Droits de l’homme. Le Prix Vaclav Havel attribué au Turc Osman Kavala

Le Prix Václav Havel pour la dissidence créative, instauré en 2012 par la Human Rights Foundation (HRF) basée à New York, célèbre des individus courageux et créatifs qui s’opposent à l’injustice et vivent dans la vérité. Ce prix, nommé en l’honneur du célèbre dramaturge et homme politique tchèque Václav Havel, décédé en décembre 2011, a été créé en collaboration avec sa veuve, Dagmar Havlová.

Osman Kavala, un défenseur des droits de l’homme turc emprisonné depuis 2017, est une figure emblématique de la société civile. Sa condamnation à la prison à vie en avril 2023 l’a transformé en symbole de la répression contre la société civile en Turquie. Il avait consacré des années à défendre les droits des minorités et à promouvoir le dialogue sur des questions socialement clivantes.

Né en 1957 à Paris, Osman Kavala a étudié l’économie au Royaume-Uni avant de prendre la tête de l’entreprise familiale en Turquie. Par la suite, il s’est tourné vers l’édition, l’art et la culture, fondant notamment la maison d’édition Iletisim en 1982, l’une des plus prestigieuses de Turquie, consacrée à la démocratisation du pays. En 2002, il a créé la fondation Anadolu Kültür, qui s’efforce de permettre à la société turque de débattre de sujets sensibles, notamment le génocide arménien et la question kurde.

Osman Kavala a également contribué à la création d’un centre culturel, le Depo, en transformant un ancien dépôt de tabac en un lieu ouvert à toutes les idées intéressantes. Son engagement pour la société civile l’a conduit à soutenir diverses organisations et projets culturels, en particulier ceux liés aux droits des minorités.

Cependant, sa participation présumée aux manifestations du parc Gezi en 2013 l’a mis dans la ligne de mire du gouvernement turc. Les accusations portées contre lui, notamment celle de tentative de renversement du gouvernement, ont été largement critiquées pour leur manque de preuves concrètes. Malgré son acquittement dans l’une des affaires en 2020, Osman Kavala a été immédiatement arrêté à nouveau, cette fois pour des accusations d’espionnage politique et militaire liées à la tentative de coup d’État de 2016.

La condamnation de Kavala a suscité des critiques internationales, notamment de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), qui a demandé sa libération immédiate. La CEDH a également réprimandé la Turquie pour sa détention abusive et le non-respect de ses droits. Malgré ces pressions internationales, la situation d’Osman Kavala reste inchangée, condamné à une peine de prison à vie.

Le prix Václav Havel décerné à Osman Kavala témoigne de la reconnaissance internationale de son combat en faveur des droits de l’homme et de la société civile en Turquie. Cependant, sa détention persistante et sa condamnation injuste soulignent également les défis auxquels sont confrontés les défenseurs des droits de l’homme dans des environnements politiques hostiles. La Turquie est également sous le feu des critiques pour ses récentes décisions judiciaires controversées et son refus de respecter les décisions de la CEDH, ce qui a des implications sur ses relations avec l’Union européenne et d’autres institutions internationales.

M’A avec dépêches d’agences