Avignon 2018 – « Le Misanthrope » – « Le comte de Monte-Cristo » – (Off)

Le Misanthrope, Molière,  m.e.s. Claire Guyot (Off)

— Par Dominique Daeschler —

Quelle belle idée que ce Misanthrope à la sauce politique ! traité tambour battant dans le texte de Molière, justement revigoré par ce coup de jeune ! Nous voilà dans les cabinets de ministre avec Alceste en « spin doctor ». Ça gesticule, ça communique, ça conspire ça flatte ! le pouvoir vous dis-je ! Pour qui connaît un peu le monde des éléments langage » du TTS (très très signalé), c’est un régal § Claire Guyot metteur en scène a su diviser son espace scénique de façon à rendre lisibles ses fonctions : q g, salon, bar de luxe. Les éclairages entrent astucieusement dans la construction du décor, apportant une dimension cinématographique à l’espace et en donnant un côté « people » aux acteurs. Pour Alceste, qui veut quitter le monde sans empathie de la politique reste un espoir ; entraîner la belle Célimène loin de cet « entre soi » grêlé de coups tordus. Fi donc ! Molière étant respecté jusqu’au bout Alceste se prend un râteau.
Tonique, insolent, faisant passer la primauté du politique ? le Misanthrope de Claire Guyot gagne nos voix haut la main, bien servi par une équipe de comédiens solides et solidaires dans le jeu.
Dominique Daeschler

Le comte de Monte-Cristo (Off)
Peur de rien pourraient dire les trois comédiens qui entrent dans la saga de Dumas, dans l’espace étriqué et sévère du théâtre du Roi René. Pour pimenter le tout ni décors ni costumes : seul un long manteau noir souple, permettant de nombreuses combinaisons sert quasi d’objet transactionnel. C’est parti et c’est vertigineux, joué comme un feuilleton qu’on n’aurait pas lu dans l’ordre. Et je te tiens en haleine et je finis sur un point d’interrogation suscitant l’image et l’imaginaire, ce qui correspond tout à fait à la mode de l’époque où tout roman de cape et d’épée paraissait d’abord en feuilleton dans un quotidien. Le recours au noir et blanc, façon Murnau, crée l’entrée dans le fantastique. De l’action, encore de l’action. Tout se transforme en un tour de mains avec un maximum d’astuce : et Monte-Cristo était un peu magicien dans son genre ! La comédienne qui tient le fil rouge du récit, mène ses acolytes sur le plateau comme un dresseur. C’est bonheur de partir avec eux. Au galop !

D Daeschler