— RS n° 426 lundi 22 décembre 2025 —
La réflexion sur les municipalités et les campagnes municipales du passé, doit nous servir à sauver ce qu’il y a de meilleur dans les divers héritages, nous aider à se débarrasser des tares du passé et du présent, nous permettre de confronter ce legs d’expériences aux impératifs des temps présents et à venir.
Des choix politiques adaptés à l’échevon municipal
L’échelon municipal est celui qui met le plus immédiatement au contact des problèmes du quotidien. C’est là que le rapport de proximité est le plus évident entre la population et les élu·e·s.
Si l’on s’en tient aux institutions politiques, la commune comme la ville, doit être l’instance première de résistance à la politique scélérate des classes dominantes et de leurs divers relais. Les traditions d’identification aux masses laborieuses, sur le plan social, et de résistance au colonialisme sur le plan politique, sont un patrimoine précieux qui doit nous écarter des discours aseptisés de la neutralité dans la lutte de classes, de la prétention trompeuse de représenter aussi bien les exploiteurs et les dominants que les exploités et les dominés, au féminin comme au masculin.
Au lieu d’équipes municipales qui nous promettent « d’aller chercher l’argent » sans nous dire ni où, ni comment, nous avons besoin d’équipes appelant les masses à mener le combat face à l’État et au Capital pour arracher les moyens financiers d’une politique en faveur du plus grand nombre. Il ne s’agit certes pas de prétendre réaliser le socialisme dans un îlot communal, mais de contribuer un tant soit peu à la redistribution pour plus de justice sociale.
Le problème des municipalités défaillantes concernant la recherche des moyens financiers n’est pas lié d’abord à un manque d’imagination, d’envie ou de compétence. Il découle du refus de certain·e·s de se positionner dans les affrontements de classes traversant la société. Dans la politique municipale, comme ailleurs, on est du côté du peuple, ou du côté de la bourgeoisie ; et non de « tout le monde ».
Un autre modèle productif
Les idéologues des classes privilégiées nous répètent : vous ne pensez qu’à la redistribution et pas à la production qui en est la condition. Ce faux-procès ignore une chose, c’est qu’en matière de production aussi, il faut choisir entre deux orientations. La nôtre, c’est une production organisée et répondant aux besoins de la majorité avec des méthodes qui ne la sacrifient pas. La production socialiste que nous voulons, ne se réalisera pas dans le cadre du capitalisme. Mais attendre son renversement sans mettre en place, dès que possible, des formes de production qui se soustraient à la tyrannie du marché capitaliste, c’est retarder ce renversement.
La ville est un des lieux où ces formes de production doivent être mises en œuvre. Les régies municipales publiques, les coopératives ouvrières de production, les sociétés publiques locales, les sociétés coopératives d’intérêt collectif (associant coopératives et collectivités publiques) peuvent être réalisées à l’initiative, et avec l’aide des municipalités. Elles peuvent intervenir dans des domaines essentiels pour la population : l’eau, l’énergie, les transports, la santé, le logement, la culture, l’artisanat, l’agriculture, la pêche.
Rentabilité à long ou moyen terme sont parfaitement compatibles avec l’intérêt général. Les procédures de contrôle populaire doivent être des outils efficaces contre la corruption, la gabegie, le laxisme.
Le peuple comme acteur essentiel
Notre insistance sur le contrôle est liée à notre conception du rôle des masses dans la politique municipale.
Beaucoup de gens veulent agir « pour le peuple ». Bien peu indiquent concrètement comment le peuple peut prendre ses affaires en mains dans la ville et dans le pays. Même lorsque certains vont jusqu’à affirmer cette nécessité, ils ne s’engagent pas à mettre en place les mécanismes le permettant. Ici et là, on a vu surgir des « conseils de quartiers » au fonctionnement épisodique et au rôle purement consultatif sur des sujets non essentiels.
