— Par Florent Grabin, Président de l’association écologique P.U.M.A. —
Dans le cadre de l’aménagement du territoire, il existe une série de documents administratifs qui peut donner le tournis, avec pour incidence de plonger son lecteur dans un maquis réglementaire. Arrêtons-nous aux principaux plans :
- Le Plan Local d‘Urbanisme (PLU) est un document qui, à l’échelle de la commune, traduit un projet global d‘aménagement et fixe en conséquence les règles d‘utilisation des sols.
- Le schéma de cohérence territoriale (SCOT) incarne la réflexion stratégique à grande échelle et à long terme, tandis que les PLU et les cartes communales représentent les moyens de déclinaison locale et opérationnelle de cette stratégie.
- Le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) élaboré en Guadeloupe, Guyane, Martinique, à Mayotte et à la Réunion, fixe les orientations fondamentales à moyen terme en matière de développement durable, de mise en valeur du territoire et de la protection de l’environnement.
- Le Schéma de Mise en Valeur de la Mer (SMVM) est, en France, un outil d’aménagement du territoire qui vise à une meilleure intégration et une meilleure valorisation du littoral et portée à connaissance du citoyen.
- Le Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) approuvé le 30/12/2013 est un document d’urbanisme qui réglemente l’utilisation des sols en fonction des risques naturels auxquels ils sont soumis, de l’interdiction de construire à la possibilité de construire sous certaines prescriptions.
Enfin pour savoir comment implanter un projet, il faut connaitre la ‘’côte NGF’’. Il s’agit d’une mesure précise de l’altitude d’un point par rapport au niveau moyen de la mer. C’est comme le GPS de l’altitude. La mise en cohérence politique de ces documents nous engage tous les citoyens et son non-respect ouvre les portes à de lourds contentieux qui peuvent ruiner toute une vie, surtout quand la nature vient nous rappeler les règles les plus élémentaires en la matière.
A ce propos, d’ici 2050, de nombreux scientifiques ont documenté que nous aurons un phénomène naturel qui nous menacera : il s’agit de l’élévation du niveau de la mer. C’est ainsi qu’en mai 2019, à Sainte Luce, au quartier Fond Larion propriétaires et usagers ont eu un désaccord concernant l’accès à la mer le long de ces propriétés-là. Le niveau de la mer ayant augmenté, rapprochant ainsi le trait de côte vers ces constructions.
Il a été constaté objectivement que la plage a disparu dans cette zone, comme de très nombreux secteurs de notre littoral, tel le Diamant, le Vauclin, le Marin, Saint-Anne etc. Ce phénomène naturel présente un grand risque dans toute la partie basse de nos communes côtières.
Malheureusement, en consultant tous les PLU, SCOT, SAR et autre SMVM, nous constatons une ambiguïté administrative et politique qui, à terme va poser au niveau de la population des méfiances indubitablement.
Dans ces textes on note diverses classifications : celles dite de zone N1 pour l’activité agricole autorisée, et toute autre activité est interdite ; celles des zones A2 pour l’activité industrielle en lien avec une activité extractive et manufacturière du secteur primaire agricole autorisé. Cette dernière est classé en N2r qui est une zone rouge au regard du risque de « Mouvement de terrain » selon le PPRN de 2013 ; son règlement autorisant les carrières existantes sous réserve de ne pas aggraver le risque. Curieusement, depuis quelques années, les analyses de sol se font de plus en plus rares et le drainage a tendance à disparaitre !
Afin de préserver la zone littorale quand cela est possible il conviendrait de procéder à de l’enrochement ou à des digues. Pour y parvenir, il devient impératif de connaitre le gisement des matériaux disponibles afin de délivrer les autorisations d’extraction aux différents carriers.
Malencontreusement, certaines mairies ne parviennent pas à statuer objectivement en prenant en compte cette réalité ; ceci fait que des zones dont l’exploitation de matériaux de carrière opérée pendant des années se retrouvent déclassées en zone agricole. C’est l’incompréhension totale !!!
Comment comprendre qu’il n’y a pas une grande mobilisation politique pour remettre les terres en friche en production agricole, d’autant qu’il y avait sur ces parcelles des exploitations !!! Songeons que, du fait de la réduction de notre territoire, le changement climatique nous impose de faire des choix afin d’éviter les conflits d’usage !
Pour l’instant, malgré les différents outils à notre disposition, nos dirigeants se préparent à refuser les grands défis du réaménagement indispensable de notre territoire. Vu ce retard stratégique, quel sera l’attitude du peuple quand il commencera à connaitre les déboires qui nous attendent ? Ces lendemains imprévisibles ne permettent pas le ‘’y bon kon ca’’ et la liste est longue ! D’autant qu’il nous manque déjà des ouvriers qualifiés dans de nombreux domaines.
Le bon sens de nos Anciens devra retrouver toute sa place pour relever ce défi. La reconstruction de notre patrimoine réclame femmes et hommes, disponibles et en attente d’être sollicités pour faire face à cette grande mutation.
Nos politiques ont la capacité de se mobiliser pour demander un changement de statut pour plus de pouvoir et, cette réalité de la programmation de l’élévation du niveau de la mer et quant à l’élévation planifier du niveau de la mer c’est le calme plat ! Face à l’urgence climatique, les mots, même les plus inspirants ne suffisent plus. Il faut des actes !!!
S’ils tardent à mettre en œuvre ce vaste chantier, nous assumons le fait d’inviter l’État, sans délais à reprendre la main Pour Une Martinique Autrement.
Pour l’association écologique PUMA
Le Président
Florent GRABIN
