France- … Martinique: la dérive?

— Par Dominique Celma —

J’ai sous les yeux la dernière mise à jour du suivi du taux de vaccination dans la Caraïbe. Document publié par la firme Mitsy Ellis-Simpson / MJS & Associates reçu sur What’SAp . Dans cette liste, il y a quelques mois les Antilles francophones ne figuraient pas. Depuis le document est plus complet et je m’en félicite. Etabli par un organisme anglophone, qui nous intègre maintenant dans le monde caribéen.

Nous sommes parmi les cinq derniers de la liste : Martinique 15,19%, Bahamas 15,11%, St Vincent & Grenade, Jamaïque 6,16% et Haïti en lanterne rouge. Si j’ôte St Vincent & Grenade qui sont depuis des mois victimes de l’éruption de la Soufrière et Haïti dont la situation catastrophique actuelle ne permet sûrement pas d’adhérer à une campagne de protection sanitaire, nous pouvons nous féliciter de faire partie des trois derniers du classement. Ceci révèle d’après moi un lien très étroit que nous avons avec ces deux îles qui n’est cependant ni économique, vu notre haut niveau de vie dans la caraïbe, ni lié à notre politique de santé publique qui répond ici aux normes françaises voire européennes.

Les Bahamas d’après les informations glanées dans des documentaires télévisées sont fortement influencées par les évangélistes. La Jamaïque, que j’ai eu l’occasion de visiter alors que le reggae commençait à remporter un succès planétaire, avait déjà un pourcentage important de sa population vivant en marge de l’Etat Jamaïcain. Une population rejetant le système, développant sa propre culture, formant une société parallèle avec ses croyances, ses priorités, laissant à une minorité dynamique porter sur ses épaules l’économie du pays…

Ce document évoqué plus haut et mes souvenirs de voyages tant à la Jamaïque qu’en Haïti, m’amènent à cette réflexion qui peut surprendre :

– Comment sommes nous arrivés à être si proche de ces îles dans leur façon de penser et agir et d’atteindre, dans le cas du traitement de la Covid 19, des résultats ‘ solidaires ‘ aux leurs ? Comment en une cinquantaine d’années nous nous sommes éloignées à ce point de la France dont nous faisions partie ? Je me demande même, si dans l’esprit de notre population, nous pensons encore en faire partie ? Je m’interroge même s’il ne serait pas fondé de faire un troisième référendum pour que nous nous prononcions sur notre indépendance. Que nous manifestions clairement notre adhésion ou non aux valeurs de la France et de l’Europe.

Nous aurions pu prouver dans la situation actuelle que nous sommes encore partie intégrante culturellement, civiquement et politiquement de l’ensemble France- Europe en faisant presque aussi bien que la France avec ses + ou- 53% de vaccinés à l’heure actuelle.

Certains de nos hommes politiques nous incitaient, ayant atteint un grand âge, à faire preuve d’excellence comme ils en avaient fait preuve dans leur jeunesse. Nous aurions ainsi pu chercher à faire mieux que la population de l’hexagone exigeante, râleuse…

L’image que j’ai de nous Martinique et martiniquais est celui d’un bloc qui s’est détaché de la banquise et qui dérive. Cette image est peut-être déjà présente dans l’esprit de cette jeunesse qualifiée, qui s’efforce de faire preuve d’excellence, et que l’on déplore depuis quelques temps de ne pas voir « revenir au pays «.

Dominique CELMA