De Fausses Vérités et de Vrais Mensonges

Chapitre 1

Interview avec Eduardo MARINHO , philosophe, écrivain, artiste, et, par-dessus tout, humaniste.

Le scrutin pour l’élection du Président de la République du Brésil s’est déroulé les 7 et 28 octobre 2018.

Jaïr BOLSONARO a été élu avec 55,13% des votes exprimés. Il a pris ses fonctions le 1er Janvier 2019.

Qui est Bolsonaro ?

Eduardo Marinho –

Pendant son mandat de député, et avant qu’il ne soit choisi par son parti comme candidat à la présidentielle, j’étais sûr qu’il ne ferait pas long feu. Pour le faire tomber, il suffisait de le laisser parler devant un micro : que des paroles atroces et choquantes. Pour tout le monde, moi y compris, il n’avait aucune chance. Alors ses « metteurs en scène » ont anticipé son échec annoncé, et ils lui ont imposé une parole surveillée et contrôlée. Bolsonaro est complice du système criminel qui l’a porté à la Présidence. Et en tant que tel il est protégé pas ce système. Peu importe si son comportement atypique choque. L’intérêt de sa candidature était de faire barrage à l’opposition, la gauche. Une opposition qui, pour la sphère économique et financière dominante, donnait les moyens aux pauvres d’avoir accès aux études supérieures. Cela s’avérait être une grande menace pour le système établi par l’élite brésilienne : chefs d’industrie, grands propriétaires terriens, monde de la finance, grandes familles riches du Sud du pays.

Pour ce qui concerne l’attentat pendant la campagne électorale, où il prend un coup de couteau dans la foule, personne n’a jamais su la vérité, et lui-même n’a jamais rien dit. Un faux attentat. Mais il est alors devenu un mythe, et le mythe a été élu. Bolsonaro n’a jamais rien dit non plus sur son programme de campagne. Rien ! Parce qu’il n’en avait pas. Parce qu’il n’en a jamais eu. Le vrai programme appartient au mégas entrepreneurs, aux marchés financiers. A ceux qui veulent mettre le pays à genoux.

Bolsonaro avait le profil, le physique du rôle pour cette caste brésilienne. Comme toutes les castes dirigeantes des pays qui ont été colonisés, elle méprise et soumet ses propres concitoyens. Et elle défend ses privilèges, elle est indifférente, et profite de la misère tout en utilisant les bannières et les armes du racisme, de l’homophobie…

Bolsonaro est le représentant de la classe dominante de ce pays , et dans son rôle de Président, il défend les intérêts de cette « élite ». Pour la première fois nous avons un Président en accord dans ses actes avec ce qu’il dit. Il est violent, activiste, il n’est pas sensible aux problèmes de la société. Comme jadis au temps des colonies, Il est aux ordres des explorateurs, des colonisateurs, des très riches, et rien d’autre.

Je ne crois pas qu’il restera longtemps au pouvoir parce qu’il va trop loin. Son programme c’est de maintenir les classes les plus pauvres encore plus pauvres.

Je n’ai pas été étonné pas son succès électoral. Je pense que le parti-pris des électeurs c’était de battre un gouvernement soi-disant de gauche, qui n’a pas changé avec la structure de la société, et qui, en ouvrant les vannes du consumérisme a saigné les veines des populations pauvres, sans une véritable implantation de culture et d’information… De la poudre de perlimpinpin. C’est pour cela que la gauche a été battue.

Avec Bolsonaro, on parle de l’idéologie d’un système corporatif d’une société dominante dont la seule préoccupation est de défendre les intérêts impériaux, comme les colonisateurs l’ont fait auparavant. Et pas la vie, pas l’humain. Ce qui leur importe c’est l’exploitation extrême des populations, la finalité est la misère… La libéralisation des armes n’a d’autre but que d’atteindre cette finalité : la guerre dans la rue, les gens qui s’entretuent , la peur, pendant que les profiteurs tirent les ficelles, bien à l’abri dans leurs palaces forteresses.

Les actions humanitaires qui avaient été implantées par la gauche, partout dans le Brésil, pour venir en aide aux populations défavorisées ont été interrompues. Les médecins, venus de Cuba pour permettre un accès aux soins de toute la population dans les contrées les plus reculées du pays , ont été renvoyés à Cuba. Les arguments : toute action au service des plus nécessiteux est considérée comme un acte communiste.

L’ignorance du Président Bolsonaro touche au plus obscur de la nuit.

Propos recueillis par Gambiarra TV – Belo Horizonte – Brésil

Traduction de Leelabra