La culture woke, matrice d’un conformisme étouffant et délétère ?

Alana Newhouse vient de publier un texte qui détonne dans le paysage médiatique américain, paralysé par la vague dite « woke ». Pour la fondatrice du magazine Tablet, la vie culturelle et sociale de son pays est en ruines. Une idéologie monochrome et normative bride désormais toute créativité.

Tablet est le meilleur site intellectuel juif et américain du Net. Et sa fondatrice, Alana Newhouse, vient de mettre en ligne un texte qui mérite le détour, tant il détonne dans le paysage médiatique américain contemporain, étouffé par la culture woke. Pour Newhouse, la vie culturelle et sociale américaines sont en ruines, minées par un phénomène qui voit l’idéologie remplacer la créativité.

Un système en ruines ?

Premier constat : alors qu’Alana Newhouse s’étonnait auprès d’amis médecins des carences du système médical aux Etats-Unis, leur réponse a été : « Il y a encore des gens très bien dans le secteur médical américain, mais en tant que système, il est en morceaux, esquinté, détruit. Les erreurs médicales sont devenues la troisième cause de mortalité dans le pays. On surmédicalise les patients. On multiplie les opérations inutiles. Les hôpitaux sont tombés sous la coupe de leurs administrateurs. » Avant de l’interroger à leur tour : « Explique-nous, toi la journaliste, pourquoi le journalisme semble tombé si bas ? » Lorsque, dans un pays, tout le monde constate, dans son domaine, une évidente dégradation du niveau des performances, on est amené à se poser la question : ne serait-ce pas le système tout entier qui serait tombé en ruines, sans qu’on y ait pris garde ?

Ceci n’est pas valable que pour les Etats-Unis. Pour avoir une chance de redresser la barre, il va nous falloir avoir le courage de regarder ses manques en face. C’est ce à quoi Alana Newhouse invite ses lecteurs américains.

Un tissu d’institutions culturelles ubérisé

La vie intellectuelle et culturelle, aux Etats-Unis, était assise sur un vaste ensemble d’institutions telles que les universités, les journaux et magazines, les maisons d’édition, Hollywood. Chacune jouait sa partition, à la manière d’un big band de jazz. Il y avait à la fois de la variété et un résultat « clair et lisible ». Au niveau local, des milliers d’institutions locales de socialisation secondaire structuraient la vie des gens et leur donnaient un horizon de sens partagé. Mais ces quotidiens locaux, ces magasins de centre-ville et ces clubs et associations sont à présent fermés. Parallèlement, le syndicalisme a pratiquement disparu dans le secteur privé ; à mesure que le salariat lui-même tendait à être remplacé par l’ubérisation. Ce que les Américains appellent la « gig economy« .

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