Encore une autre pollution de l’eau du robinet.

— Par Florent Grabin, président de l’association écologique P.U.M.A. —

Qu’en est-il pour la production de l’eau de boisson en Martinique ?

Selon l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail), il existe des PFAS qui sont des molécules très persistantes, bioaccumulables largement répandues dans l’environnement, et qui peuvent présenter des effets néfastes sur la santé (notamment des perturbations endocriniennes, des cancers, etc.).

Les PFAS, aussi appelées ‘’polluants éternels’’ représentent une vaste famille de plusieurs milliers de composés chimiques. Antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs, ces substances sont beaucoup utilisées depuis les années 1950 dans diverses applications industrielles et produits de consommation courante : textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, gaz réfrigérants, revêtements antiadhésifs, cosmétiques, dispositifs médicaux, produits phytopharmaceutiques, etc.

Les très nombreux PFAS ont comme point commun d’être persistant dans l’environnement en raison de la solidité des liaisons carbone-fluor qu’ils contiennent. Ainsi, le PFOS (sulfonate de perfluorooctane) et le PFOA (acide perfluorooctanoïque), dont les usages ont été très fortement restreints au niveau international, respectivement depuis 2009 et 2020, sont encore fréquemment retrouvés dans l’environnement ; par ailleurs, leur dégradation dans le milieu naturel peut conduire à générer des substances qui, bien qu’ayant des chaînes carbonées plus courtes, suscitent les mêmes préoccupations. A ce jour il n’y a pas de seuil règlementaire de fixer par l’ANSES.

Qu’en est-il pour la production de l’eau de boisson en Martinique ?

La Martinique a connu un épisode très scandaleux de pollution chimique ces dernières années que nous PUMA avions pris en relais des travaux menés par feu Pierre DAVIDAS, secrétaire général dans les années 90 de l’association écologique APPELS.

Constatant la sourde oreille de nos différents services locaux ainsi que leur inertie, nous avions en 2007 organisés à Paris avec le cancérologue, le Professeur Dominique BELEPOMME, une conférence de presse, afin de dénoncer les pratiques agricoles avec l’usage des pesticides, dont la Chlordécone, le traitement humiliant, les brimades, et autre vexation à notre égard par certains. L’internationale retentissement de cette médiatisation a permis la prise de conscience des effets négatifs sur notre santé et sur l’environnement. Depuis, la production de bananes a réduit de plus de 80% l’usage de ces différents pesticides dans da filière.

Afin de tenter de protéger la population, des modules de filtration, dont le charbon actif ont été introduits dans le traitement de l’eau du robinet, avec pour conséquence un surenchérissement du cout de dernier. Cependant, en termes de santé, la morbidité exponentielle que l’on peut constater interpelle et inquiète de nombreuses familles. Le silence de nos dirigeants interpelle à plus d’un titre, d’autant qu’ils sont nombreux à être eux-mêmes des victimes de ces maladies environnementales.

Une fois à la retraite, le devoir de réserve des ex-agents n’est plus une rigueur et les langues se délient. PUMA, est un témoin privilégié de ces comportements. Ce déblocage permet de comprendre comment mettre en place une stratégie afin d’agir au mieux pour tenter de faire bouger les lignes.

Concernant les ’polluants éternels’’, nous affirmons que nous ne sommes nullement à l’abri, ce qui nous a motivés à demander à Mr le Préfet de la Région Martinique de bien vouloir nous tenir informés des mesures qui ont été prises afin de protéger la population locale. A ce propos, la Directive Européenne 202/2184 fixe le futur seuil Français qui s’appliquera à partir de janvier 2026 sur le plan du contrôle dans les eaux de consommation humaine (EDCH).

En cette période de campagne électorale en vue des élections municipales, il n’est pas superfétatoire de rappeler la responsabilité du Maire que fixe le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) en ses articles L.2212-2 (Sécurité Publique), L.2224-7 Service d’eau potable) et L.2224-7-1 (schéma de distribution d’eau potable) et le Code de la santé publique : articles L.1321-1 à L.1321-10 et R.1321-1 à R.1321-66 relatifs aux eaux destinées à la consommation humaine.

Nous lançons un appel pour que chaque Maire élu.e soit celui qui contribuera à répondre aux attentes de la population, en plaçant l’eau au cœur du mandat 2026-2032 !

L’eau est avant tout un sujet local, et les enjeux ‘’eau et assainissement’’ de chacune des communes ne sont pas ceux d’une autre. Dans tous les cas, agir pour l’eau c’est faire des propositions concrètes pour l’attractivité et le développement des communes.

Face à ces enjeux, l’Union des Industries et des entreprises de l’Eau, dont les 220 entreprises membres sont au service des collectivités territoriales partout en France, présente 10 propositions étayées par un panel de solutions concrètes à la portée des communes de toutes tailles. (Document en pièce jointe)

A charge pour les électeurs locaux de demander aux différents Maires sortants, leur bilan pour préserver la santé de la population. Quant aux potentiels candidats, ils ne peuvent pas échapper à cette notion de la responsabilité, d’où l’intérêt de leur poser la question sur ce qu’ils pensent faire pour l’amélioration du réseau d’eau et assainissement ?

La recherche scientifique ayant énormément évolué a permis de comprendre les conséquences de ces polluants dans notre alimentation. Les suites sont incalculables dans notre vie !!! Les nombreuses victimes sont atteintes de pathologies graves ! Elles sont prises en charge afin d’alléger leur souffrance et pour les plus chanceux espérer la guérison. L’existence de tous ces polluants connus de tous, cette alimentation à base d’hormones de croissance et de toute la mal bouffe, nous pousse, PUMA, à faire reconsidérer le principe de réalité afin de mettre en place un vaste programme de prévention sanitaire.

Dans le même temps, nous continuons à interpeler ceux qui sont en charge de la veille écologique dans les différentes administrations, en leur rappelant qu’ils sont dans le même bateau que tout le reste de la population, ainsi que le pollueur-payeur qui encoure une lourde condamnation pour la ‘’mise en danger de la vie d’autrui’’ et ‘’la dégradation de l’environnement’’.

Nous avons tous l’impérieux devoir de nous préoccuper en veille permanente sur la santé publique afin de protéger les générations présentes et futures Pour Une Martinique Autrement.

Pour l’association écologique PUMA

Le Président

Florent GRABIN