Frantz Fanon – Écrits sur l’aliénation et la liberté

Frantz FANON, Œuvres. N° 2, Écrits sur l’aliénation et la liberté , La Découverte, 2018, éditeurs: Jean Khalfa et Robert JC Young

—Un compte rendu par Thomas C. Mercier —

Écrits sur l’aliénation et la liberté est un recueil de matériaux d’archive et de textes rares dont l’ambition est de conclure la publication des œuvres complètes de Frantz Fanon, correspondance mise à part. Le recueil compile des textes pour la plupart inédits, auxquels s’ajoutent des articles ou des essais déjà publiés mais quasiment introuvables. C’est un livre épais, donc, qui se présente comme le deuxième volume des œuvres complètes de Fanon. Cette ambition — qui consiste à vouloir épuiser le matériau bibliographique de Fanon, excepté sa correspondance — est plusieurs fois affichée par les deux éditeurs, Jean Khalfa et Robert Young, dans l’appareil critique qui accompagne le volume. Le livre se présente explicitement comme le couronnement d’une entreprise de compilation des écrits de Fanon, une entreprise qui aura commencé il y a des années de cela. L’ambition conclusive du volume s’explique pour une raison assez simple : Frantz Fanon est mort très jeune, à 36 ans, victime d’une leucémie. Son parcours fut fulgurant : Frantz Fanon est un homme, un penseur et un personnage fascinant, et il me faut dire ici quelques mots sur sa vie. En cela je m’appuierai sur les matériaux biographiques et chronologiques fournis dans le volume, qui est très bien fait de ce point de vue. Ces repères biographiques me permettront d’évoquer ensuite la « légende » Fanon, pour des raisons qui apparaîtront par la suite, parce qu’elles sont, je crois, liées à l’orientation et à la stratégie éditoriale du volume.

Lire aussi :Les inédits de Frantz Fanon  — Par Michel Herland —

Fanon est né en 1925 à Fort-de-France, en Martinique, dans une famille afro-caribéenne. Dans sa jeunesse il reçoit au lycée un enseignement d’Aimé Césaire, dont il partagera plus tard l’engagement dans le parti communiste. Fanon s’engage très jeune, à 18 ans, dans l’Armée française de la Libération (nous sommes en 1943). J’isole rapidement deux expériences importantes et hautement significatives liées à l’engagement de Fanon durant la deuxième guerre mondiale. Premièrement, on trouve de tout dans l’Armée française de la Libération, mais Fanon est avant tout frappé par le racisme et le paternalisme, les discriminations ethniques dont lui et les autres Noirs sont victimes au sein de l’armée. Cela le marquera beaucoup. Deuxième épisode : au cours de son engagement dans l’armée française, il est envoyé en poste en Algérie française pendant une courte période, ce qui lui permettra d’observer de près la société coloniale et ses phénomènes d’oppression, ses structures hiérarchiques et le racisme qui les sous-tend. Cela lui donnera aussi l’occasion de comparer la situation algérienne avec la situation martiniquaise.

Après la fin de la guerre, Fanon retourne en Martinique et passe son baccalauréat. Il obtient alors une bourse qui lui permettra d’aller étudier la médecine et la psychiatrie en France métropolitaine. À Paris, il suit des cours de psychologie et de philosophie, notamment ceux de Merleau-Ponty. Ici encore, ses études sont marquées par l’expérience du racisme. En 1952, il publie Peaux noires, masques blancs, livre important qui analyse les implications psychologiques et psychiatriques du racisme et du colonialisme, à la fois sur les colons et sur les colonisés. L’une des idées importantes du livre est de penser les ressorts sociopolitiques de la psychologie individuelle. Fanon souligne ainsi l’impossibilité de dissocier la médecine psychiatrique de l’analyse sociale et politique des phénomènes d’oppression. En cela, l’entreprise de Fanon s’apparente à celle de tenants de la « sociothérapie », ou de la psychothérapie institutionnelle, tels Jean Oury, Gilles Deleuze, Félix Guattari, les cliniciens de l’hôpital Saint-Alban ou de la clinique La Borde, par exemple, dont certains seront explicitement inspirés par Fanon.

