« Figures de l’animal ».

Le mardi 14 mai, à 18h, ESPE de Martinique

7° conférence du CEREAP, »Figures de l’animal« .

sur le thème
Intervenants : Lise Brossard, Frédéric Lefrançois et Henri Tauliaut.

Qu’est-ce qu’un animal ? La réponse à la question paraît simple : tout être vivant qui n’appartient pas à l’espèce humaine. Cette définition courte laisse pourtant des zones grises du coté du seuil où commence la vie et à l’autre bout où elle construit une frontière entre les espèces supérieures, dont la réalité s’amenuise sous l’effet de découvertes révélant des porosités tant en ce qui concerne l’habileté, que l’émotion, l’intelligence ou encore du langage.
Les récentes polémiques sur la souffrance animale, amplifiant celles antérieures portant sur l’usage des fourrures ou qualifiant de domination esclavagiste nos rapports aux animaux domestiques et plus encore familiers, montrent la fragilité et la complexité de notre position.
Les processus de civilisation visent en effet à construire un positionnement autonome par rapport à l’environnement qui réduit les risques dus à son instabilité et donc à l’égard des animaux quels qu’ils soient. Ils associent mise à distance, curiosité, appropriation carnivore, asservissement opportuniste ou sujétion affective.
La quête de l’exotisme et la recherche de la singularité par l’acquisition d’animaux à priori non adaptés au climat sous nos latitudes et moins encore à la vie citadine (pythons, caïmans et autres), confirment par leurs excès l’amplitude du processus.
Ces contacts multiples (plus adverses que complices), parfois marqués par la promiscuité, sont à la fois inévitables et nécessaires. L’humanité ne peut ignorer, ni se passer de cette relation vitale.
De l’insecte au mammifère, en englobant les poissons, les oiseaux ou les insectes, du minuscule au gigantesque, du familier à l’exotique, du compagnon du foyer à l’adversaire potentiel, les références abondent. L’animal, selon une intensité commandée par sa nature, est la figure radicale de l’altérité.
Il interpelle l’humanité sur la place qu’elle imagine être la sienne dans le monde.
Car l’animal complice ou menaçant, soumis ou rebelle, échappe à celui qui l’observe parce qu’il est porteur d’une irréductible étrangeté qui le maintient du coté du sauvage, voire du monstre. Une représentation latente qui handicape la familiarité domestique qu’on lui accorde. La bête reste tapie dans le corps du chien ou du chat.

Source : contemporaneitedelart