Les trois piliers de la reconstruction de la Martinique d’aujourd’hui

— Par Jean-Pierre Maurice —

URGENCE ABSOLUE.

Cette formule choc pourrait bien résumer la physionomie de notre île que les dernières élections aux résultats extrêmes ont propulsée sur la scène de la crise démocratique. Car plusieurs scandales financiers, détournements de fonds, ont renforcé dans la population le manque de confiance vis-à-vis d’un système où personne n’est puni. C’est ainsi que l’un des meilleurs analystes du pays Martinique, Eddie Marajo, a publié dans son magazine Business News, 8 ou 9 pages de texte révélateur, sous le titre « l’urgence absolue avant la prochaine émeute. »

CHANGER LA DONNE. C’est que la situation n’est pas tenable à terme. On voit encore tant des choses qui ne sont pas acceptables. Distribution de l’eau, transports, traitement des eaux usées, urbanisme, traitement des déchets… Dans bien des domaines, sous les prétextes les plus divers, les règles ne sont pas respectées. Et cette situation crée des désordres individuels et collectifs dont les victimes sont plus que jamais dans l’attente de justice face à des acteurs laissés sans contrôle. La Martinique souffre de son manque de fermeté. Il faut donc changer la donne. La Martinique doit se reconstruire. Se reconstruire en tournant le dos aux préjugés si bien décrits par l’écrivaine Maya Angelou : « Les préjugés sont un fardeau qui embrouille le passé, menace l’avenir et rend le présent inaccessible ».

L’URGENCE DE L’ESSENTIEL. Certes, la force d’un pays lui vient de son dynamisme. Mais nous ne pouvons plus nous contenter de gérer les crises en attendant que cela passe. C’est que d’autres dangers sont plus sournois, mais ils n’en constituent pas moins une menace redoutable : je veux parler des dangers du non-respect de l’éthique de la part des personnels politiques. C’est là un mauvais exemple et une cause de défiance de la part de la population.

En réalité, pour nous permettre de répondre aux vrais défis qui nous attendent, la Martinique a besoin de trois piliers qui sont l’intelligence, la raison et l’éthique : L’intelligence de ne nous enfermer dans aucune idéologie politicienne.

La raison pour ne choisir que des solutions réellement utiles à la population. L’éthique-le respect de valeurs (morales et républicaines), éthique sans laquelle aucune reconstruction ne sera réellement possible.

C’est là l’urgence de l’essentiel.

« A force de traiter l’urgence aux dépens de l’essentiel, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel ». Edgar Morin

Illustration : Rocher surnommé Les Sept Piliers de la Sagesse dans le Wadi Rum.