Congrès des élu·e·s : nouvel espoir ou vieilles illusions

— RS n° 415 lundi 6 octobre 2025 —

La coalition du Gran sanblé a tenu à annoncer dans un récent meeting, sa participation au Congrès des élu·e·s de Martinique, qui finalement se tiendra les 8 et 9 octobre courant. L’accent est mis, de part et d’autre, sur la question des institutions, même si dans les rencontres préalables du président de la CTM avec des représentants des forces politiques, syndicales, associatives, les échanges ont pu porter sur des questions économiques, sociales, culturelles, donc politiques au sens large du terme.

Dans ce cadre, le GRS a pu rappeler une conviction profonde : le changement institutionnel n’a un réel intérêt que s’il permet d’avancer vers la transformation sociale permettant de résoudre les problèmes des masses populaires. C’est bien pour cela que nous avons publié dans le précédent RS, une présentation des axes programmatiques à soumettre au débat public.

Les élu·e·s sont dans leur rôle lorsqu’ils s’attachent à définir leurs orientations face à l’État. Il est heureux qu’ils recueillent les avis des mouvements populaires, eu égard à leur démarche. Mais consulter, ce n’est pas définir ensemble des objectifs et des stratégies. Prévoir un référendum sur les choix faits par le Congrès est un minimum, et non un summum de démocratie. Consulter les organisations et le public ne saurait remplacer un véritable congrès du peuple, c’est-à-dire un espace à travers lequel les masses définissent démocratiquement leurs priorités.

Un tel congrès irait plus loin que la Convention du Morne-Rouge qui ne rassemblait, après tout, que des délégations de partis et de syndicats. Un congrès du peuple, tel que nous l’entendons, aurait à cœur de reprendre l’exigence de l’élection d’une Assemblée Constituante comme moyen de décider des institutions politiques voulues par la population.

Congrès du peuple, puis Assemblée Constituante, puis référendum, d’aucuns diront que ce schéma implique beaucoup de discussions. Certes. Mais il faut cesser de sous-estimer le peuple. Le peuple est capable de mener les débats, capable de comprendre les enjeux, capable de formuler ses aspirations, de définir les stratégies de lutte qu’il devra mener pour atteindre ses objectifs. Politiser les masses, disait Frantz Fanon, c’est leur montrer que tout dépend d’elles, que les mains magiciennes sont les mains du peuple. Nous partageons totalement cette opinion.  

La mobilisation des masses étant la clef de toute transformation réelle, le débat en leur sein, est une nécessité incontournable. Cette analyse permet de comprendre les limites du processus engagé par les élu·e·s. Ce n’est pas une raison pour adopter «l’attitude stérile du spectateur» ou de la spectatrice. Il faut au contraire saisir l’occasion de peser au maximum sur le cours des choses. Les classes laborieuses sans qui rien de profond n’est possible, sont concernées. Il faut donc mettre le nez dans les débats, se prononcer sur les positions exprimées par tel ou telle.

Imprimons donc notre marque, en défendant des revendications et des orientations conformes aux intérêts du plus grand nombre. Si nous voulons éviter qu’un nouveau cycle d’illusions ne prenne la place de l’espoir que nous devons construire de toute urgence, il est essentiel que les anticolonialistes prolétarien·ne·s s’emparent de ces réflexions et propositions.

Pa rété la ka gadé mas pasé !

Communiqué de presse

Bas les pattes devant la flotille internationale pour Gaza !

Halte au génocide !

La mise en scène de Trump avec un prétendu accord pour arrêter le génocide en cours en Palestine était à peine terminée, que Nétanyahou en donnait publiquement une version encore plus douteuse.

Dans le même temps, les États impérialistes révèlent leur hypocrisie en refusant d’appliquer le droit international concernant la flottille pour Gaza. La famine règne. Le blocus continue. En violation de la Convention de Genève, un navire israélien a bloqué le bateau l’Alma, puis le Sirius. La plus grande menace plane sur les humanitaires et internationalistes de 44 pays qui tentent de rompre le blocus.

La France reconnaît l’État palestinien, mais laisse son peuple mourir de faim, et n’accorde aucune protection à ses ressortissant·e·s présent·e·s dans la flottille.

Le GRS appelle les Parlementaires et les élu·e·s en général à interpeller encore et encore, Emmanuel Macron pour la protection de la flottille et pour le droit à la vie et à la liberté du peuple palestinien.

1er octobre 2025

Groupe Révolution Socialiste.

Crime du chlordécone ; Conférence de presse et spectacle solidaire

Pa ni moli !

Mercredi 2 octobre, LYANNAJ POU DÉPOLYÉ MATINIK (LPDM) a réuni la presse presque complète, pour faire le point sur le combat anti-chlordécone.

Un point indispensable pour que le public ne se perde pas dans les arcanes des procédures judiciaires et surtout qu’il reste mobilisé. L’adversaire mise sur la lassitude, l’oubli, la confusion. Notre arme c’est l’exact contraire.

Deux avocats en présentiel (Sylvette Romer et Raphaël Constant), et un, via internet (Christophe Leguevaques) ont pu être disponibles, et ont d’abord souligné un atout essentiel : l’ensemble des nombreux/ses avocat·e·s travaillant sur le dossier ont marché ensemble, même dans des couloirs différents. Nous parlons là du dossier pénal pour lequel, en plus des associations et institutions, près de 800 personnes se sont constituées parties civiles au grand dam du camp d’en-face.

Sans doute pour empêcher ces présences gênantes pour elle, la cour d’appel de la chambre d’instruction de Paris avait ordonné à nouveau le huis clos. Personne donc pour écouter les plaidoiries, nourries, des plaignants qui, pour la première fois, depuis les plaintes déposées en 2006 et 2007, ont pu argumenter contre les empoisonneurs (État et privé). Le non-lieu prononcé en première instance, sans véritable débat de fond, a donc été combattu et la réponse du parquet, visiblement embarrassé, n’a tenu qu’en quelques minutes. Même contraste entre l’abondance des mémoires de l’accusation et la sobriété du camp d’en-face.

Personne ne sait comment interpréter l’éloignement de la date retenue pour le délibéré (mars 2026 !). Il est vrai qu’ils ont beaucoup à lire et que l’empressement n’a pas été leur fort depuis 2006 ! Mais malgré leurs manœuvres dilatoires, ils n’ont pas réussi à enterrer l’affaire. En 2019, Macron a reconnu « la part de responsabilité de l’État». Six ans après, nous voulons toujours que cette « part » soit jugée et que les autres « parts » soient nommées, jugées, condamnées. Face à l’action collective conjointe par laquelle 1200 Martiniquais·e·s et Guadeloupéen·ne·s demandent réparations pour le préjudice d’anxiété, l’embarras et l’entêtement de l’État sont identiques. Au tribunal administratif de Paris, un premier jugement reconnaissait les « négligences fautives de l’État» mais pas l’obligation d’indemniser les victimes. La cour d’appel saisie réaffirme et souligne plus nettement la responsabilité de l’État, mais n’accepte d’indemniser qu’un nombre infime de victimes. Mais pour le parquet, c’est trop, et c’est lui qui fait appel devant le Conseil d’État, en comptant sur l’asphyxie financière des victimes rendant impossible leur défense.

C’est cela, entre autres, qui rend la solidarité financière indispensable.
L’appel aux artistes a rencontré un écho positif. Un spectacle solidaire se tiendra le mercredi 15 octobre au grand carbet du parc Aimé Césaire à 19h.
On a donc besoin d’une participation massive.