« Le Mystère Jérôme Bosch » de José Luis Lopez-Linares

mystere_jerome_bosch2016 fête les 500 ans de la disparition du peintre flamand Jérôme Bosch. De son vrai nom Jheronimus van Aken, celui que les hispanophones nomment El Bosco reste un peintre majeur dont on ne sait que peu de choses, et dont l’oeuvre aussi énigmatique que fascinante continue à intriguer et passionner. Pour dissiper un peu le mystère autour du peintre et de son œuvre, José Luis Lopez-Linares a réussi à faire entrer ses caméras dans le Musée du Prado de Madrid, et s’est principalement concentré sur l’oeuvre maîtresse du musée – qui est un peu au Prado ce que La Joconde est au Louvre – et du peintre : Le jardin des délices. Ce triptyque complexe et foisonnant, dont les panneaux intérieurs représentent l’Eden, les enfants d’Adam et Eve et l’Enfer, a depuis sa création nourri de nombreuses interprétations, parfois contradictoires.
Pour commenter ce tableau que nous découvrons tout au long du film dans ses plus infimes détails, le réalisateur espagnol a choisi de donner la parole à une diversité de personnes : historiens et historiens de l’art bien-sûr, mais aussi artistes de toutes disciplines (littérature, musique, etc.), philosophes, psychanalystes… Chacun nous dévoile des informations sur ce tableau et son auteur, mais ils nous livrent aussi leur propre interprétation de l’oeuvre, ce qu’elle leur évoque, ce qui les touche, ce qu’elle leur dit… Une manière originale et passionnante de rendre un hommage vibrant à un artiste qui défie le temps.

Trois bonnes raisons de se plonger dans « Le mystère Jérôme Bosch » au cinéma

DOCUMENTAIRE – Le réalisateur espagnol José Luis Lopez-Linares a convié quelques personnalités à contempler l’un des tableaux les plus fascinants du monde, « Le jardin des délices » de Jérôme Bosch. Conservé au musée du Prado, à Madrid, ce triptyque hallucinant – et halluciné – échappe à toutes les interprétations.

Parce qu’on ne sait pas vraiment qui était Jérôme Bosch

Ça ressemblerait à un roman de Dan Brown. Le peintre néerlandais Hieronymous Bosch a probablement vécu entre 1450 et 1516, et le seul portrait qui le représente n’est pas authentifié. Il était membre de la Confrérie de Marie, la plus ancienne des Pays-Bas. Et c’est presque tout ce qu’on sait de lui. Ce qui est bien tangible, en revanche, ce sont ses tableaux, toiles grouillantes de créatures et de formes qui préfiguraient le surréalisme et la science-fiction. Même si leurs commanditaires et leur signification font eux aussi blanchir les cheveux des historiens de l’art.

Nous avons enlevé les barrières, de manière à ce que la caméra et les invités puissent s’approcher du tableau. C’était un moment magique.José Luis Lopez-Linares
Parce que « Le jardin des délices » représente le paradis, l’enfer, et bien d’autres choses

Composé de trois panneaux de bois, Le jardin des délices est le triptyque le plus célèbre de Bosch. Comme pour la Joconde au Louvre, les visiteurs de tous âges et de toutes nationalités y passent de longues minutes à scruter en détail les béatitudes du paradis sur le panneau de gauche, les monstruosités de l’enfer sur le panneau de droite, et toutes les étrangetés du panneau central, ce jardin foisonnant qui échappe à toutes les interprétations, en en faisant naître chaque jour de nouvelles.

Parce que des artistes, des philosophes, des écrivains livrent leurs impressions à chaud

L’écrivain Cees Nooteboom a publié au printemps dernier un livre splendide, Un sombre pressentiment – à la rencontre de Hieronymous Bosch (Phébus), dans lequel il raconte sa quête de ce peintre qui le fascine depuis plus d’un demi-siècle. Nooteboom sert de guide à ce documentaire où Salman Rushdie, Michel Onfray, Miguel Barcelo, Renee Fleming sont invités à contempler « Le jardin » et à donner leurs impressions. Elles sont aussi différentes que leurs personnalités, car comme le suggère le réalisateur, c’est soi-même que l’on observe en regardant ce tableau. Et comme aucun mot ne peut saisir cette œuvre hors normes, c’est la jeune chanteuse Silvia Pérez Cruz qui s’en approche le plus : en chantant, tout simplement, dans la salle vide du Prado.

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