Le Prêcheur, symbole de la montée des eaux qui ronge le littoral de Martinique

Le Prêcheur (France) – « Peut-être qu’à la prochaine houle, ces gens-là seront obligés de laisser leur maison », soupire Jean-Guy Gabriel, marin-pêcheur au Prêcheur, au nord-ouest de la Martinique, symbole de la menace pressante de la montée des eaux sur l’île.

Dans le quartier de la Charmeuse, les dernières houles ont détruit l’enrochement érigé par l’homme pour protéger les habitations et retarder le plus possible l’arrivée de la mer.

Le phénomène naturel s’est accéléré: le niveau de la mer s’élève en moyenne de 3,5 mm par an en Martinique, selon les derniers chiffres du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), contre 2,5 mm il y a une dizaine d’années.  

« A horizon 2090-2100, la Martinique devrait perdre 5% de son territoire par rapport au seul phénomène de l’élévation du niveau de la mer, avec l’apparition également d’ondes de tempêtes qui vont exacerber la force de pénétration de la mer à l’intérieur des terres« , souligne le géographe Yoann Pélis.  

Jean-Guy Gabriel a grandi au Prêcheur, qui compte 1.200 habitants. Il a connu une époque où la fête communale avait lieu devant la plage de la Charmeuse. Aujourd’hui il n’y a que la mer, qui a grignoté plus de 60 mètres de plage entre 1947 et 2010.  

A bord de sa yole, l’Agoulou, il contemple amèrement l’avancée inéluctable de la mer sur sa ville natale. Il longe la côte, à toute vitesse, où les feuilles rouges des flamboyants détonnent avec le vert luxuriant de la végétation tropicale.  

« Ici, avec le cocotier, c’est chez moi« , pointe-t-il du doigt. Sa maison aux murs jaunes, coin d’ombre face à la mer des Caraïbes est aujourd’hui au bord de l’eau. « Là-aussi, la mer a récupéré l’enrochement. Il y a deux ans encore, les pêcheurs pouvaient encore passer avec leur pickup. »  

– « Il y avait des maisons » – 

Le recul le plus visible est à Anse Belleville, où le trait de côte a reculé de plus de 130 mètres en 60 ans.  

« Là, dans les années 1950, c’était un village totalement aménagé sur la frange littorale, jusqu’à à peu près 100 mètres en mer« , se souvient le maire du Prêcheur, Marcellin Nadeau, sur la jetée le long de la mer. « Il y avait des maisons, des commerces, tout ce qui fait la vie d’un village« . Des cabines de pêcheurs sont désormais sous l’eau…

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