Ensemble chorégraphique du Conservatoire National de Danse de Paris

Samedi 15 avril 19h30 – Tropiques-Atrium
L’Ensemble Chorégraphique est l’équivalent d’une compagnie professionnelle, mais dont les danseurs et danseuses de haut niveau sont en master d’interprètes au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, qui est une des meilleures écoles au monde.

Chaque année, ils et elles interprètent des pièces issues du répertoire de la danse néoclassique et de la danse contemporaine, ainsi que des créations commandées à des chorégraphes actuels.

Ce spectacle propose 3 pièces de chorégraphes : Trisha Brown, Jacopo Godani, Dominique Bagouet.

SET AND RESET / RESET (1983)
Auteure : Trisha Brown
Transmission : Kathleen Fisher
Musique : Laurie Anderson – “long time no see”
Costumes : d’après Robert Rauchenberg
Remerciements à Romain Pannasié pour le prêt des costumes
Lumières : d’après Beverly Emmons

Durée : 20’

La Trisha Brown Dance Company présente pour la première fois Set and Reset en 1983 à la Brooklyn Academy of Music (BAM) à New York. Cette pièce signature de la compagnie a confirmé Trisha Brown en tant que leader de la chorégraphie abstraite. Composée avec la complicité de Robert Rauschenberg à la scénographie et aux costumes, et celle de Laurie Andreson à la musique, cette pièce marque la consécration de la gestuelle fluide de la chorégraphie et de ses trajectoires complexes. Comme si le corps était la matérialisation d’un flux continu, l’eau d’une rivière en mouvement.

Trisha Brown est née en 1936 à Aberdeen (État de Washington) sur la côte ouest des États-Unis. Après une formation en modern dance notamment, et lors d’un atelier chez Anna Halprin à San Francisco, elle rencontre Simone Forti et découvre les tasks [tâches], principe d’improvisation
et de composition à partir de consignes de mouvements ordinaires. En 1960, elle s’installe à New York, suit l’atelier de composition de Robert Dunn et, aux côtés de Robert Rauschenberg, Yvonne Rainer, Steve Paxton, Deborah Hay, David Gordon, elle participe au Judson Dance Theater,
expérimental et pluridisciplinaire creuset de la post-modern dance. Elle fonde sa compagnie en 1970. Elle pratique l’improvisation structurée et explore des approches aujourd’hui qualifiées de « somatiques », qui favorisent la disponibilité maximale du corps par la conscience de sa mécanique. Selon des questionnements successifs, Trisha Brown évolue d’un cycle de recherche au suivant : Equipment Pieces, Accumulations, Unstable Molecular Structures, Valiant Works, Back to Zero, Music Cycle. Elle dépasse « officiellement » le cadre de la chorégraphie en abordant en 1998 la mise en scène d’opéras de Claudio Monteverdi à Jean-Philippe Rameau en passant par Salvatore Sciarrino. Elle est aussi reconnue pour son œuvre de plasticienne, la Documenta de Kassel l’invite en 2007, le Walker Art Center de Minneapolis en 2008, le Musée d’Art Contemporain de Lyon en 2010…

METAMORPHERS (2016)
Auteur : Jacopo Godani
Transmission : Michael Ostenrath
Musique : Bela Bartok Spring Quartet N°4
Concept visuel, costumes, lumières : Jacopo Godani
Costumes : atelier costumes du conservatoire

Durée : 25’
Dans Metamorphers , Godani a frappé le Quatuor à Cordes Nº 4 de Béla Bartók(1928). Les quatuors à cordes de Bartók sont reconnus comme le couronnement de la musique de chambre du XXe siècle. L’influence et l’héritage dans la musique contemporaine de ces créations musicales inédites sont multiples. Ils présentent des défis particuliers pour les musiciens, les interprètes et les auditeurs. Pour Diego Ramos Rodríguez, violoniste de l’Ensemble Modern, leur richesse rythmique, mélodique et texturale et leur complexité complexe les limites de la partition écrite et ne se traduisent qu’au cours d’une intense expérience d’interprétation et d’écoute .

