Le BUMIDOM croisière de la misère

— Par Philippe Pilotin —

poesies-360

Ils venaient tous des DOM d’Amérique,
Laissant derrière eux les doux rayons du soleil des tropiques.
L’esprit rêveur, le cœur joyeux, pressés de partir,
Ils quittaient parents, amis en quête d’un meilleur avenir.
Croyant vite voguer librement vers l’espoir,
Ils se retrouvaient souvent sur le trottoir.
Même si le voyage n’était pas très plaisant,
Cela ne dissuadait aucunement les partisans.
Après une longue quinzaine de jours de bateau,
Débarquer enfin n’était jamais trop tôt.
Le Havre était la toute première escale
Avant le regroupement de la capitale.
S’ils se retrouvaient tous à Saint-Lazare,
Ce n’était pas du tout le fait du hasard
Et même si c’était leur destination principale,
Ce n’était nullement leur adresse finale.
Cette action sociale signée Michel DEBRE,
Lancée à bon nombre d’iliens comme une bouée
Était, plus un subtil attrape-nigaud
Car il ne faisait pas d’eux des hidalgos.
Cette manœuvre sociale dénommée BUMIDOM
Se prétendait la structure qui ferait d’eux des hommes.
Bien que préparés par la propagande et bien embobinés,
Ils ont conclu à la fin qu’ils ont tous été bernés.
La plupart était employée des hôpitaux et PTT.
Le reste faisant les beaux jours de la RATP.
Cette jeunesse partis à la conquête du bonheur,
Assuma contre nature, que leurs sales labeurs.
Au lieu d’une alléchante promotion,
Elle se termina en une lamentable exploitation.
Beaucoup ne sont jamais retournés dans leur pays.
Ils sont morts loin des leurs, l’âme pleine de nostalgie.
Par cette immigration si bien orchestrée,
Les spécialistes ont pu facilement démontrer
Que l’Ile-de-France était devenue un nouveau DOM
Où il ne manquait des îles, que l’arôme.
La désertion de ces contrées par leur jeunesse
Les a enfoncées davantage dans la détresse.
Au lieu de leur assurer un meilleur développement,
Cela décupla leur retard considérablement.
Les congés bonifiés et les prétendues mutations
Qui leur avaient été promis comme lot de consolation
Leur furent ôtés sans la moindre rémission
Ne leur laissant dès lors, aucune compensation.
Finalement, toutes ses allégations paternalistes,
Nées pour faire oublier les affres colonialistes
N’étaient que de vulgaires paroles en l’air
Pour garder la main mise sur ces jeunes insulaires.

Philippe PILOTIN

BUMIDOM (1) Bureau des Migrants d’Outre-Mer

DOM (2) Département d’Outre-Mer