Dans notre conception, les conseils de quartiers doivent être saisis de l’acte majeur de toute collectivité : le vote du budget. Avec l’aide des technicien·ne·s de la ville, le peuple doit pouvoir se prononcer sur les choix budgétaires, c’est-à-dire sur les priorités, les équilibres, les calendriers. Il est possible et nécessaire d’avancer vers la décision sur les grandes masses du budget par le peuple lui-même. Cela doit se combiner avec la pratique des votations populaires sur les questions posant problème. Les municipalités peuvent s’engager à en respecter les résultats à partir d’un certain niveau de participation après une campagne suffisante.
À suivre.
La preuve par Sarkozy
Un homme politique, ancien président de la république, multirécidiviste, est condamné pour des affaires tournant autour de la probité, du respect des règles touchant à la protection du bien commun. Il est envoyé en prison pour une de ces affaires où il est question de délit commis « en bande organisée ».
On pouvait naïvement s’attendre, sinon à un profil bas des médias du grand capital, si impitoyables pour la délinquance ordinaire, du moins à une certaine retenue. Au contraire. On a eu droit à des hurlements indignés contre une justice qui a osé appliquer la loi à un de ses auteurs ou inspirateurs !
L’homme publie le « Journal d’un condamné ». Et, le voilà célébré par la meute de ses partisans, dont la parole rencontre à nouveau le porte-voix puissant des médias aux ordres.
Voilà qui nous montre que si le fascisme n’a pas gagné la France, les prémices avancent !
France : rustines ou autre modèle
Avec la crise et les difficultés que connait l’économie française (multiplication des fermetures d’entreprises, des licenciements de salarié·e·s, vie chère…), on note qu’un certain nombre d’apologistes de celle-ci, sont moins bavards, fanfaronnent moins, et s’inquiètent de sa dégradation. Et si certains, très inquiets, envisagent comme réponse à cette capilotade, des solutions de type protectionniste (taxes et barrières diverses) à l’instar de celles prises par les États-Unis face à la concurrence chinoise, c’est bien de limitation des dégâts, dont il s’agit pour eux en attendant… les effets de l’hypothétique réindustrialisation du tissu économique français !
Mais, ne l’oublions pas. Ce sont bien les dirigeants politiques de droite d’abord, et de gauche libérale ensuite, les économistes orthodoxes, les médias dominants, les influenceurs soumis…, qui avec le soutien de l’État, sont à l’origine, de l’affaiblissement du capitalisme français – économie dominante de second rang – avec l’application, depuis les années 1990, de la doxa de la «concurrence libre et non faussée ». Une doxa qui a conduit, par choix délibéré et pour les intérêts des puissances économiques dominantes françaises, à réaliser des délocalisations vers les pays à faible coût de main d’œuvre, induisant ainsi la désindustrialisation de la France.
Dès lors, si certain·e·s d’entre eux tempêtent contre la crise politique responsable selon eux des problèmes économiques, il faut répondre nettement que celle-ci est la conséquence de la crise du fonctionnement du capitalisme, et de sa logique propre, à savoir que les plus puissants éliminent les plus faibles. Rien de plus, et qu’en outre, ils et elles devraient se souvenir que pour la recherche de superprofits, ce sont notamment leurs politiques de délocalisation d’hier notamment, qui ont élargi la brèche du déclin. Une chose évidemment qu’aucun des partisans du libéralisme forcené ne peut entendre, et qui les amène à vouloir imiter certaines des mesures prises par Trump, avec le risque d’autres détériorations plus graves qu’aux États-Unis.
Parce qu’aujourd’hui, la classe dominante française craint pour la survie de sa poule aux œufs d’or, et qu’une fraction de celle-ci est déjà prête à envisager pour ses intérêts, la carte de l’extrême droite (RN et autres), une tout autre réponse doit être apportée.
Nullement des rustines du genre taxes sur les importations, agrocarburants, énergie biomasse…, mais des réponses radicales à caractère démocratique, anticapitaliste, écologique, féministe, internationaliste pour satisfaire les besoins fondamentaux de la majorité sociale. Ce qui nécessite, comme l’indiquent nos camarades du NPA en France, la construction d’un projet politique global alternatif ciblant les intérêts du plus grand nombre.
