Lettre ouverte aux élus du congrès et à la Guadeloupe

L’UPLG, ayant été invitée à assister sans participer réellement au XVIème Congrès des Élus départementaux et Régionaux du 20 décembre 2019, a décidé de transmettre une lettre ouverte au président de région et aux élus du congrès. La forme qu’a prise cette invitation nous exclut et montre que les Élus pensent qu’ils peuvent, avec des personnalités qu’ils ont choisies, décider de l’avenir du pays.
L’UPLG, tout en restant persuadé que le règlement définitif de la situation anachronique que vit le pays Guadeloupe passe par l’accession à la pleine souveraineté, a durant toute son histoire été une force de proposition pour faire avancer le pays vers la responsabilité et la verticalité. Le congrès ne peut se soustraire de cette nécessité et nous attendons de nos élus qu’ils prennent toute leurs responsabilités face aux défis actuels. Le peuple guadeloupéen, empoisonné, méprisé, spolié racketté, écrasé doit trouver des hommes libres pour l’aider, le protéger, le défendre. Il doit trouver des leaders et des serviteurs capables de l’accompagner dans sa marche vers la sortie de l’assujettissement.
Nous attendons un signal fort de ceux qui prétendent le représenter, dans notre lutte pour notre droit à vivre et travailler dans notre pays, dans notre lutte pour notre santé, dans notre exigence de réparation face à l’empoisonnement au clordécone, à la dilapidation de nos ressources, au pillage de l’argent des usagers de l’eau par les multinationales.

Fait à Pointe-à-Pitre le 18 décembre 2019.

Le Secrétaire Général, Gaston SAMUT

Pointe-à-Pitre Le 18 décembre 2019

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LETTRE OUVERTE aux élus du congrès et à la Guadeloupe

S’engager dans la voie de la responsabilité


Quatre mois après le 15ème Congrès des Élus de la Guadeloupe, après des engagements des élus de tous bords, d’œuvrer pour construire ensemble une démarche pour porter la Guadeloupe vers plus de responsabilité, le silence actuel est assourdissant. Nous terminions notre intervention par ces propos ; « nous espérons sincèrement que ce Congrès peut être l’amorce d’un renouveau. Il ne doit pas être connecté à la réforme constitutionnelle de la France. Il doit être le Congrès de la Guadeloupe pour la Guadeloupe. La Nation guadeloupéenne n’a pas besoin de différenciation mais de décolonisation. Nous souhaitons que vous puissiez vous engager dans une vraie démarche vers l’accession à plus de responsabilité, au service de la Guadeloupe donc de nous-mêmes. »

Pourtant

L’empoisonnement des Guadeloupéens continue. Le pourrissement de la vie par le manque d’eau et l’accumulation de poisons de toutes sortes s’accentue. Le chômage et l’expatriation gangrènent l’ensemble des forces vives. Chaque semaine, un nouveau scandale est mis à jour : élus, fonctionnaires, associations, chefs d’entreprise. La grève au Centre hospitalier universitaire de PAP a été le point d’orgue d’une démission de l’état. Sans la ténacité des travailleurs et de leurs syndicats accompagnée d’un sursaut des Guadeloupéens qu’en serait-il du CHU ?

Aujourd’hui certains s’élèvent au gré de leurs intérêts personnels de l’attitude du Préfet, nous rappelons notre propos en ces termes au 15eme Congrès

« Comment pouvons-nous encore accepter l’arrogance et le mépris d’un préfet de passage qui n’est présent sur notre territoire que pour rabaisser les Guadeloupéens et leurs élus ? »

La liste des mis en examens ; de révocations ; de suspensions n’est pas finie. Des problèmes de gestion et des soupçons de malversation au sein de plusieurs structures d’hébergement de personnes dépendantes ou encore de structures para municipales ou régionales tel le Mémorial Acte donneront à ce fonctionnaire l’occasion de régler au pas le pays. Les multiples incidents et affronts à votre encontre, vous élus, vous confirment une fois de plus la nature de nos relations avec La France et la « grande considération » qui vous est due, et par la même, au peuple Guadeloupéen . Nous vivons une double humiliation la vôtre ensuite la nôtre par vos atermoiements. Vous nous imposez cela sans remords sans cris, gavés que vous êtes de pseudo pouvoirs. Indignez-vous en vos noms propres et au nom du pays Guadeloupe.

