Le Covid-19 : un révélateur des limites de la démocratie corporative

Par Marie-Laurence Delor —

Dans un texte précédent faisant suite à l’aggravation de la pandémie du Covid19 en Martinique lors de la troisième vague () nous avons développé – sans doute trop succinctement -sur un enchâssement de paradoxes témoignant, comme nous l’écrivions, d’une « faible inclination à l’effort pour le bien commun » : des prétendus « patriotes »essaimant le virus, s’en prenant ainsi à leur propre peuple ; un préfet vilipendé alors même qu’il s’employait à la protection de la population ;des politiciens demandeurs de responsabilité locale murés, à deux ou trois exception près, dans un silence assourdissant tandis que la prolifération du virus s’intensifiait et que la prise en charge hospitalière était à saturation.

En ce commencement d’une quatrième vague qui s’annonce encore plus dangereuse, on pourrait penser que l’histoire se répète si l’on s’en tient uniquement aux réactions de quelques-uns et à la légèreté de nos politiciens face à la menace. Mais la configuration et la problématique ne sont plus tout à fait les mêmes. Ce qu’on observe aujourd’hui c’est, d’une part, une tentative en sous-main de coagulation improbable de mécontentements corporatistes ; d’autre part, une reprise de la dynamique de vaccination. Autrement dit, des tendances, à peu de chose près, similaires à l’hexagone et ceci depuis l’adresse aux français d’Emmanuel MACRON à la veille du 14 juillet 2021. Par ailleurs, la problématique n’est plus seulement celle de la responsabilité individuelle et collective. Responsabilité individuelle et collective qui, soit dit en passant, peut s’analyser dans le contexte comme un indicateur de notre foi ou non en un à-venir pour notre pays. La problématique estaussi celle des limites de la « démocratie corporative » qui nous régit depuis l’avènement du néolibéralisme et du capitalisme financier. Nous entendons ainsi une forme dérivée de la démocratie libérale fondée sur la croyance que l’intérêt général, notion qui reste encore à clarifier serait une somme ou une synthèse d’intérêts d’individus, de groupes et de corporations. La réalité montre que ce sont, de fait, ceux qui détiennent le pouvoir économique qui déterminent pour l’essentiel les choix des gouvernants. Ainsi pendant toute cette période COVID qui n’en finit pas, le nombre d’ultra riche a augmenté sensiblement en France et leurs bénéfices ont presque doublés.

On pensait avoir marginalisé dans l’hexagone comme en Martinique la question sociale, celle de la production et de la répartition des richesses ; On pensait ici et ailleurs avoir définitivement disqualifié l’’hypothèse du caractère socialement structurant de la domination de classe. Il n’en est rien, la réalité résiste. Elle (la domination de classe)constitue quoiqu’en disent les partisans de « l’intersectionnalité »*le cadre dans lequel vont se mettre en place les autres formes d’inégalités et de domination.

Marie-Laurence DELOR

Samedi 17/07/2021

*« L’intersectionnalité »est une notion qui vise à rendre compte de la situation de certaines catégories de personnessoumises simultanément à plusieurs formes de domination ou de discrimination (genre, race, classe, religion).