Bartók, l’un des compositeurs et penseurs musicaux aux plus importants du XXe siècle, a démontré son génie à travers les cinq mouvements en miroir du quatrième quatuor.Chacun des cinq mouvements a sa propre idiosyncrasie distinctive et porte l’idée de la syncope musicale à la plus haute perfection. Une musicalité dominante envahit la chorégraphie et reflète la composition de Bartók tandis que Godani joue avec le naturel et la spontanéité, embrassant une énorme configuration de matériel chorégraphique. La syncope n’est pas seulement dans la musique, mais aussi dans la relation entre les pas et la musique ; ils se syncopent et se complètent. La chorégraphie visualise le puzzle de la partition, permettant aux deux univers de converger. Metamorphers est incontestablement une œuvre musicale : la danse y devient la mélodie de la musique.

Chorégraphe de renommée internationale, Jacopo Godani est né à La Spezia, en Italie, où il a commencé à étudier le ballet classique et les techniques de danse moderne en 1984 au Centro studi Danza sous la direction de Loredana Rovagna. Il poursuit également des études en arts visuels à l’Académie des Beaux-Arts de Carrare, et poursuit ses études au centre international de danse Mudra de Maurice Béjart à Bruxelles.
Godani a fait ses débuts professionnels en 1988 en se produisant avec plusieurs compagnies de danse contemporaine basées à Paris. En 1990, Godani forme sa propre compagnie bruxelloise et débute sa carrière chorégraphique. De 1991 à 2000, Godani a été l’un des principaux solistes du Ballet de Francfort de William Forsythe et a collaboré avec Forsythe à la création chorégraphique de nombreuses pièces les plus représentatives du Ballet de Francfort.
Godani a développé sa carrière en tant que chorégraphe en créant des œuvres originales pour une vaste gamme de compagnies internationales telles que Royal Ballet Covent Garden, Bayerisches Staatsballett, Compañía Nacional de Danza, Nederlands Dans Theater, Royal Danish Ballet, Semperoper Ballett, Sydney Dance Company, « The Project  » Opéra israélien & Centre Susanna Dellal, Het Nationale Ballet, Aterballette, Les Ballets de Monte Carlo, Cedar Lake Contemporary Ballett.
Jacopo Godani a été nommé directeur artistique et chorégraphe de la Dresden Frankfurt Dance Company à partir de la saison 2015/2016.
Le travail de Godani est sophistiqué tout en restant très physique et brut. Il utilise le travail collectif comme un seul organisme d’une manière très articulée. Godani conçoit toutes les étapes du travail depuis la chorégraphie initiale jusqu’à la conception des espaces, des objets, des environnements et des décors scéniques où se déroulent ses actions, écrit les textes et les concepts de son travail dramaturgique, stylise l’image des interprètes qui conçoivent les costumes, conçoit et développe des moyens innovants d’utiliser l’éclairage, la vidéo et les projections, et crée/édite la musique de certaines de ses pièces. Godani a formé une équipe de professionnels partageant les mêmes idées pour collaborer au développement d’idées originales appliquées à tous les domaines qui nécessitent un concept créatif et innovant pour refléter la perspective progressiste de notre monde contemporain.

EXTRAIT DE NECESITO, PIECE POUR GRENADE (1991)
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Reconstruction chorégraphique sous la direction de Rita Cioffi avec les interventions de Olivia Grandville, Sylvain Prunenec et Fabrice Ramalingom
Musiques : Sven Lava-Pohlhammer ; Luis Segura ; Angel Vasquez
Lumières : Manuel Bernard
Costumes : Cathy Garnier

Doux clapotis des fontaines dans les patios, gravité et sensualité des chants arabo-andalous, humanité frondeuse du groupe GasGasGas dont le guitariste, Sven Lava Pohlhammer, était déjà aux côtés de Bagouet pour « F. et Stein » au début des années 1980. « Necesito », dernière création du chorégraphe, fut filmé à l’initiative des Carnets Bagouet, après sa mort.

