« Le père de Nafi », un film de Mamadou Dia

Avec Saikou Lo, Alassane Sy
Titre original Baamum Nafi
1h 47min / Drame

Synopsis :
Dans une petite ville du Sénégal, deux frères s’opposent à propos du mariage de leurs enfants. Deux visions du monde s’affrontent, l’une modérée, l’autre radicale. Les jeunes Nafi et Tokara rêvent, eux, de partir étudier à Dakar, la capitale, et de vivre avec leur époque. A la manière d’une tragédie, et alors que s’impose la menace extrémiste, les amoureux doivent trouver un chemin pour s’émanciper des conflits des adultes.

Deux prix à l’édition 2020 en ligne de Vues d’Afrique à Montréal : meilleur long métrage et meilleur acteur pour Alassane Sy. Baamum Nafi avait déjà reçu le prix du meilleur premier long métrage et le Léopard d’or de la section Cinéastes du présent à Locarno (Suisse) et le prix Découverte à Namur. Des prix mérités.

On en parle :
Le Polyester par Gregory Coutaut:
Le Père de Nafi est le premier travail de fiction de Mamadou Dia, qui a auparavant travaillé pendant presque dix ans comme journaliste, ce qui explique peut-être la place élégante que le film laisse au silence, à l’observation et aux pauses dans l’intrigue. Dia est reparti de Locarno avec le Léopard d’or du meilleur film dan la section Cinéastes du présent. Aux cotés d’Alain Gomis et Mati Diop , il participe avec Le Père de Nafi à remettre le jeune cinéma Sénégalais sur le devant de la scène cinéphile.

Publikart par Stanislas Claude
Le père de Nifa est une vraie bonne surprise venue d’Afrique avec ces êtres ballotés entre aspirations à la liberté et la tentation de l’ordre islamique établi et sécurisant. Mamadou Dia réussit une véritable prouesse avec ce film qui décrit si bien les caractères très humains d’une population sénégalaise qui ressemble finalement à toutes les autres, dont la notre.

Sens Critique
Le sujet est traité avec une grande maîtrise autour d’un combat fraternel et idéologique à base de manipulation et où les enfants ne sont que des spectateurs puis des victimes. Le film est à sa manière une sorte de western avec une frontière très nette entre le bien et le mal. Outre la puissance de son sujet humaniste, Le père de Nafi bénéficie d’une mise en scène de très bonne facture, décrivant parfaitement les us et coutumes d’une ville sénégalaise, sans misérabilisme ni esthétisation malvenue.

Africultures par Olivier Barlet
Ce qui frappe dans Le Père de Nafi, c’est son rythme. Il n’est pas lent. Il ne prend pas le temps, il s’en saisit : il est mesuré, profond, interrogateur, à l’image des regards de Tierno, imam et père de Nafi. Parce que c’est le temps qui à la fois nous manque et nous obsède, pour conjurer, au Sénégal comme ailleurs, par des voies pacifiques, la terrible montée de l’obscurantisme.

3 Continents par la rédaction
Le premier long métrage de Mamadou Dia a la force universelle de la tragédie. Dès lors qu’elle oppose deux frères, Tierno et Ousmane, la main mise sur l’autorité religieuse provoque, jusqu’à la terreur, troubles et dissensions dans une petite ville du Sénégal. Pourtant traditionaliste et rigoureux, le premier exerce sa charge d’imam avec une main douce le rendant aveugle aux menaces. Le second, jaloux du premier depuis leur enfance, voit dans la trop grande bienveillance de son frère une faiblesse et l’opportunité d’imposer un islam conservateur et politique.