Coronavirus : pourquoi l’économie doit se préparer au pire ? ​

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

De nombreuses usines sont toujours à l’arrêt en Chine, l’atelier du monde. Des villes sont confinées sur l’ensemble du territoire Italien et les secteurs des transports( tant aériens que maritimes) et du tourisme souffrent sérieusement d’une crise qui vire à la psychose. Preuve de l’incertitude qui règne, les bourses mondiales s’écroulent et la panique gagne toute la sphère publique. Au micro d’Europe 1, Étienne Sebaux, associé au cabinet Kearney France, a mis en avant notre dépendance à la Chine et craint l’«effet domino». D’après lui, «c’est une crise économique majeure qui s’annonce».

Coronavirus et Crise économique, lorsque l’inimaginable se profile en duo  prêt à exploser avec un mix aussi inattendu que dévastateur. 

Notre société est sur un point de bascule. La chute vers l’abîme se précise avec le krach boursier en cours . La crise économique est imminente, car tout simplement la dette publique et privée est au plus haut insoutenable et que la récession mondiale se dévoile.

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Comment croire à la chute annoncée d’un pays riche, comme l’Italie ? Peut-on imaginer une communauté aussi riche que l’Europe au bord du gouffre ? Nous Antillais rêvions de paix et de prospérité au sein d’une Europe forte et puissante économiquement . Se profilent à l’horizon, pour la décennie à venir, de graves crises économiques et sociales : les indicateurs et les ressorts de ce phénomène sont en place. Je crains que cette crise à venir ne frappe à terme avec violence l’économie Antillaise .

Les Guadeloupéens et Martiniquais ressentent déjà des effets au travers du chômage qui les touche, mais de plus, c’est l’impact mesurable au quotidien de cette crise qui s’abat sur les entreprises françaises qui fait peur . Une récession qui pointe le bout du nez et un taux de chômage qui augmente, c’est une France au point mort et une Martinique et une Guadeloupe en crise sociale.

La situation économique s’aggrave en Europe et ce que les hommes politiques ne nous disent pas actuellement, c’est que nous nous dirigeons vers la déflation, caractérisée par une inflation négative accompagnée d’une croissance négative. Ce terme de déflation fait peur, à juste titre. Nous avons déjà analysé ce phénomène de déflation dans nos précédents articles. Avec cette crise du coronavirus, la situation va dégénérer bientôt en une baisse des prix qui se nourrissant d’elle-même, nous entraînera dans une récession encore pire que celle que l’on a connue en 2008. En effet, en cas d’inflation négative, le poids des dettes et des intérêts des dettes, privées ou publiques, ne sont pas grignotées chaque année par le taux d’inflation positive mais au contraire augmentent ! Le fardeau de la dette dans un pays comme l’Italie ou le poids de la dette public ou privée se situe entre 100 et 200% devient alors lourd, très lourd à porter.

L’économie déroule alors sa mécanique à l’envers: le poids de la dette s’alourdit, les recettes fiscales baissent, les salaires décroissent sous le poids de l’inflation négative et d’une croissance négative et une spirale d’insolvabilité de l’Etat et des entreprises se met alors en place. L’Europe risque fort de basculer de la faible croissance à la récession ;c’est  la théorie des anticipations rationnelles  qui veut que les consommateurs, anticipant la baisse des prix, vont reporter leurs achats, et que ce report par lui-même va provoquer une nouvelle baisse des prix qui, elle-même étant anticipée, se traduira par des reports supplémentaires de consommation, et ainsi de suite. Les actifs financiers,  baisseront alors très fortement  avec le risque de bulles immobilières et l’Europe rentrera alors en déflation : croissance négative et inflation très négative… Il faut nécessairement que chacun comprenne que  la crise actuelle survient dans un contexte inflammable de guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis et la montée des populismes sur fond d’évolution démographique, de crise migratoire et de révolution technologique. A cela s’ajoute une situation macroéconomique unique où l’inflation a quasiment disparu et l’argent ne coûte plus rien. 

A mon sens la  séquence actuelle est celle d’une tempête parfaite où tous les signaux négatifs s’alignent subitement, et la Martinique et la Guadeloupe en subiront à court et moyen terme les conséquences. Plus rien désormais ne s’oppose à la prise de conscience de notre fragilité, car il faut bien comprendre qu’une crise n’est pas déclenchée par un seul évènement, mais par une accumulation de situations inconfortables qui se révèlent toutes en même temps par l’arrivée de ce petit évènement inattendu qu’est la crise mondiale du coronavirus . C’est la théorie du chaos économique mise en avant  par certains économistes .

En 2020, nous vivons un monde chaotique et complexe dans lequel tout le monde sent, du haut de son bon sens, que rien ne va, et cela vaut pour la Martinique et la Guadeloupe.

 » Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise « …. Citation de Jean Monet (haut fonctionnaire considéré comme un des « pères de l’Europe ») .

Jean-Marie Nol, économiste