Le pouvoir féodal des élus roitelets chancelle

— Par Robert Saé —

feodaliteIl est bien loin le temps où le maire d’une commune pouvait régner en autocrate sur son domaine. Ce temps où la population était contrainte d’afficher ou de simuler sa soumission aux autorités en place, ce temps où les opposants étaient honteusement persécutés, ce temps où les élus roitelets contraignaient les employés municipaux à être, en premier lieu, des rabatteurs électoraux où, pire, des exécuteurs de basses œuvres.

Il faut rendre grâce à ces militants syndicaux qui sont parvenus, il y a une vingtaine d’années, à organiser les travailleurs des collectivités pour qu’ils défendent leurs droits, sécurisent leur statut et s’émancipent de la tutelle des élus.

A l’occasion des prochaines élections à la CTM, nous vivons une situation absolument inédite : la presse parle de « l’éclatement des conseils municipaux ». En effet, dans de nombreuses communes des membres de conseils municipaux faisant partie de la majorité, déclarent soutenir des listes différentes, parfois à l’opposé de l’échiquier politique. C’est même devenu l’objet d’une bataille entre les politiciens adeptes de l’alternance. C’est à qui brandira le plus de prises de guerre réalisées chez l’ennemi !

En réalité, nous assistons là à une évolution que beaucoup mésestiment. S’il est vrai que nombreux retournements de veste peuvent s’expliquer par la quête opportuniste de place éligible, cet « éclatement des conseils municipaux » traduit une nouvelle avancée dans la remise en cause du pouvoir féodal que détenaient les élus jusqu’alors. De même que les travailleurs municipaux se sont, pour beaucoup, émancipés de la tutelle des maires, les membres des conseils municipaux s’en libèrent aujourd’hui.

Ne plus accepter d’obéir aux consignes qu’un maire entend imposer au prétexte qu’on a accepté de faire partie de son équipe municipale, cela constitue un progrès pour la vraie démocratie.

Bien sûr, face à cette nouvelle dynamique, on trouvera encore des maires féodaux prenant des sanctions contre les « dissidents», des fanatiques prêts à tous les excès pour défendre leur leader et leur chapelle. Mais le mouvement est inéluctable.

La circulation de l’information, la prise de conscience des enjeux et de l’urgente nécessité de porter de vraies solutions conduiront de plus en plus à refuser les consignes d’élus ou de partis quand on ne les approuve pas, pour choisir selon ses convictions et ses véritables intérêts.

C’’est, en tout cas, la seule voie qui permettra notre émancipation en tant que personne humaine et en tant que peuple.

Robert SAE

31/10/2015