mais en quantité limitée et selon des modalités restant à définir. Le débat qui suit portera sur cette question essentielle.

Source: LeFigaro.fr