La relève de la scène flamande

Au Théâtre de la Bastille, le festival P.U.L.S. met en lumière de jeunes créateurs audacieux.

— Par Marina Da Silva —

La contraction de Project for Upcoming Artists for the Large Stage, P.U.L.S., sonne autant comme un défi que comme un pied de nez… Qui définira ce qu’est la grande scène ou ce que sont les grandes scènes du théâtre ? En attendant, les jeunes artistes flamands qu’on peut voir au Théâtre de la Bastille jusqu’au 18 octobre ont bien l’intention de s’inscrire dans le paysage de la création contemporaine. Timeau De Keyser, Hannah de Meyer et Bosse Provoost ont bénéficié de ce dispositif d’accompagnement, initié en 2017 par Guy Cassiers et le théâtre d’Anvers, le Toneelhuis, et soutenu par Alain Platel, Jan Lauwers ou Ivo Van Hove pour présenter des créations originales et radicalement distinctes.

Timeau De Keyser, dans une version flamande surtitrée, explore avec les acteurs du collectif Tibaldus, Simon De Winne, Hans Mortelmans, Ferre Marnef, Lieselotte De Keyzer, Katrien Valckenaers, Hendrik Van Doorn, Sander De Winne, Lieven Gouwy, le Mariage, de Witold Gombrowicz. Entre songe et réalité, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, un jeune soldat polonais revient chez lui et s’imagine l’héritier d’un royaume qui n’existe pas, mais qu’il veut soumettre, quitte à exercer sa tyrannie contre ses parents et sa fiancée. Cruelle et féroce, la pièce est aussi drôle et mystérieuse, fantasque et réaliste, et se prête à toutes les transpositions de temporalité et de lieu. Les acteurs la jouent à mains et à voix nues dans un dispositif où rien n’est laissé au hasard et qui évoque la filiation avec le théâtre critique des Tg Stan.
Une inspiration « féministe »

Plus hermétique et expérimentale, la proposition de Hannah De Meyer, auteure et interprète de New Skin, laisse davantage perplexe. L’actrice, qui a une belle présence, intrigue avec un poème-jeu corporel rigoureux, où elle trace des esquisses de déplacement à la fois libres et contraintes, carcan et ligne d’horizon. Elle crée une attente en se revendiquant d’une inspiration « féministe, écologiste et décolonialiste » qui reste trop intimiste et peu déchiffrable. Où il manque surtout le bouillonnement et la colère. Enfin, Bosse Provoost dans Matisklo se frottera à la voix de Paul Celan « qui parle depuis l’intérieur de la mort », dans la traduction de Ton Naaijkens avec Benjamin Cools Joeri Happel. Et ultérieurement, en avril, pour clore le cycle, Lisaboa Houbrecht donnera Hamlet à la MC93 de Bobigny.
Jusqu’au 18 octobre au Théâtre de la Bastille, tél. : 01 43 57 42 14.

Source : L’Humanité.fr