Les 1 % les plus riches émettent deux fois plus de carbone que la moitié la plus pauvre de l’humanité

Selon les estimations de l’ONG Oxfam, les 1 % les plus riches seraient responsables de plus de 15 % des émissions de carbone cumulées entre 1990 et 2015… soit deux fois plus que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Explications.

— Par Morgane Russeil-Salvan —

Pour la calotte glaciaire arctique, le point de non retour aurait été franchi. Le 13 août, plusieurs scientifiques publient un article dans la revue Communications Earth and Environnement. Selon eux, la banquise continuerait à rétrécir “même si le changement climatique s’arrêtait aujourd’hui”, car les chutes de neige ne compensent plus les pertes de glace.

Aux États-Unis, la côte ouest est ravagée par d’immenses incendies depuis la mi-août. L’intensité de ces incendies serait “des dizaines à des centaines de fois plus intense que la moyenne sur la période 2003-2019 sur l’ensemble des États-Unis”  selon le service de surveillance de l’atmosphère Copernicus. 

Les conséquences du réchauffement climatique se révèlent de plus en plus pressantes et menaçantes pour l’ensemble de l’humanité. Pourtant, les émissions de gaz à effet de serre ne faiblissent pas : entre 1990 et 2015, la quantité de carbone rejetée dans l’atmosphère a doublé. Et ces émissions seraient en grande partie liées au mode de vie des plus aisés. 

Le nouveau rapport d’Oxfam, réalisé en partenariat avec le Stockholm Environment Institute, estime que les 10 % des plus riches de l’humanité ont été à l’origine de 52 % des émissions de gaz à effet de serre cumulées entre 1990 et 2015.

Un tiers du « budget carbone » de la planète déjà consommé par les plus riches

La frange des ultra-riches, les fameux 1 % des plus aisés de l’humanité, représentent quant à eux plus de 15 % de ces émissions cumulées. Ils ont donc produit, entre 1990 et 2015, plus de carbone que l’ensemble des citoyens de l’Union Européenne, et deux fois plus que la moitié la plus pauvre de l’humanité.

Les inégalités sont telles qu’elles menacent de rendre inatteignable l’objectif fixé par l’Accord de Paris. Le traité de 2016 impose de maintenir le réchauffement de la planète sous la barre des +1,5°C afin d’éviter l’impact d’une crise climatique non-contrôlée. Un budget carbone mondiale – c’est à dire la quantité de gaz à effet de serre pouvant être émise sans mettre en péril cet objectif – y était défini… Or les 10 % les plus riches de la planète auraient déjà consommé 31 % de ce budget mondial.

La moitié la plus pauvre de l’humanité, quant à elle, ne l’a qu’à peine entamé : elle aurait consommé 4 % de ce budget carbone au cours des 25 dernières années. Selon Oxfam, les 10 % les plus riches pourraient épuiser ce budget à eux seuls dès 2033.

Ces inégalités sont repérables à l’échelle mondiale et n’épargnent pas la France. Sur la période 1990-2015, les 10 % des Français les plus riches ont émis plus d’un quart des émissions cumulées de CO2 (27 %), soit presque autant que la moitié la plus pauvre de la population française (28 %). L’empreinte carbone moyenne des 1% tricolores est également 13 fois plus élevée que celle des 50 % les plus pauvres (50,7 tonnes de CO2 par an contre 3,9 tonnes de CO2). Si vous êtes curieux de connaître la votre, vous pouvez utiliser cet outil.

Source : Wedemain.fr