Football libéral ou keynésien ?

Le plus beau but était une passe, Jean-Claude Michéa, Climats, 146 p., 15 euros.

— Par Régis Soubrouillard, Marianne
le_+_beau_butIl a longtemps été de bon ton de dénoncer le football comme un « opium du peuple », opiacé anesthésiant de masses populaires (des « beaufs » évidemment) pas très éveillées, tout juste bonnes à crier et lever les bras à chaque rencontre entre un ballon en cuir et un filet. C’était notamment la thèse un peu mécanique de quelques sociologues ayant leurs entrées au Monde diplomatique. Non que l’exaltation sur commande de foules enfermées dans une enceinte n’ait pas un aspect terrifiant. Mais comme le rappelle Jean-Claude Michéa dans son dernier livre Le plus beau but était une passe, ce sport fascinant, parce que fondé sur « l’exclusion métaphysique de la main », fut le premier sport moderne dont les masses ouvrières britanniques se soient appropriées l’essentiel de la pratique sur fond de luttes sociales comme la conquête, par exemple, de la liberté du samedi après-midi. A méditer quand aujourd’hui des gouvernements s’affichant vaguement encore socialistes concoctent des lois pour assouplir les règles autour du travail dominical… L’historien marxiste Eric Hobsbawm définira même le foot comme « la religion laïque du prolétariat britannique ». Mais la condescendance des élites éduquées qui prétendent libérer l’horizon des « bas de plafond », qui constituent l’essentiel de la populace en tribune, est dépassée.

La libéralisation du football

Jean-Claude Michéa décrit l’évolution du football moderne et de son économie, ainsi que la transformation du regard posé sur le sport préféré des masses populaires. Le philosophe date le début du changement de regard de l’intelligentsia en 1995, avec l’entrée en vigueur de l’arrêt Bosman qui établit l’illégalité de quotas de sportifs communautaires. Dès lors, le football mondial devient un village et l’emprise de la logique capitaliste sur le sport ne fera que grandir, démonstration par l’exemple, après Gramsci, de la puissance d’intégration culturelle du modèle capitaliste.
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Le plus beau but était une passe, Jean-Claude Michéa, Editions Climats, 148 p., 15 €.