En 1953, Fanon est nommé chef d’une division de l’hôpital de Blida-Joinville, en Algérie française. Là, il mettra sa sociothérapie à l’épreuve en soignant les troubles mentaux de patients nord-africains, en observant leurs symptômes, et en analysant leurs rêves. Très vite, il se trouve en conflit avec ce qu’on appelle alors « l’École psychiatrique d’Alger », fondée sur ledit « primitivisme », le racisme biologique et l’essentialisme, et dont le représentant principal était Antoine Porot. Les théories de Porot informaient la psychiatrie coloniale de l’École d’Alger, et déterminaient les traitements des patients nord-africains et les pratiques cliniques, tout en fournissant une légitimation scientifique au colonialisme français. Porot lui-même restera en poste en Algérie jusqu’à l’indépendance. Il faut donc considérer le type de diagnostics « psychiatriques » auxquels Fanon avait affaire à l’époque — époque qui n’est pas si lointaine. Par exemple, Porot écrit en 1918 : « Hâbleur, menteur, voleur et fainéant, le Nord-Africain musulman se définit comme un débile hystérique, sujet, de surcroît, à des impulsions homicides imprévisibles. » Ou, en 1932 : « L’indigène nord-africain, dont le cortex cérébral est peu évolué, est un être primitif dont la vie essentiellement végétative et instinctive est surtout réglée par le diencéphale. » On peut imaginer ce que ce type d’énoncé, pétri de racisme et complètement dénué d’analyse historique ou socio-politique, inspirait à Fanon. Au contraire, donc, Fanon propose « une critique du biologisme de l’ethnopsychiatrie coloniale », de son essentialisme biologisant et raciste, et s’efforce « de repenser la culture dans son rapport au corps et à l’histoire ». Il s’agit de « soulign[er] l’importance du corps et du mouvement, des rapports spatiaux et sociaux dans la structuration de la conscience, ou bien son aliénation lorsqu’ils sont empêchés » (Khalfa et Young, p. 8). Ce terme crucial d’« aliénation », qui a été placé au titre du volume par les éditeurs, doit donc être compris dans son sens à la fois clinique, politique, et philosophique. Ce qui saute aux yeux à la lecture des textes publiés dans ce volume, c’est en effet l’interpénétration des problématiques psychiatriques, sociopolitiques, culturelles et philosophiques, voire littéraires et théâtrales. L’« aliénation » n’est jamais purement individuelle, ni simplement « psychologique » dans le sens traditionnel du terme. Il s’agit pour Fanon d’élaborer une philosophie, une psychologie, une écriture, une politique, voire une anatomie dialectique de la subjectivité et de la liberté, d’ailleurs fortement inspirée par Sartre.

En Algérie, Fanon se rapproche très rapidement du FLN. En 1957, il décide de rompre avec la nationalité française et se définit alors comme Algérien, en solidarité avec la résistance anticoloniale. À partir de 1958, Fanon occupe un rôle d’ambassadeur itinérant du FLN, puis du Gouvernement Provisoire de la République algérienne : il voyage beaucoup, surtout en Afrique, et donne de nombreuses conférences sur la lutte anticoloniale, sur le panafricanisme, et sur le socialisme. Alors qu’il ne lui reste que peu d’années à vivre, il se donne pour objectif d’internationaliser la lutte armée anticoloniale. Il promeut une « vigilance » accrue non seulement contre les colonisateurs, mais aussi contre les élites africaines, contre lesquelles il est extrêmement sévère — dans plusieurs textes il les traite de « laquais » des colonisateurs (voir par exemple p. 660).

Juste avant sa mort, en 1961, Fanon publie son ouvrage le plus connu, Les damnés de la terre, accompagné d’une préface écrite par Sartre. Le livre aura une grande influence sur les discours et les luttes de décolonisation, les courants tiers-mondistes, sur les Black Panthers, les mouvements de libérations palestiniens ou les Tamils, les mouvements sud-africains, et par la suite influencera les études postcoloniales et les cultural studies, ainsi que, plus récemment, la pensée décoloniale, les Black studies américaines, la critical race theory, et ce qu’on appelle aux États-Unis Africana studies et Black existentialism. L’ampleur de l’influence de Fanon sur le paysage politique et académique contemporain est donc considérable.

