L’idéal présidentiel du candidat

— Par Roland Tell —

A un premier degré, les candidats appellent « programme » ce qu’il faut bien qualifier de modèle fictif, car dépouillé d’existence en soi-même. Plus que témoignage appelant l’existence pour une élection donnée, il s’agit seulement de la matière intelligible d’un politicien, dont le mystère, lui-même intelligible, n’est ni vu ni communiqué à l’esprit de l’électeur. Combien de manquements à la parole donnée, une fois la victoire obtenue ! La lumière objective des votes fait alors tomber les masques ! Regardez donc du côté des Etats-Unis d’Amérique, pour voir à quel point les réalités de la gouvernance actuelle font aujourd’hui abstraction de l’image prospective, exprimant alors l’Amérique idéale souhaitée, s’agissant tout au moins de la politique extérieure. On le voit bien, encore une fois : c’est l’histoire, qui façonne l’homme !
Alors, tous ces programmes, enveloppant toutes les diversités de la France, ne restent que des témoignages de la mouvance politique, dont ils proviennent, toujours selon le sens déterminé de l’histoire de la République française, et les orientations européennes spécifiques, nullement réductibles au néant, quoiqu’en disent certains candidats. Certes, des évolutions nouvelles peuvent survenir, mais intégrées dans la masse des fondements, des nécessités, et des forces du passé, afin de déterminer encore plus le citoyen français dans sa position existentielle, dans ce qui le constitue en propre, et dans sa richesse expansive au sein de l’Union Européenne. N’est-ce pas là que se situe l’idéal historique de tout citoyen français, suivant sa tendance, son inclination, sa liberté créatrice ?
Au point de vue où nous nous plaçons, du régime de civilisation, de la communauté d’intérêts matériels et moraux, au service du bien commun de tous les peuples qui s’y réfèrent, en Europe et en Outre-Mer, le vote présidentiel doit produire son effet contre tout repli identitaire, contre le populisme, et contre tout extrémisme outrancier, à vocation totalitaire. Même ici, depuis la Martinique, il y a une oeuvre humaine commune à accomplir, impliquant communication de soi, et action pour une fin vers un surcroît d’humanité, et pour tout Martiniquais, afin de se parfaire dans sa citoyenneté. Les conditions de réalisation de tels objectifs sont à portée du bulletin de vote : les expériences de racisme et de xénophobie ne doivent plus être recommencées, pas plus que les solutions expérimentales, ressortissant des philosophies totalitaires d’extrême-gauche. Enfin, la réprobation, ressentie devant les actes délictuels de tel ou tel candidat, implique l’abandon de ces derniers. Car la réprobation est la contrepartie de l’élection ! De ce fait, elle entraîne la déchéance morale et civique des dits candidats. Qu’ils soient laissés à leur sort de réprouvés !
Roland Tell