Les consulats en Martinique

— Par Sébastien Perrot-Minnot, Consul Honoraire du Guatemala à Fort-de-France

La Martinique a accueilli des consulats dès le XVIIIe siècle, alors qu’elle revêtait des enjeux géopolitiques et économiques majeurs. A l’époque, la Grande-Bretagne et les jeunes États-Unis d’Amérique ont envoyé des consuls à Saint-Pierre, le « Paris des Isles ».

Depuis, en Martinique, des missions consulaires ont été ouvertes ou fermées, renforcées ou réduites, et déplacées, au gré du contexte historique, des intérêts des États concernés, ou tout simplement, de la disponibilité de personnes pouvant assurer le fonctionnement des postes (en sachant que sur le territoire, la plupart des consuls étaient et sont toujours honoraires). Notons qu’avant l’éruption de la Montagne Pelée le 8 mai 1902, la majeure partie des consulats était basée à Saint-Pierre ; mais après la catastrophe, ils ont tous été installés ou rattachés administrativement à Fort-de-France.

L’histoire du consulat des États-Unis illustre bien cette histoire changeante : établi à Saint-Pierre dès 1790, il a été fermé quatre ans plus tard (alors que la Martinique commençait à être occupée par les Britanniques), rouvert en 1815, transféré à Fort-de-France en 1902 après la destruction de Saint-Pierre et la mort des fonctionnaires américains qui y étaient affectés, organisé en consulat général et finalement fermé en 1993, malgré la mobilisation d’élus martiniquais et du gouvernement français pour essayer d’éviter un tel dénouement. Le Département d’État américain a justifié cette fermeture par des contraintes budgétaires. Les États-Unis ont toutefois maintenu une présence consulaire en Martinique.

D’autres pays avaient un consulat sur l’île par le passé, mais n’en ont plus aujourd’hui. C’est le cas, par exemple, de La Barbade, d’Haïti, de la République Dominicaine, du Panama, de la Colombie ou encore du Venezuela, dont le consulat général a été fermé en 2019 au terme d’une histoire de 178 ans.

Actuellement, on compte 17 postes consulaires en Martinique. Ils comprennent un consulat général (celui de Sainte-Lucie), quinze consulats confiés à des consuls honoraires (ceux d’Allemagne, de Belgique, du Bénin, du Brésil, du Danemark, de la Dominique, d’Espagne, du Guatemala, d’Italie, du Mexique, de Norvège, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, des Seychelles et de Suisse) et une agence consulaire (dépendant de la section consulaire de l’Ambassade des États-Unis à La Barbade). Le consulat le plus récent est celui du Brésil, créé l’année dernière.

Ces 17 missions ont différents types de tutelle institutionnelle, mais la plupart dépendent d’Ambassades parisiennes. Elles ont, en outre, des circonscriptions diverses, pouvant couvrir la Martinique seulement, plusieurs territoires des Antilles voire la Guyane.

Le Corps consulaire basé en Martinique est généralement discret, mais il joue un rôle essentiel dans les relations que la collectivité entretient avec le reste du monde. Nommés par des chefs d’États étrangers et autorisés à exercer par le président de la République française, en vertu de la Convention de Vienne sur les relations consulaires (1963), les consuls sont chargés, dans leur circonscription, de servir les intérêts de leur État accréditant respectif, de porter assistance à ses ressortissants le cas échéant, et de favoriser le commerce, les échanges et la coopération. Néanmoins, il convient de souligner qu’ils n’ont pas le statut diplomatique ni le rôle politique d’un ambassadeur.

Concernant les consuls honoraires, je citerai un passage d’un article que j’ai consacré à leur institution (Madinin’Art, 05/04/2020 : https://www.madinin-art.net/quest-ce-quun-consul-honoraire) :

« Tout d’abord, comme son nom l’indique, le consul honoraire exerce ses fonctions sans percevoir de rémunération à ce titre – il peut bénéficier, éventuellement, d’indemnités, de remboursements et de subventions de l’État qu’il sert, et de la totalité ou d’une partie des droits de chancellerie encaissés par son poste. D’un autre côté, en dehors de ses fonctions consulaires, il a le droit d’exercer une activité professionnelle ou commerciale, ce qui est formellement interdit aux consuls de carrière.

« On ajoutera que le consul honoraire n’a pas reçu la formation spécialisée de son collègue de carrière, qu’il n’a pas été recruté par voie de concours, qu’il a habituellement été choisi parmi les habitants du pays de résidence, et qu’il n’a pas forcément la nationalité de l’État d’envoi. C’est pourquoi ses responsabilités sont moins étendues que celles des consuls de carrière -quoiqu’elles soient loin d’être négligeables – et ses immunités et privilèges sont aussi plus limités, se rapportant strictement à l’exercice de ses fonctions. »

A ce jour, les responsables consulaires de Martinique ne sont pas organisés en association, mais ils maintiennent néanmoins une communication entre eux, et se retrouvent parfois dans des activités officielles ou culturelles, ou des réunions informelles.

Pour le reste, bien d’autres consulats, établis ailleurs aux Antilles françaises ou à Paris, ont la juridiction sur la Martinique. Dans la région antillaise, au moment où j’écris ces lignes, les consulats du Canada, d’Haïti, de République Dominicaine et de République Tchèque en Guadeloupe, et celui de Suède à Saint-Barthélemy, ont « l’île aux fleurs » dans leur circonscription.

Comment va évoluer le Corps consulaire en Martinique ? Il est difficile de répondre précisément à cette question, la situation dépendant de nombreux facteurs, et étant soumise à des aléas. Cela dit, on peut raisonnablement supposer que de nouveaux consulats vont être ouverts dans la collectivité, dans les années à venir.

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