On comprend ainsi l’envergure de « l’homme » et du « personnage »-Fanon : c’est un penseur transdisciplinaire, touche-à-tout, mais d’une grande cohérence théorique et politique, très prolifique, qui a toujours combiné la théorie et l’action, la mise en pratique de sa pensée philosophique, soit à travers la pratique clinicienne, soit par l’action politique militante, voire stratégique ou militaire. Au-delà de l’acuité des analyses anticoloniales de Fanon, souvent en avance sur leur temps, il y a aussi une « légende-Fanon », associée à une certaine imagerie : c’est non seulement un scientifique mais aussi un écrivain et un philosophe, frère d’armes, bel homme, héroïque, mort jeune, etc. Tout cela séduit énormément et lui confère une aura indéniable. Et il est vrai qu’aujourd’hui tout le monde se réclame de Fanon, quitte parfois à déformer sa pensée. Je précise cela parce que l’appareil critique de ce volume vise très clairement, parfois de manière implicite, parfois de manière explicite, à contrer certaines de ces récupérations, et à repositionner Fanon comme penseur, écrivain, savant, médecin et analyste politique, plutôt que comme figure héroïque ou comme symbole d’un positionnement idéologique. Selon les éditeurs, certains usages contemporains de la pensée de Fanon sont fautifs et idéologiques, notamment parce qu’ils ignorent la transdisciplinarité essentielle de son œuvre, ce qui tend à la réduire à des slogans caricaturaux :

« Ce travail [d’édition] se fonde sur le sentiment que l’on ne peut véritablement comprendre un auteur de cette dimension sans connaître le tout de sa pensée, dans ses continuités autant que ses transformations. […] Nous étions tous deux également insatisfaits des lectures réductrices de Fanon qui en gommaient soit la dimension historique/politique soit la dimension philosophique/psychologique, selon la mode ou les impératifs sociaux du moment. En en faisant une icône politique, on cachait ses critiques fort lucides et bien argumentées sur le possible devenir despotique des sociétés postcoloniales. En y voyant le penseur du trouble identitaire contemporain, on oubliait son but essentiel : penser et construire la liberté comme désaliénation, dans un processus forcément historique et politique. » (Khalfa et Young, pp. 11–12).

Ainsi, les éditeurs insistent sur le fait que la pensée de Fanon est un discours essentiellement libérateur et révolutionnaire, contre toutes les réifications identitaires, qu’elles soient de nature ethnique ou raciale, communautariste, nationaliste, idéologique, religieuse, ou autres. Il s’agit donc, toujours selon les éditeurs, de remettre en question toutes les récupérations identitaires ou identitaristes de la pensée de Fanon, qui auraient vu en Fanon un penseur de l’identité ou du particularisme communautaire ou religieux contre l’impérialisme ou l’universalisme occidental. Et il est vrai que l’on trouve de nombreux exemples, parmi ces textes rares ou inédits, de critiques très violentes à l’encontre des communautarismes, des nationalismes ethniques ou raciaux, ou même à l’encontre d’un concept comme celui de « négritude », que Fanon juge essentialiste et mystificateur. De même, dans sa « Lettre à Ali Shariati », un philosophe iranien, publiée à la page 666 (!) du volume, Fanon, tout en soulignant la « puissance » de la civilisation musulmane et les ressources qu’elle fournit à la lutte « contre le colonialisme culturel français », émet aussi de très sérieux doutes au sujet de « l’esprit sectaire et religieux », qu’il compare au « repli sur soi » des nationalismes (p. 668). Fanon considère que le discours identitaire, même s’il peut avoir des vertus fédératrices ou stratégiques momentanées, est toujours en soi un facteur d’aliénation, et a donc vocation à être dépassé dans le mouvement dialectique historico-politique. Selon Fanon, la réification identitaire ne peut en aucun cas être une fin en soi : elle doit être comprise dans sa dimension dynamique et temporelle, historique et politique, et donc conflictuelle. Cela mériterait sans doute de longues discussions, mais en tout cas cela devrait au moins compliquer fortement les récupérations de Fanon au nom des discours de ce qu’on appelle (souvent de manière assez élusive et caricaturale) « identity politics ». Les analyses politiques et culturelles de Fanon, souvent marquées par l’hégélianisme marxiste-matérialiste et par la pensée de Sartre, sont toujours orientées par un universalisme émancipateur et humaniste, et par une stratégie de libération anti-essentialiste. Il s’agit, à travers une politique matérialiste et culturelle, de libérer les hommes et les femmes de toutes les formes de domination — domination de classe, domination politique, culturelle, identitaire, religieuse, identitaire, etc. — au nom du mouvement dynamique essentiel de la pensée et du corps.
Le volume se compose de cinq grands ensembles de textes. Chaque section est précédée d’une introduction qui explique les choix et les difficultés éditoriales, décrit les textes inclus, et en offre un début d’interprétation. Les cinq sections sont : 

