Lycée Schoelcher : que faire ?

— Par Karl Paolo —
lycee_13Ce projet, évalué à 60 millions d’euros au stade des études et sans doute entre 70 et 80 millions non compris le lycée de transit ex-hôpital Victor-Fouche évalué à 35 millions d’euros) une fois les travaux achevés est-il toujours nécessaire ? Ce montant représente le coût des deux lycées Acajou II et Joseph-Zobel, construits il y a 25 ans, sur des terrains extrêmement difficiles qui ont nécessité de très gros travaux de terrassement.
La Collectivité Territoriale de Martinique peut-elle se permettre de consacrer à un seul lycée, autant de moyens financiers quand beaucoup d’autres (collèges et lycées), parsemés de containeurs aménagés en salle de classe, mériteraient de très sérieux efforts ?
L’ouverture de lycées autour de Fort-de-France et dans les communes au cours de 20 dernières années (Acajou I et II et Place d’Armes au Lamentin, Lycée de Bellefontaine, Lycée Saint-James de Saint-Pierre, Lycée Joseph Pernock du Lorrain, Lycée de Sainte-Marie, Lycée La Jetée au François, Lycée Joseph Zobel, Lycée Montgerald, Lycée Centre-Sud de Ducos) a progressivement réduit le flux d’élèves venant des communes, qui fournissait au moins la moitié des effectifs des lycées de Fort-de-France. A cela s’ajoutent les effets de la baisse démographique, laquelle entraine une réduction des effectifs qui frappent de plein fouet le 1er cycle du second degré qui se répercute en 2nde, 1ère et Terminale.
Compte tenu de ces éléments, dispose-t-on de suffisamment d’élèves, orientés en 2nde, afin de permettre le maintien, dans les 20 ans qui viennent, de 3 gros lycées de Fort-de-France, c’est-à-dire le Lycée Schoelcher, le Lycée de Bellevue et le Lycée Joseph-Gaillard.
Si la réponse est non, ce que je crois, la reconstruction du Lycée Schoelcher se traduira par un investissement de 60 à 80 millions d’euros non seulement inutile mais qui risque d’entrainer, à termes, la fermeture du Lycée Joseph-Gaillard, fréquenté par des jeunes en majorité issus des catégories populaires et laborieuses de la population.
Le tableau ci-dessous tente de répondre à cette question. Entre la rentrée 2008 et la rentrée 2015, les effectifs des classes de 3ème qui alimentent les classes de secondes des lycées généraux, technologiques et professionnels de Fort-de-France ont perdu 300 élèves. Cette chute va se poursuivre et même s’amplifier dans les années à venir.

effectifs-classes_3eme
Est-il possible de résoudre les difficultés présentées précédemment, en permettant une sortie par le haut, susceptible d’apporter un vrai plus au développement de la formation et de la qualification des jeunes Martiniquais.
L’idée principale est de maintenir le lycée Schoelcher en en faisant un lycée dédié exclusivement au post baccalauréat : classes préparatoires, BTS et licences professionnelles (en accord avec l’Université des Antilles), d’offrant aux étudiants obtenant le BTS et qui le désirent, une poursuite en Licence professionnelle qui fait largement défaut aujourd’hui. Un effectif de l’ordre de 600 étudiants-800 étudiants serait visé. En outre, l’internat d’excellence situé non loin du lycée Schoelcher (avenue Condorcet) le dispenserait d’en disposer. La pratique sportive se déroulerait sur le campus universitaire de Schoelcher.
Ce projet pourrait être mis en oeuvre en réalisant une opération tiroir, qui nécessitera de réduire les effectifs de l’actuel lycée Schoelcher, en n’y affectant plus d’élèves, à la rentrée 2016. N’y resterait cette année que des classes de 1ère et de Terminales, puis les seules classes Terminales à la rentrée 2017. Les travaux pourraient alors débuter. Les lycées Joseph-Gaillard et Bellevue suffiraient pour l’accueil des élèves, de la seconde en 2016 jusqu’à la terminale à compter de 2018.
Pour l’essentiel, les plateformes supérieures (anciennement utilisées comme internat) et inférieures accueilleraient les structures du nouvel établissement. La partie basse (actuelle entrée, bureaux, CDI, intendance, rotonde, etc.), visible de la route verrait sa tenue au séisme améliorée et deviendrait, à terme, un musée de l’éducation, ce qui permettrait de mettre en lumière Marius Hurard, président du Conseil général à 32 ans, député à 33 ans, qui, deux ans avant les lois de Jules Ferry, installa en Martinique l’école publique et laïque, créa le Lycée de Saint-Pierre en 1881 et le pensionnat colonial de jeunes filles en 1884.
Karl Paolo

 

Lire aussi du même auteur

La question du Lycéee Schoelcher : un révélateur du comportement de monsieur Alfred Marie-Jeanne