« Le portrait de Dorian Gray » ; texte d’Oscar Wilde, adaptation et m.e.s. Thomas Le Douarec

— Par Dominique Daeschler —

Dorian Gray, seul roman d’ Oscar Wilde constitue, pour Thomas Le Douarec, adaptateur et metteur en scène la base dramatique de toute son œuvre théâtrale couronnée de succès. Le dandy Wilde dit beaucoup de lui à travers les personnages masculins du roman : il se souhaiterait la grandeur d’âme du peintre Basil, aimerait plonger dans la vie dissolue et perverse de Dorian, se sent jugé avec le cynisme d’ Harry. Le bel esprit, condamné à deux ans de travaux forcés après un procès pour »indécence et sodomie » mourra dans la misère. Du roman très dialogué, Thomas Le Douarec a fait une adaptation vive, où le plaisir des tournures et des mots choisis semble nourrir le jeu des personnages autant que le plaisir des spectateurs.

Un jeune homme fortuné (Dorian) commande à Basil le peintre un portrait qui aura la particularité de vieillir et d’imprégner sur la toile la descente aux enfers de Dorian, alors que celui-ci ne vieillira pas, dans l’ombre Harry un grand manipulateur peu ou prou méphistophélique…La roue tourne, Dorian très mondain est chouchouté par la société et ose tout (mariage noble …), une seule restriction : son tableau reste recouvert d’un voile , interdit à la vue…Tout basculera, Basil paiera de la mort la constance de son attention à Dorian, Harry avec la conscience du temps qui passe cherchera un autre homme jeune à manipuler et à détruire.

La mise en scène, classique, est un peu dans l’esprit de ce que disait Blin : « la mise en scène c’est ce qui ne se voit pas » Traduction : c’est une habileté qui donne de la fluidité au jeu que le public ne manque pas de partager. Ce portrait de Dorian Gray, créé il y a plus d’une vingtaine d’années par Le Douarec, repris dix ans plus tard, transformé un temps en comédie musicale, a le bon feeling de l’expérimenté sans tourner au cabotinage et c’est un plaisir de sentir des acteurs comme des poissons dans l’eau. Saluons le trio Fabrice Scott, Mickael Winum, Thomas Le Douarec d’avoir aussi posé, comme une tasse de thé sur le guéridon d’un salon mais dans une lecture d’aujourd’hui les problématiques de la domination et du rejet.

Théâtre des lucioles. Du 5 au 26 juillet. 16h10. Reläche les mercredis.