« Dans la cour » : le don de toit

Pas programmé en Martinique

—Par Sorin Etienne —

dans_la_courAvec son dernier film, Pierre Salvadori signe une comédie dépressive sur un immeuble gagné par la mélancolie. Avec Gustave Kervern et Catherine Deneuve, tous les deux merveilleux.
«Les films devraient refléter la possibilité d’être un humain sur la terre.» Pierre Salvadori aime bien cette phrase de Serge Daney. Elle touche une note fondamentale chez ce metteur en scène de comédies planantes, glissantes, dérapantes, qui décollent de la réalité pour essayer des possibilités inédites d’être humain, à coup d’arabesques fantasques. «J’ai souvent filmé des gens qui n’ont pas le mode d’emploi», dit le cinéaste des Apprentis, Comme elle respire, Après vous…, De vrais mensonges. Il récidive avec son nouveau film.

Dans la cour, conte de la folie ordinaire où la folie est plus poétique que pathologique. La caméra s’installe dans un immeuble parisien en même temps que le nouveau gardien, Antoine (Gustave Kervern, tout en douceur bienveillante et en vulnérabilité). Antoine a quitté son ancienne vie de musicien (mais pas le dangereux réconfort de la drogue) et choisi ce poste pour trouver un peu de tranquillité intérieure, se disant que manier chiffons et produits d’entretien, s’absorber dans des occupations concrètes, l’empêcherait de penser à lui-même. Mais le voilà au centre de tous les troubles et de toutes les bizarreries véhiculées par les habitants du lieu.

À commencer par Mathilde (Catherine Deneuve, merveilleusement drôle et émouvante), retraitée hyperactive, exagérément dévouée aux autres selon son mari (Féodor Atkine), qui va basculer dans l’angoisse et la dépression. Dans la cour peint ce petit monde de névrosés absurdes et cocasses – mais pas plus que vous et moi – avant de se transformer en une parabole plus mystérieuse sur la générosité et le don de soi. Au cours du film, le dosage entre comédie et drame s’inverse insensiblement, pour aller vers les notes graves, presque mystiques, de la fin. En s’en allant, Antoine ramènera Mathilde vers les autres.

Lire la suite sur Lefigaro.fr

http://www.lefigaro.fr/cinema/2014/04/22/03002-20140422ARTFIG00225–dans-la-cour-le-don-de-toit.php

 

http://www.lefigaro.fr/cinema/2014/04/22/03002-20140422ARTFIG00225–dans-la-cour-le-don-de-toit.php