Le chanteur brésilien Carlos Lyra, l’un des grands artisans de la bossa nova, est mort à 90 ans

Carlos Eduardo Lyra Barbosa, alias Carlos Lyra, s’est éteint à l’âge de 90 ans, laissant derrière lui un legs incommensurable au sein de la bossa nova brésilienne. Né le 11 mai 1933 à Rio de Janeiro et disparu le 16 décembre 2023, il demeure l’un des grands architectes du mouvement musical qui a révolutionné la scène artistique dans les années 1950 et 1960.

Plongeant dans un contexte familial baigné de musique, Carlos Lyra, né le 11 mai 1936, développe une passion précoce pour cet art. Son parcours prend un tournant significatif à l’âge de 12 ans lorsqu’un accident lors d’un championnat de saut en longueur l’immobilise. C’est pendant cette période d’alitement qu’il explore divers instruments tels que le piano et la guitare, jetant les bases de sa future carrière musicale. Au lycée, sa rencontre avec Roberto Menescal donne naissance à la première académie de guitare de Rio de Janeiro, une pépinière de talents incluant Marcos Valle, Edu Lobo, Nara Leão et Wanda Sá.

L’année 1959 marque un tournant dans la carrière de Carlos Lyra avec son engagement actif dans le mouvement de la bossa nova. Ses compositions, telles que « Maria ninguém », « Lobo bobo » et « Saudade fez um samba », trouvent écho dans l’album révolutionnaire de João Gilberto, « Chega de saudade ». En collaboration avec Vinicius de Moraes, il façonne des classiques intemporels tels que « Você e eu », « Coisa mais linda », « Primavera » et « Minha namorada ». Le som de la bossa nova résonne à travers le Carnegie Hall de New York en 1962, où Carlos Lyra partage la scène avec João Gilberto, Sergio Mendes, Roberto Menescal et Antônio Carlos Jobim.

Son influence s’étend au-delà des frontières brésiliennes lorsqu’en 1965, il accompagne Stan Getz dans une tournée mondiale, échappant ainsi à la dictature militaire qui sévissait dans son pays natal. Après deux années passées aux États-Unis, il revient au Brésil en 1971, scellant son union avec l’actrice américaine Kate Lyra. En 1976, son retour est marqué par la publication de son livre « O seu verdadeiro signo ».

Carlos Lyra persiste malgré la censure d’un album en 1974, marquant son engagement envers la musique et la liberté d’expression. En 1982, il écrit des chansons en portugais pour le chanteur espagnol Julio Iglesias. En 1983, il organise le spectacle « 25 anos de bossa nova » à Rio de Janeiro et à São Paulo, célébrant les 25 ans du mouvement musical, suivi de concerts internationaux en Martinique, en Espagne, au Japon, au Portugal et en Italie.

En 1994, lors du lancement de son album éponyme, Carlos Lyra dévoile au monde que la première dame américaine Jacqueline Kennedy avait élu « Maria Ninguém » comme sa chanson préférée. En 1998, il participe à un spectacle dédié à la mémoire de Vinicius de Moraes, aux côtés de Baden Powell, Toquinho et Miúcha.

Son départ à l’âge de 90 ans a suscité des hommages émouvants de personnalités musicales telles que Caetano Veloso, Gilberto Gil et du président brésilien Lula. Carlos Lyra laisse derrière lui un héritage musical exceptionnel, un pilier incontesté de la bossa nova, rappelant l’impact indélébile d’un artiste dont la voix et les mélodies continueront d’inspirer les générations futures. Son legs perdurera comme une symphonie intemporelle, tissant une harmonie entre le passé, le présent et l’avenir de la musique brésilienne.

M’A