« Kap O Mond ! », texte Alice Carré et Carlo Handy Charles, m.e.s. Olivier Coulon-Jablonka

Vendredi 19 Janvier – 19h30 Tropiques-Atrium

Alice Carré et Carlo Handy Charles / Olivier Coulon-Jablonka
Avec : Roberto Jean et Charles Zevaco
Création sonore : Samuel Mazzotti
Collaboration artistique et dispositif scénique : Anne Vaglio
Construction : Théo Jouffroy

Un dialogue entre la Révolution française et la Révolution haïtienne

Mathieu rêve d’ailleurs, il n’en peut plus de cette banlieue et de son père, un prof d’histoire au collège qui continue de lui rabâcher les grands épisodes de la révolution française.
Il rencontre Kendy, un jeune Haïtien venu étudier en France, réalisant ainsi le rêve d’ascension sociale de sa famille, déçue par la politique haïtienne depuis l’indépendance.
Alors que tout les oppose et qu’ils sont en désaccord sur presque tout, au gré des préjugés qu’ils se renvoient, un étrange désir les attire.
Bientôt, les fantômes du passé se réveillent…
A travers cette pièce, qui raconte l’initiation de deux jeunes adultes, se croisent deux visages contemporains de France et d’Haïti, dans un perpétuel jeu d’échos avec le passé colonial de la France révolutionnaire.

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Au moment où les députés viennent de signer la Déclaration des droits de l’Homme en 1789, personne à l’Assemblée ne songe à abolir l’esclavage. Les enjeux économiques liés au commerce sont trop importants, notamment dans le cas de Saint Domingue (ancien nom donné à Haïti), surnommée la perle des Antilles. Alors que l’assemblée se déchire sur la question d’accorder les mêmes droits politiques aux propriétaires métisses, les esclaves, qui ont entendu à la table de leur maîtres les mots d’ordres révolutionnaires, mettent le feu aux plantations.[…]

Aujourd’hui, le passé colonial de la France sort enfin d’un long état d’amnésie et ses mémoires enfouies sont enfin révélées par les deuxièmes ou troisièmes générations dont l’appartenance à la nation française
semble encore mise en doute – comme le révèlent les nombreuses discriminations quotidiennes ou les problèmes de représentativité. Cependant, l’universalisme guide encore la majorité des discours politiques et tient encore hautes les valeurs apparentes de la République. Que faire de ce hiatus entre l’universalisme des discours et le conservatisme des pratiques ? Que faire pour que les crispations identitaires ne réduisent pas ou n’enferment pas l’individu à son origine ou à sa minorité, en abandonnant l’idée d’universel ? Comment sortir de l’ethnocentrisme et de l’assimilationnisme sans tomber dans les compartimentations du communautarisme ? Comment penser aujourd’hui, de façon critique mais pas défaitiste, l’universel ?