Inspirée de l’histoire de Grenade, la pièce renvoie aux premiers émois de Dominique, petit garçon, regardant émerveillé un spectacle de flamenco sur les « ramblas » de Barcelone. Les danseurs s’amusent et grimacent comme dans « Jours étranges », et déploient leur danse avec toute la sérénité d’enfants qui s’appliquent et découvrent l’univers des possibles. Si « Necesito » est l’un des plus beaux films de danse qui soit, c’est sans doute parce que Charles Picq a utilisé sa caméra comme s’il s’agissait de son propre regard, s’attardant, s’éloignant ou s’approchant de la scène, et dialoguant avec la chorégraphie, les danseurs et les musiciens. Restituant, autrement dit, le plaisir du spectacle vivant.

Source : Fabienne Arvers in « Images de la culture n° 19 » – janvier 2005

Dominique Bagouet est un danseur et chorégraphe français né le 9 juillet 1951 à Angoulême et mort le 9 décembre 1992 à Montpellier. Il fut une grande figure de la danse contemporaine et de la nouvelle danse française.
Biographie
Dominique Bagouet entame une formation en danse classique à Cannes, dans l’école de Rosella Hightower, et obtient ses premiers engagements au Ballet du Grand Théâtre de Genève dirigé par Alfonso Cata, où il danse le répertoire de Balanchine. Après une période où il est interprète chez Félix Blaska, puis chez Maurice Béjart à Bruxelles, il découvre l’enseignement de Carolyn Carlson à l’Opéra de Paris, celui de Peter Goss, et fait partie de Chandra, le groupe d’anciens danseurs de Mudra.
En 1974, il part pour les États-Unis où il acquiert les techniques de Martha Graham et de José Limón avant d’aborder la danse postmoderne avec Merce Cunningham, Trisha Brown et Lar Lubovitch, entre autres.
De retour en France en 1976, il présente sa première chorégraphie, Chansons de nuit, au Concours de Bagnolet, pour laquelle il obtient le premier prix. Il fonde la compagnie Dominique Bagouet et s’établit à Montpellier où il devient directeur, dès 1980, de l’un des premiers Centres chorégraphiques régionaux (devenu Centre chorégraphique national en 1984).
Dès lors les créations s’enchaînent. En 1981, il crée le premier Festival international Montpellier Danse. Pour l’accompagner dans ses créations chorégraphiques, il fait appel à de nombreux artistes, des musiciens comme Gilles Grand, Denis Levaillant, Tristan Murail, Pascal Dusapin mais aussi des plasticiens comme Christian Boltanski, William Wilson ou Christine Le Moigne. Il se soucie particulièrement de l’enseignement et de la formation du danseur et il élabore le projet d’aménagement du bâtiment des Ursulines pour le développement du Centre chorégraphique.
Dominique Bagouet est au cœur du renouveau de la danse d’auteur des années 1980, mouvement également appelé nouvelle danse française. L’association Les Carnets Bagouet, créée après sa disparition en 1992 par les membres de sa compagnie (notamment Olivia Grandville), préserve et diffuse son œuvre sous diverses formes. Bagouet est désormais entré au répertoire de nombreuses troupes en France et à l’étranger (Ballet de l’Opéra national de Paris, Lyon Opéra Ballet, ballet du Grand Théâtre de Genève1, Dance Theater of Ireland).
Dominique Bagouet meurt en 1992 du sida alors qu’il était sur le point de commencer les répétitions de Noces d’or, en l’honneur des 50 ans de mariage de ses parents. Cette création est reléguée au stade de projet. Treize ans plus tard, Marie-Hélène Rebois fait revivre dans un film documentaire un portrait de l’artiste et ce qu’aurait été l’œuvre ultime du chorégraphe.
Le récit d’une représentation posthume de sa pièce Jours étranges ouvre la pièce-hommage Les Idoles de Christophe Honoré.
Dominique Bagouet est enterré au cimetière de Bardines d’Angoulême.

Source : Wikipedia