La gestion de l’eau passe par le débat institutionnel.

— Par Florent Grabin, président de l’association écologique P.U.M.A. —

Au moment où le débat institutionnel nous est de nouveau resservi, nous, PUMA, avons fait un début de proposition que nous venons détailler par la présente. Nous n’avons pas la prétention de nous autoproclamer Juriste ou Scientifique ; par contre nous avons toujours été accompagnés par ces derniers reconnus mondialement.   

Nous avons souvent mis en évidence l’existence du biofilm chimique à l’intérieur des canalisations de transport de l’Eau de boisson et, comme souvent, en Martinique, nous nous heurtons au refus de la prise en compte de la littérature scientifique. Il faut rappeler que notre Eau « propre à la consommation humaine » provient à plus de 90 % de nos Rivières. À ce jour, certains des six périmètres de protection des captages ne sont toujours pas mis en place, singulièrement dans les bassins versants qui se situent dans la production de bananes se trouvant être la plus grosse consommation de pesticides et autres produits chimiques. Afin de protéger cette production, le choix politique a consisté à ne pas se conformer à la réglementation mise en place pour éviter les dangers de ces polluants.

Pour filtrer l’Eau des Rivières à destination de la boisson, les usines de traitement utilisaient la filtration à sable dans les bassins de décantation qui laissaient passer les pesticides. Après cette opération, il était ajouté un apport de Chlore pour la désinfecter et lui assurer une bonne garantie sanitaire pour le transport vers les consommateurs. C’est sans relâche que l’association écologique APPELS mettait en garde les différents responsables de la production d’Eau et la D.A.S.S. sur les effets différés de ces polluants.

À la mort de Pierre DAVIDAS, en 1999, nous PUMA avons pris le relais auprès des services du Conseil Général, Propriétaire de l’Usine de production de Vivé au Lorrain pour enfin obtenir du Président Claude LISE et sa majorité, que soit introduit le procédé CRISTAL au charbon actif qui permet le retrait des pesticides dans l’Eau. Alertés par nos scientifiques qui avaient un doute sur la qualité du Laboratoire en charge des analyses de l’Eau pour la Martinique, nous avons en 2008 sollicité le Directeur de l’A.R.S pour changer de prestataire. À la remise des résultats, la confirmation de la présence massive de différents pesticides, dont la Chlordécone, était établit. Dans la correspondance, il y a un paragraphe qui a interpellé nos Scientifiques :

‘’Comme attendu, des traces de Chlordécone sont retrouvées au robinet, mais à des niveaux très inférieurs aux seuils de potabilité (0,1µg/l). En effet, le charbon actif a un rendement déterminé (en l’occurrence supérieur à 97 % et ne retient pas l’intégralité des pesticides, mais permet d’atteindre les normes de potabilité.

En revanche, il est curieux d’observer la présence d’anthraquinone, diuron et monuron (toujours en dessous des seuils de potabilité) sur le réseau de distribution, puisque ces molécules ne sont pas trouvées de façon usuelle au niveau de la ressource en eau brute (prise sur la rivière Lézarde ou la rivière Capot). Les distributeurs ont été informés.’’.

En 2019, toujours à notre demande, une nouvelle campagne a été mise en œuvre sur l’Eau du robinet du consommateur et aussi dans le biofilm se trouvant dans l’interface des canalisations. Ce, avec une communication sans précédent pour que les résultats aient été donnés à la population indiquant qu’ils étaient conformes à la réglementation. Connaissant les pratiques de l’ARS, nous avons émis les plus expresses réserves sur ces affirmations et avons réclamé les résultats détaillés… pour enfin les recevoir huit mois après.  

Nous avons immédiatement demandé une rencontre en présence d’anciens Parlementaires et deux Médecins pour échanger avec les Services et le Directeur de l’ARS (diplômé en Cancérologie). 

Il a fallu lui ‘’tordre le bras’’ pour enfin obtenir deux éléments capitaux : la combinaison des différents pesticides qui sont des perturbateurs endocriniens, participe à l’émergence de certains cancers et que la Chlordécone est l’arbre qui cache la forêt.

La démonstration scientifique est faite que la molécule seule n’agit pas, mais que leurs adjuvants et les polluants hydrocarbures qui les composent ne sont pas recherchés. Il est urgent que nos politiques prennent en charge ce dossier, afin de protéger ENFIN la population.

LA GESTION DE L’Eau est un pouvoir local ; l’État a la charge du contrôle de sa QUALITE et la classe politique a toutes les possibilités de se faire accompagner scientifiquement afin de permettre à nos Parlementaires de légiférer pour obtenir une adaptation des analyses de l’Eau au contexte local.

Avec ces éléments factuels, LES MAGISTRATS pourront être saisis pour dire le droit et ce ne sera que JUSTICE. Il va sans dire qu’il faudra militer pour la prise en charge du remplacement des canalisations de transport de l’Eau par l’Etat et, dans le même temps, mettre en œuvre tout le protocole pour faire reconnaître les effets de ces perturbateurs endocriniens dans les différentes pathologies dont souffre la population.

Si cette mesure n’est pas prise, la population pourra se retourner contre les différents dirigeants qui sont ou ont été, en responsabilité de la gestion de l’Eau, pour non-assistance à population en danger.

Le moment est venu de regarder la réalité en face, Pour Une Martinique Autrement, il en va de la santé de la population que nos dirigeants devront protéger avant qu’il ne soit trop tard.

Pour l’association écologique P.U.M.A.

Le Président

Florent GRABIN