Contre le génocide : Le peuple palestinien a besoin de notre soutien !

— RS n° 421 lundi 17 novembre 2025 —

Il y a quelques jours, au Journal télévisé de « Martinique la 1ère », on a pu voir un reportage édifiant sur le sort abominable des Palestinien·ne·s de Cisjordanie. Spolié·e·s, agressé·e·s, violenté·e·s par les Colons israéliens, soutenus, encouragés, organisés par l’État qui se déclare hébreu. Il est frappant que ce type de reportages ne fut pas programmé au plus fort du génocide où le pouvoir et ses médias cachaient, édulcoraient, déformaient la réalité, faisant le jeu des génocidaires, traitant d’antisémite toute voix discordante.

LE PROBLÈME PALESTINIEN EST LOIN D’ETRE RÉGLÉ

Aujourd’hui, beaucoup veulent nous faire croire que le problème est quasiment réglé, qu’il faudrait laisser faire les « grandes puissances », détourner le regard et passer à autre chose. Nous disons non ! Les génocidaires sionistes n’ont pas renoncé à leur volonté macabre d’éradication ou d’expulsion du peuple palestinien de ses terres, de réalisation du « Grand Israël » au détriment du peuple palestinien, mais aussi d’une bonne partie des peuples voisins de Jordanie, de Syrie, du Liban…

Regardons clairement les faits, et les prétendus accords signés. À peine ceux-ci signés, Israël se donne le droit d’arrêter le cessez-le-feu à sa guise. Les tueries ont diminué, mais n’ont pas disparu. Officiellement, la moitié au moins du territoire de Gaza est sous la férule de l’armée sioniste. Les grands «démocrates » impérialistes prévoient que Gaza sera administrée, non par ses habitant·e·s, mais par une autorité contrôlée par eux et leurs valets. La reconstruction de Gaza se ferait sous leur tutelle, et bien entendu pour leurs propres bénéfices. L’État sur-armé d’Israël, qui continue à recevoir des armes de ses complices, garde dans ses geôles, sans jugements, de milliers de Palestinien·ne·s (enfants compris). Son parlement a même décidé que la peine de mort serait appliquée à ceux qu’on désignerait comme terroristes. Et cet État génocidaire ne devrait avoir en face de lui qu’une population palestinienne désarmée.

Dans l’immédiat, la faim, le manque de soins, de toîts, de lieux de vie, de travail, de moyens de cultiver, continuent à Gaza. Et les affres de la colonisation violente se poursuivent en Cisjordanie.

MAIS LA PALESTINE VIVRA !

Malgré les massacres, la Palestine vit et résiste. Cela semble tenir du miracle après un déluge du feu sur Gaza ayant battu sur cette minuscule bande de terre (le tiers de la Martinique), tous les records des guerres mondiales.

La résilience et la résistance du peuple palestinien méritent le respect le plus absolu. Sous les bombes, soumis à des déplacements incessants, privé de tout, le peuple palestinien est resté en Palestine, a refusé la fuite, a enterré ses morts, developpé une capacité de survie et de solidarité impressionnante. Et les actes de résistance n’ont pas manqué. Contre lui, le peuple palestinien avait les grandes puissances impérialistes complices du génocide, la veulerie (ou encore pire) de la plupart des gouvernements et des bourgeoisies arabes. Mis à part quelques gouvernements courageux (Colombie, Afrique du Sud, Venezuela,…), de grands États non « occidentaux » ont fait le service minimum en matière de solidarité. A l’heure du bilan, il faudra aussi s’en souvenir.

L’ATOUT ESSENTIEL DE LA SOLIDARITÉ DES PEUPLES

Si certains gouvernements ont dû mettre une limite à leur complicité avec les génocidaires, il est indiscutable que c’est le résultat de la pression des mouvements populaires de solidarité, à la fois remarquables, réconfortants et malgré tout insuffisants. Les manifestations sur tous les continents, les grèves en Italie ou dans tel ou tel port de France, du Royaume-Uni, des États-Unis sont notables, mais nous gardons la conviction qu’une seule journée de grève générale dans les principaux pays impérialistes aurait suffi à changer la donne de façon substantielle. Cela donne une idée du chemin qui reste à faire.

