Le petit tour aux colonies antillaises de Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer

—  Le n°256 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

24h en Guadeloupe, 24h en Martinique. Jean-François Carenco, en coup de vent, était venu nous dire combien « la France aime les outremer» !

Quelques heures consacrées aux syndicats, histoire de jauger ceux à qui il aura affaire, vues les  attaques ciblées de la Macronie.

 Nous avons choisi pour l’occasion, de reproduire la déclaration de la C.D.M.T. envoyée à la presse. Elle fait un tour d’horizon des défis qui, en réalité, attendent le mouvement populaire.

La C.D.M.T. salue comme une courtoisie démocratique de bon aloi, l’invitation faite aux organisations syndicales à une rencontre avec J-F Carenco. Elle ne se fait cependant, aucune illusion sur la politique qui sera menée par un gouvernement dont la composition même évoque une manière de conseil d’administration du grand capital, sil n’est confronté à un très puissant mouvement social.

Un gouvernement, qui aurait à cœur de poser sérieusement les problèmes des couches laborieuses de la population, n’aurait aucun mal à définir une feuille de route. Il lui suffirait de tenir compte de la gravité spécifique des problèmes qui nous assaillent.

Gravité spécifique du problème nommé chlordécone : la C.D.M.T. réclame la punition des coupables, la justice et les réparations.

Gravité spécifique du problème des sargasses, dont les causes sont ailleurs, mais dont les effets chez nous sont désastreux, et appellent des mesures connues.

Gravité spécifique du problème des soignants, et des autres personnels non vaccinés dont la réintégration serait une mesure d’apaisement et de bon sens pour le bien de la population.

Gravité spécifique du problème des inégalités sociales, dont l’ampleur héritée d’un « passé qui ne passe pas », renferme des risques d’explosions incontrôlées.

En 2009, sans guerre en Ukraine, le pouvoir reconnaissait qu’il fallait au moins 200 euros de plus qu’en France, et une baisse de 20% sur le prix des produits de première nécessité. Le sabotage dans l’application de ces mesures entraîne la nécessité de les rééditer en les améliorant par la négociation.

La particularité du tissu des entreprises chez nous – essentiellement composé de TPE (très petites entreprises) , impose que la hausse nécessaire des salaires et des minima sociaux, soit financée par une caisse alimentée par le grand capital et l’État.

Au lieu du simulacre de négociations qui se tient entre l’État et la « grande distribution », la création d’une Centrale Publique d’achats, permettrait la transparence, et l’action sur les marges réalisées dans ce secteur aujourd’hui très important dans la consommation populaire.

Gravité spécifique du problème des services publics qui constitue un appui indispensable, voire patrimonial, pour les défavorisé-e-s, et dont la régression est palpable dans la santé, l’École, le travail, l’emploi, l’environnement, l’eau, l’énergie, les transports. Pour tous ces services publics, au lieu de la privatisation ouverte ou rampante, nous réclamons la négociation d’un plan global de remise à niveau au service de la population.

Gravité spécifique du marasme économique, qui appelle des mesures particulières pour susciter et aider les modèles alternatifs excluant la pwofitasyon : S.C.O.P. et S.C.I.C. doivent trouver un terrain d’élection dans nos territoires en souffrance.

Dans les activités liées à la transition énergétique, à la prévention des risques majeurs, mais aussi dans l’agriculture et la pêche, ces modèles sont de mise et réduiraient notre dépendance alimentaire, si l’accès à la terre, aux équipements de pêche au large, accompagnent l’aide aux modèles alternatifs.

 Gravité du problème de la pauvreté, qui appelle un plan d’urgence négocié avec les représentants politiques et le mouvement citoyen.

 Gravité spécifique des problèmes du grand âge, qui doit faire l’objet d’un véritable service public pour sortir de la misère, et parfois même de l’abandon aussi bien les aîné-e-s que les personnels, voire simplement les personnes à leur service.

 Gravité spécifique des discriminations en tous genres, qui nous frappent.
Discrimination syndicale, qui interdit aux syndicats martiniquais représentatifs sur place, d’accéder aux organismes tels que le conseil d’administration de la Sécu, de bénéficier d’une représentation non biaisée dans les administrations, de bénéficier de moyens au même titre que les organisations syndicales françaises sur la base de leur représentativité sur place, de pouvoir présenter des candidat-e-s dans les filiales ou succursales locales des entreprises présentes sur le territoire français.

Discrimination dans l’embauche au profit des « Métropolitains », portée à la connaissance du plus grand nombre dans une enquête sur l’hôtellerie-restauration.

Contournement de la mesure favorable aux originaires dans l’Éducation Nationale par le remplacement de la notion d’originaires par celle, plus facile à manipuler, de « centre des intérêts matériels et moraux ».

Gravité spécifique de ces manœuvres, pendant que des enseignant-e-s titularisé-e-s sont expédié-e-s en France.

Discrimination dans les moyens disproportionnés mis au service de la répression, et du harcèlement des contestataires du système alors que la vraie délinquance saccage le pays.

Gravité spécifique des inégalités et des violences, dont sont victimes les femmes en dépit du rôle immense qu’elles jouent dans notre société.

Gravité spécifique des discriminations de fait, à l’égard des personnes souffrant de handicaps dans leurs difficultés d’accès à leurs droits, à l’emploi, autant qu’à l’espace public, l’État lui-même ne donnant pas toujours l’exemple du respect de ses beaux discours.

Ce tableau sombre et réaliste est connu, dans ses grandes lignes, aussi bien des autorités que de la population. Personne ne doit douter de notre détermination à y faire face par la mobilisation du plus grand nombre.