L’état sanitaire de la Guadeloupe est de plus en plus inquiétant. Les eaux de baignade ou apprennent à nager des enfants sont douteuses. Les stations d’épuration polluent sols et nappes phréatiques. l’exemple de Pliane à Gosier est édifiant.

Un maire déclare sous serment à une commission d’enquête parlementaire la présence de chloredécone sous un établissent scolaire et on ne s’en inquiète même pas.

Notre pays se complait dans l’assistanat. Il peut mobiliser plus de 15 000 signatures contre les radars tourelle mais est incapable de mobiliser 500 pochettes de sang pour sauver les vies, en particulier victimes des griffes de la route.

L’accès aux marchés publics pour les petites entreprises devient encore plus contraignant avec les nouvelles procédures mises en place. La technicité des procédures mettant en grande difficulté l’ensemble des micros entreprises et l’artisanat.

La montée de l’extrême droite en Guadeloupe avec des actions de plus en plus musclées est un signe avant-coureur de catastrophe. Des interventions violentes, anonymes et organisées émaillent le quotidien.

L’ensemble de la classe politique et des représentants perd en crédibilité à garder le silence. Un silence complice . Un silence complice aussi de nous autres, femmes et hommes de Guadeloupe.

N’est-il pas temps de se réveiller de notre torpeur et de commencer à agir en responsables ?

Les belles déclarations du dernier congrès ont vécu. La Guadeloupe ne peut plus attendre. L’accumulation des difficultés conduit à l’indigestion. Nous n’en pouvons plus et devons agir pour arrêter la descente dans les abysses.

Mesdames et messieurs les élus du congrès

Huit « considérants » introduisaient la première résolution ; celle relative à la gouvernance locale.

La deuxième concerne la méthode qui appelait  «  la mise en place dès le mois de juillet 2019 d’une commission ad hoc mixte composée à parité d’élus du conseil régional et du conseil départemental, avec les parlementaires l’Association des maires, faisant appel à l’expertise locale reconnue et soutenue par une démarche délibérative, devant donner lieu à un appel à contributions des partis et des corps organisés ainsi qu’une large participation des citoyens »

A quel stade en sommes-nous ?

Deux opérations tentent de recueillir des avis à l’initiative de la commission Ad Hoc ;

Vous nous invitez sur internet à un forum entre le 7 et le 19 décembre 2019 intitulé « Bay grenn sèl a zot » concernant l’évolution de la gouvernance de la Guadeloupe que vous déclinez sur sept thématiques.

Sérieusement25 % d’illettrisme et 40% de fracture numérique permettront-ils un forum sincère ? C’est une supercherie, un « vèglaj » de plus. Le clou, c’est que vous nous invitez à réfléchir sur une politique de « différenciation ». Vous êtes incorrigibles, sourds et aveugles. Nous n’avons pas besoin de différenciation mais de responsabilité.

Le grand forum citoyen du 04 décembre 2019, une grande messe partagée avec qui sinon avec vous-mêmes.

Il ne s’agit pas de répondre à une organisation qui sait depuis tantôt la conduite à tenir pour changer la donne, mais de répondre à tous les silencieux qui souffrent, à tous les sans voix qui hurlent en silence d’avoir cru en vous.

Nous vous invitons à vous mettre du côté du peuple guadeloupéen dans sa lutte pour son droit à vivre et travailler dans son pays, dans sa lutte pour sa santé, dans son exigence de réparation face à l’empoisonnement au clordécone, à la dilapidation de ses ressources, au pillage de l’argent des usagers de l’eau par les multinationales françaises opérant en Guadeloupe dans ce secteur.

Nous vous invitons à rompre avec les rapports de subordination face aux experts et aux cadres français qui se sont compromis et disqualifiés dans toutes les affaires qui empoisonnent la vie des Guadeloupéens. A apprendre à être des élus propres pour commencer à sortir le pays de la sujétion coloniale.

Nous vous invitons à faire preuve de courage et de clairvoyance car à force de brutaliser la population, un jour elle se déchainera et risque d’utiliser des moyens sans mesure pour se faire entendre.

Nous savons que nos demandes imposent la révision de nos rapports avec l’état français et l’Europe. Engagez-vous y donc et sans peur car le pays est capable de se mobiliser pour mettre un terme au mépris de l’état, à l’arrogance de ses fonctionnaires et à l’apathie des élus.

Que cette réunion vous soit utile et vous oblige à toute la lucidité nécessaire pour le pays.

Pour l’UPLG

Le secrétaire général

Gaston SAMUT