POURQUOI LA PALESTINE EST-ELLE LE NŒUD DE LA SITUATION MONDIALE ?

Certaines personnes ont de la lutte des classes internationale une vision superficielle, impressionniste et émotionnelle. À un moment où la planète est confrontée à une conjonction d’urgences qui commandent de réfléchir avec le cœur et la tête (montée du fascisme, menaces de guerre, catastrophes climatiques, divisions des peuples face à un capitalisme que la crise transforme en animal dangereux), il est vital de saisir les biais par lesquels peut avancer la lutte mondiale des Dominés contre les Dominants.

La Palestine est un des nœuds essentiels des contractions du monde, car la survie d’un peuple dépend de la défaite de l’impérialisme, sa lutte réveille un internationalisme qui était en recul depuis la Guerre du Golfe et la flambée des forums sociaux mondiaux, elle secoue les régimes conservateurs qui ont réussi à écraser le « printemps arabe ». Les camps en lutte se distinguent avec une totale clarté : d’un côté les peuples horrifiés par le premier génocide de l’histoire filmé au présent et visionné dans l’instant, de l’autre un impérialisme qui trouve dans Israël, sa pointe avancée… au milieu des puits de pétrole et de réserves de gaz.

LA LUTTE SERA LONGUE

Il est essentiel de combattre l’idée que les choses seraient en cours de règlement dans cette région du monde. Le croire reviendrait à se faire de terribles illusions sur la sagesse de l’impérialisme. La Palestine a besoin, aura besoin d’une solidarité durable. Il faut avoir le courage de dire que l’arrogance impérialiste d’aujourd’hui en Palestine, s’est alimentée du recul pendant de trop longues années de la solidarité avec cette cause.

On peut compter sur les doigts d’une main les organisations martiniquaises ayant maintenu un minimum de propagande et d’attention aux souffrances et à la résistance du peuple palestinien avant le 8 octobre 2023. Les reculs dans la solidarité internationale des peuples se payent toujours, à un moment ou à un autre. Si le mouvement ouvrier international s’était montré plus actif aux côtés du peuple haïtien, des peuples tant ukrainien que russe, il est certain que les conditions de lutte aujourd’hui seraient meilleures dans ces pays.

QUESTION INTERNATIONALE ET QUESTION DES VALEURS

Comprendre le combat des classes et des peuples à l’échelle internationale est une nécessité pour s’orienter dans les combats de chaque prolétariat dans chaque pays. « Le global détermine le local », répète Mélenchon avec raison.

Il se trouve, et c’est heureux, que l’analyse rigoureuse de l’intérêt des peuples coïncide avec l’exigence éthique. Tous les peuples du monde sont frères. Nous préférons ça à l’abjecte théorie du « choc des civilisations » : fabrication de nos ennemis pour leurs propres intérêts de division des peuples, pour mieux régner sur la planète. À partir de quoi nous disons que les directions révolutionnaires ont tout à fait intérêt à respecter une éthique révolutionnaire.

L’union des prolétaires du monde, condition pour que l’émancipation l’emporte sur la barbarie, a besoin que dans la lutte armée comme dans la lutte quotidienne, on balaye le cynisme, on se détourne de l’idée que la fin justifie les moyens, qu’on peut massacrer des civils quand l’ennemi le fait sans état d’âme.

Confrontés à l’horreur, les peuples ont le droit et le devoir de résister. Les révolutionnaires ont le devoir d’expliquer, pour des raisons éthiques comme pour des raisons d’efficacité, que la lutte se fait au nom de principes intelligibles universellement, donc par tous les peuples du monde. Courage, lucidité, éthique doivent aller de pair dans toutes nos luttes.