Faut-il modifier le cadre juridique de la CTM ?

— Par Florent Grabin, président de l’association écologique PUMA —

La réglementation est, au sens large, un ensemble d’indications, de lois, de prescriptions, de règles et règlements, et autres textes juridiques régissant une activité sociale rédigée par les administrations compétentes ou les personnes mandatées. Toutefois, la Martinique est confrontée à l’application de la règlementation dont l’inadaptabilité évidente se trouve dans bon nombre de situations. C’est sans relâche que nous nous trouvons face à cette réalité qui, finalement, débouche sur des comportements regrettables pour notre environnement et pour notre cadre de vie.

Il y a depuis quelques jours un débat qui s’installe dans la sphère politique afin d’organiser un Congrès avec les élus qui devront mettre en place l’adaptation de différentes Lois et Règlements par la CTM.

Pourquoi pas ?

Pour réussir ce très ambitieux projet, il faudrait que nos élus prennent en considération chacun des messages émis par la population lors de la gestion de la crise sanitaire et lors du vote à l’élection présidentielle. Beaucoup trop de gens, en Martinique et en France hexagonale, confondent compétence et arrogance, excellence et privilèges, élitisme et favoritisme…

Cette promesse de changement ne nous dérange pas. Cependant, nous constatons que cette réflexion est exclusivement réservée aux élus, aussi, en attendant un éventuel élargissement à la société civile, nous, PUMA, soumettons à nos représentants la réflexion suivante : Comment faire pour adapter la réglementation quand certains, en charge de la faire appliquer, sont intellectuellement limités ? Il faut cesser de dénoncer comme de l’arrogance ce qui est de l’irritation devant les propos et comportements de certains politiques et administratifs, qui sont pris en défaut sur les moyens mis en œuvre pour l’application de la règlementation inadaptée aux réalités locales.

Les exemples sont nombreux, tels : la qualité et la distribution de l’Eau, l’assainissement, la récupération de l’Eau de pluie en rivière et en domestique, l’état et le tracé de nos routes, la gestion des déblais et remblais, etc…

La qualité et la distribution de l’Eau.

Nous avons souvent fait la démonstration de la très mauvaise qualité et distribution de l’Eau qui sont une compétence locale : que pourrait-on obtenir de plus avec le Congrès ? Dans ces conditions, nous espérons qu’enfin nos élus obtiendraient l’adaptation des analyses avec de la recherche innovante des pesticides y compris leurs adjuvants et composants hydrocarbures. Car, actuellement, il n’est recherché que la molécule de base qui n’est nullement le produit final vendu aux utilisateurs.

La distribution est victime de dérives que nos élus refusent d’endosser ; ce qui permet à l’État de s’abriter derrière la réglementation devenue un terrain de jeu où chacun se renvoie la balle. Avec de vraies analyses, il sera prouvé que durant des années l’État a imposé l’usage des pesticides qui se sont retrouvés finalement dans la consommation de l’Eau par la population.

Forte de ces résultats, la CTM pourra demander à l’État la réparation de tout notre réseau d’Eau et la prise en charge des pathologies lourdes liées à la consommation de ce cocktail de molécules.

L’assainissement.

Nous ne sommes pas à l’abri d’un délabrement de nos plages du fait de l’assainissement collectif et non collectif : situation connue de tous. Il est urgent de modifier la règlementation qui ne prend en compte ni la situation sociale de la population, ni la différence entre la zone tropicale et la zone tempérée sur laquelle est fondée ladite règlementation. Les signes sont visibles et démontrent l’incohérence des orientations imposées par les services de l’État.

La récupération de l’Eau de pluie en rivière et en domestique.

Aujourd’hui, plus personne ne peut nier que le changement climatique a pour répercussion le manque d’Eau. La règlementation actuelle interdit la valorisation des bassins naturels que nous avons connus dans nos rivières, jusqu’aux années 80. Nous sommes en zone tropicale avec des pluies diluviennes, ces bassins permettaient de retenir d’importants volumes d’Eau. Avec l’urbanisation et l’agriculture, ces bassins se sont remplis d’alluvions que nous avons le devoir de dégager pour leur redonner leur fonction primaire. L’idée qui consiste à créer des retenues collinaires n’est compatible ni avec notre topographie ni avec la nature de nos sols, d’où l’importance du changement de la règlementation en l’adaptant.

Quant à la récupération de l’Eau de pluie : il est paradoxal de constater le bricolage dans ce complexe dossier où certains confondent compétence et arrogance en faisant des entreprises intervenantes le banquier de la collectivité. La recherche d’excellence basée sur la méconnaissance du métier a généré une mise en difficulté de nombreuses entreprises et des installations parasites préjudiciables sanitairement à notre environnement. Une vraie adaptation de la règlementation évitera les privilèges, l’élitisme et le favoritisme.

L’état et le tracé de nos routes, la gestion des déblais et remblais.

Entre les normes Nationales, Européennes, et la réalité locale, il existe des inadéquations qu’il est urgent de remplacer. Cet état de fait mérite une adaptation, pour prévenir les dégâts liés aux différents aléas climatiques qui, inévitablement, vont modifier toute la morphologie de notre Martinique. On ne peut plus ignorer que l’élévation du niveau de la mer nous obligera à créer des digues pour protéger certaines parties basses de notre littoral. Dans le même temps, la CTM a voté d’importantes sommes pour relancer notre économie et la récurrente question de la gestion du déblai occasionné lors des différents chantiers reste plus que jamais d’actualité.

Il nous faut établir un vrai dialogue entre tous les acteurs de la Martinique : nos Politiques, les Services de l’État, le monde du BTP et les associations concernées par le sujet, afin de trouver l’impératif consensus, Pour Une Martinique Autrement, afin d’échapper à une nouvelle crise sociale dont toutes les conditions sont déjà remplies pour avoir une réaction très négative de la population.

Pour l’association écologique PUMA Le Président Florent GRABIN