  1. les écrits littéraires de jeunesse (deux pièces de théâtre écrites par Fanon et restées inédites, dans lesquelles on reconnaît, selon les éditeurs, l’influence de Césaire, de Claudel, et du théâtre existentialiste) ;
  2. les écrits psychiatriques — c’est le plus gros du volume — avec notamment la thèse fondatrice de psychiatrie de Fanon, qui lui aura permis d’obtenir le statut de Docteur, ainsi que de nombreux courts essais et articles publiés dans des revues médicales, mais aussi des lettres adressées à des collègues médecins ;
  • les écrits politiques, qui sont pour la plupart des textes signés collectivement (mais, d’après les éditeurs, rédigés par Fanon lui-même), alors que Fanon faisait partie de l’équipe éditoriale d’El Moudjahid, journal révolutionnaire du FLN auquel il collabora de 1957 à 1960 ;
  1. des correspondances et matériaux critiques concernant la politique éditoriale de Fanon en France et en Italie : « Publier Fanon » ;
  2. et enfin une présentation des volumes qui composaient la bibliothèque personnelle de Fanon, de ses livres les plus lus, accompagnée d’une sélection des annotations manuscrites que les éditeurs ont pu trouver dans ces livres.

Cette dernière section est particulièrement passionnante et intrigante, même si elle pose aussi des questions sur la ligne éditoriale à adopter : comment archiver la moindre annotation, le moindre trait, le moindre mot encerclé dans les livres que possédait Fanon ? Ces questions interrogent aussi la visée « conclusive » du volume. Épuise-t-on jamais une archive ? Car c’est trop évident : on reconnaîtra ainsi dans ce volume, malgré la volonté affichée par les éditeurs de finaliser la publication des œuvres complètes de Fanon, un certain nombre de choix éditoriaux — cela est bien sûr inévitable, et ces choix sont tout à fait justifiables. D’ailleurs, les éditeurs précisent eux-mêmes que d’autres textes de Fanon, et surtout toute sa correspondance, restent à publier (p. 12). Les décisions éditoriales qui auront présidé à la composition de ce volume pourront certainement être discutées au cas par cas — pourquoi inclure certains textes inachevés et pas d’autres ? pourquoi publier tel document d’archive et pas d’autres ? pourquoi publier telle lettre et pas d’autres ? — et je n’ai ni la place ni les connaissances nécessaires pour discuter ici du bien-fondé de ces choix, qui se défendent très certainement, et qui ont trait à la difficile problématique de l’archive. Quoi qu’il en soit, les documents inclus dans ce volume permettront de recontextualiser certains des textes publiés par Fanon de son vivant, mais aussi de nuancer et de complexifier certaines des positions théorico-politiques prises aujourd’hui au nom de la pensée de « Fanon » — positions qui ont d’ailleurs souvent émergé sur la base de lectures sélectives ou d’interprétations caricaturales et réductrices de ses œuvres. C’est dans la reconnaissance des contradictions et de la complexité du texte-Fanon, ainsi que de son contexte historico-politique, que sa pensée peut être ainsi ravivée au-delà de sa réification sous forme de mots d’ordre.

