La tragique inconséquence des responsables de la gauche martiniquaise au Pouvoir

— Par Pierre Alex Marie-Anne —

Les dirigeants aussi bien politiques que syndicaux se réclamant de la gauche martiniquaise n’ont de cesse de dénigrer et vilipender l’État français, qu’ils accusent de tous les maux et rendent responsable de leur incapacité à agir au profit de leurs compatriotes.En “mendiants arrogants “qu’ils sont, selon le mot de Césaire, ils réfutent leur appartenance à la nation française qui les fait vivre et s’élever et sans laquelle ils ne seraient que fétus de paille ballottés au gré de l’océan, à la merci de tous les prédateurs environnants. Ils instruisent en permanence un procès contre la France au motif de la traite négrière et de l’esclavage aboli sur l’île depuis 175 ans mais qui perdure à ce jour dans certaines contrées d’Afrique, qu’ils parent cependant de toutes les vertus.

Le résultat de cet enfermement dans le passé évoqué de manière obsessionnel, avec le concours empressé d’intellectuels engagés et de media politisés, a eu pour effet de déboussoler une partie de la jeunesse en la coupant des réalités de son époque ; n’entrevoyant aucune perspective d’avenir elle se laisse aller à des action irréfléchies dans l’espoir de compenser son inadaptation au monde et soulager son mal être. Nos dirigeants commencent à comprendre qu’ils ont joué avec le feu et qu’ils en seront les premières victimes; d’où cet appel pathétique au pouvoir central ( tiens !, ils en redécouvrent l’existence) pour qu’il envoie de toute urgence renforts policiers et de gendarmerie -GIGN et gardes mobiles compris- moyens supplémentaires d’enquête pour la justice (qui du coup n’a plus rien de” coloniale”!) et la pénitentiaire, équipements de surveillance et de contrôle sur terre et en mer pour dissuader toute intrusion illégale.

Venant du responsable suprême du PPM, pourfendeur habituel de tout ce qui vient de “l’autre-bord”, on croit rêver mais c’était sans compter sur la Diva de la haute assemblée : de l’autorité et de la fermeté à gogo, des peines de prison comme si il en pleuvait, des radars côtiers pour prévenir l’entrée de clandestins et des scanners pour ausculter nos containers sur le port, des caméras partout sans compter bien entendu l’augmentation massive des moyens matériels et humains des forces de l’ordre et de la justice.Au total, un virage à 180 degré de nos soi-disant “progressistes”par rapport à leurs errements antérieurs ;le maire de Fort-de-France n’est pas en reste sur ce chapitré et multiplie les initiatives et suggestions musclées afin de tenter de juguler l’extension de la violence urbaine. Toute la question est de savoir si ces belles résolutions, dont on peut douter de la sincérité, iront au-delà des prochaines échéances électorales et surtout si elles seront accompagnées d’une prise de conscience de la nécessité d’en finir une fois pour toute avec cette rengaine stérilisante et contre-productive de l’esclavage qui bouche l’avenir et conduit les jeunes générations au désespoir, terreau fertile de la violence.

Il ne sert à rien de vouloir réécrire l’histoire qui est ce qu’elle est et ne peut-être changée, les morts ne reviendront pas en tout état de cause et l’on ne doit pas permettre qu’ils prennent en otage l’existence des vivants, c’est une question de bon sens ; il vaut bien mieux s’atteler à résoudre les difficultés qui assaillent la population martiniquaise et lui pourrissent la vie :l’absence de transport organisé qui pénalise les plus humbles, l’eau chère et raréfiée en période de carême pour cause de canalisations obsolètes, la pollution qui nous submergent, le coût de la vie qui explose et rend plus que jamais nécessaire la recherche d’une plus grande autonomie alimentaire ( la diversification agricole ne doit pas être une option mais une obligation), l’éducation et le système de santé qui s’effondrent et doivent être impérativement restaurés, l’insécurité qui galope, dopée par la circulation exponentielle des armes et de la drogue venant des pays voisins, l’énergie dont le prix n’arrête pas de grimper et reste désespérément d’origine fossile en dépit de nos atouts naturels, le numérique toujours en jachère au rythme de tortue suivi par la généralisation de la fibre optique, la déforestation et la bétonisation à outrance qui détruisent les équilibres naturels de notre environnement. Bref, tout ce que la gauche martiniquaise au pouvoir depuis plus de 30 ans a complètement négligé préférant s’absorber ad nauseam dans son tropisme identitaire. Elle ne saurait néanmoins se dédouaner de l’immobilisme qui à caractérisé sa gestion ; elle s’est avérée plus soucieuse d’accroître ses prérogatives et prébendes personnelles, que de s’atteler à mobiliser les énergies sur la solution concrète des problèmes rencontrés, en partenariat avec les autorités et services de l’État. Son bilan plus que modeste -c’est un euphémisme- devrait interpeller les citoyens martiniquais à l’heure ou l’on cherche une fois de plus à lui vendre “chatt en sac”, sous des dehors aguichants mais fallacieux d’aggiornamento institutionnel.

Pierre Alex MARIE-ANNE