Elections présidentielles et Cie :ou « Qu’est-ce que la politique ? »

— Par Philippe Pierre-Charles pour le « Groupe Révolution Socialiste » — 
Pour une militante ou un militant politique digne de ce nom, la politique c’est le combat pour l’amélioration du sort du plus grand nombre au bénéfice des générations d’aujourd’hui et de demain. Pour une politicienne ou un politicien, la politique se réduit aux élections. Mais il y a pire : pour ce beau monde les élections n’auraient rien à voir avec la lutte des classes qui d’ailleurs n’existerait plus depuis le dix neuvième siècle !
Ainsi se trouveraient évacuées toutes les questions concernant la façon dont le petit peuple gagne sa vie, sa situation matérielle et morale. Or, en évacuant tout cela d’un revers de main aristocratique, que reste-t-il ? il reste les phrases creuses, les promesses démagogiques, le combat des égos, la lutte des places. Trop souvent le spectacle des empoignades pour ambitions personnelles ou politiciennes envahit tout l’espace, entrainant avec lui le dégout pour la chose politique. Mais dans les périodes de crise politique comme celle que vit en ce moment la France (et de façon moins spectaculaire, la Martinique), rien ne peut plus être caché sous les tapis. Alors la lutte des classes apparait dans toute sa nudité.
Tendez l’oreille en ce moment : faut il supprimer les 35h (Fillon), laisser la question au libre choix du patron dans l’entreprise (Macron) ou passer aux 32 h ( Hamon Mélenchon, Poutou) ? faut-il livrer les « petits risques » de maladie aux assurances privées ( Fillon première version) ou généraliser la sécurité sociale en la remettant aux mains des travailleurs-ses ( Poutou, Artaud) ? faut il maintenir la médecine comme activité mue par le profit (tous les candidats bourgeois) ou s’orienter vers les maisons de santé publiques (Poutou) ? Faut il expulser les immigré e s de façon plus ou moins brutale (Le Pen et la grande majorité des autres) ou les accueillir (Poutou, Artaud) ? Faut-il maintenir le smic à son indigence actuelle ou l’augmenter de façon plus ou moins conséquente (Mélenchon, Poutou, Artaud)? On pourrait continuer sur les autres sujets. Les tenants de la disparition de la lutte des classes nous montrent qu’ils la pratiquent san manman dans ces élections comme dans leurs pratiques quotidiennes. Il est donc mensonger le discours qui prétend que ces questions ne sont pas le cœur même de la politique, qu’elles ne seraient « que » (sic) syndicales ! L’ironie c’est que ce sont les mêmes qui accusent les syndicats de « faire de la politique » quand ils s’engagent avec raison dans la lutte contre les politiques anti-ouvrières des gouvernements bourgeois !
En faisant le silence sur de tels enjeux, en détournant le regard des élections françaises, en ignorant superbement ces questions dans leurs programmes électoraux, au nom du « patriotisme », ces messieurs et dames les politiciens jettent un voile pudique sur l’affrontement des intérêts sociaux antagoniques ! C’est une façon de nous dire leur acceptation du plafond de verre imposé par le pouvoir colonial : on gère ce que le pouvoir capitaliste colonial veut bien laisser en attendant, plutôt  sagement d’ailleurs, le jour j de « l’article 74 ».
Cette fausse sagesse ne vaut pas grand-chose. Le spectre hideux du Lepenisme que les élections nous jettent au visage n’est plus seulement une affaire de « blan frans » ou de békés attardés. Oui il y a Marine Le Pen cette racis colonialist abiyé an moun mais il y a aussi lé ti sousè à la Juvénal Rémir ! Cela nous rappelle la nécessité de briser dans l’œuf le populisme néo-fascisant qui essaie de prendre pied chez nous. La même actualité nous enseigne que les petites moyennes et grandes corruptions qui soulèvent le peuple en Corée du sud et renversent les gouvernements en Roumanie sont un terreau pour l’extrême droite si elles ne sont pas combattues avec fermeté par les forces saines du mouvement populaire. Les combats qui nous attendent seront rudes quel que soit le résultat des joutes éléctorales. Que personne ne nous en veuille de reprendre le slogan de la CDMT : « 2017 :annou maré ren nou pou rézisté »
Pour le « Groupe Révolution Socialiste » Philippe Pierre-Charles