Source : Centre de Recherche du CEFRES

https://cefres.hypotheses.org/1656#more-1656

 

EXTRAITS PRESSE
Les éditions La Découverte viennent de faire un beau cadeau aux lecteurs et chercheurs passionnés par [l’œuvre de Fanon] : un recueil de textes inédits à ce jour, regroupant tout ce que l’auteur a écrit de significatif et qui permet de mieux comprendre sa pensée.
2015-10-29 – Philippe Triay – France 1ère

Ce livre passionnera donc les inconditionnels de Fanon. Les autres découvriront, sous l’icône révolutionnaire, un homme pétri de contradictions, critique farouche de l’assimilation, contempteur de la violence coloniale et de ses effets pervers sur la psyché du colonisé […]. En bref, un Fanon finalement moins « postcolonial » que de plain-pied avec son époque.
2015-11-01 – Le Point

Etrange et fascinant volume que ces Ecrits sur l’aliénation et la libertéde Frantz Fanon que, sous la direction de Jean Khalfa et de Robert J.C. Young, font paraître les éditions La Découverte. Etrange d’abord, car foisonnant, labyrinthique, presque excessif dans sa générosité […] Fascinant d’abord parce que les éditeurs ont fait le choix judicieux d’arrimer la parole proliférante de l’auteur à un appareil critique, tantôt clair, sobre et informatif, tantôt brillant, suggestif et audacieux (l’excellent commentaire des pièces de théâtre du tout jeune Fanon que déploie Young appartient à cette seconde catégorie). Mais jamais, pour emprunter une métaphore à George Steiner, le commentaire ne vient étouffer la pensée fanonienne, à la façon d’un lierre jaloux, escaladant, s’étoffant en étouffant le monument sur lequel il s’appuie. Toujours, l’explication adapte à l’œuvre son registre. Ensuite, et c’est la l’essentiel, fascinant en raison des textes eux-mêmes dont la prodigieuse variété n’atténue pas l’impression diffuse qu’une secrète unité les anime. On a toujours le sentiment d’une totalité commune, liant la thèse de psychiatrie aux écrits politiques parus dans El Moujahid au cœur de la guerre d’Algérie, connectant le style sincère et épuré des éditoriaux parus dans les journaux internes d’hôpitaux psychiatriques et celui, célère et organique, des pièces de jeunesse.
2015-11-02 – Norman Ajari – Les Indigènes de la République

Alors que Fanon aurait eu 90 ans cette année, ce second volume d’Œuvres, inédites cette fois, est loin de se limiter à la seule correspondance entre François Maspero et l’auteur des Damnés de la terre. Il donne à lire un Fanon à bien des égards nouveau, plus intime aussi. Celui d’une pensée en construction, mais toujours radicalement engagée aux côtés de tous les colonisés en lutte.
2015-11-05 – Olivier Doubre – Politis

La parution de ces Écrits sur l’aliénation et la liberté constitue un véritable événement éditorial, par le nouveau regard qu’ils permettent de porter sur la pensée de Fanon autant que par leur portée toujours actuelle, dans le champ psychiatrique comme dans le champ politique.
2015-11-09 – Franz Himmelbauer – contre-attaques.org

Connu pour son œuvre sur l’identité comme «Peau noire, masques blancs», l’intellectuel anticolonialiste était aussi un des précurseurs de l’ethnopsychiatrie. Un éclairage essentiel sur les rapports entre colon et colonisé
2015-12-16 – Sonya Faure – Libération

C’est une somme colossale. Près de 700 pages, rassemblées patiemment, « jour et nuit » pendant près de trois ans par le philosophe français enseignant au Trinity College de l’université de Cambridge de Jean Khalfa et le professeur de littérature comparée de la New York University Robert Young. Des dizaines de textes, inédits ou quasi inaccessibles, qui complètent l’oeuvre de Frantz Fanon et permettent à ceux qui la connaissent déjà de mieux l’appréhender en se plongeant dans ses articles psychiatriques, ses textes politiques – notamment ceux écrits aux côtés des combattants du FLN dans le journal El-Moudjahid publié à Tunis – ou encore ses pièces de théâtre. Un corpus qui dessine un contexte historique ou politique singulier. Sa correspondance avec son éditeur, François Maspero, révèle ainsi à quel point il pouvait alors être risqué de publier Fanon.
2016-02-15 – Séverine Kodjo-Grandvaux – Jeune Afrique