Concerts debout interdits, retour des jauges, tournées annulées… Le désespoir de la culture

Orelsan, Julien Doré, Eddy de Pretto en tête déplorent les nouvelles mesures sanitaires qui met à nouveau en difficulté le monde de la culture alors que les meetings politiques sont maintenus.

Un nouveau coup dur pour la culture. «On redevient un secteur interdit, c’est le désespoir de nouveau», a déploré auprès de l’AFP Malika Seguineau, du Prodiss (syndicat national du spectacle musical et de variété), après l’interdiction des concerts debout décidée lundi par le gouvernement.

«Pour freiner le variant Omicron» qui alimente la hausse des contaminations au Covid-19, le Premier ministre Jean Castex a annoncé lundi soir le retour des jauges, fixées à 2000 personnes maximum en intérieur et 5000 en extérieur. Et les concerts debout seront interdits.

Ces mesures, adoptées quelques minutes plus tôt en Conseil des ministres, s’appliqueront «à compter de lundi pour une durée de trois semaines».

«Les tournées vont être annulées car il n’y a plus aucune disponibilité sur l’année 2022 entre toutes les dates reportées et les nouveaux spectacles».

Malika Seguineau, du syndicat national du spectacle musical et de variété

«On a bien conscience de ce qui se passe avec la crise sanitaire, mais on a joué le jeu du passe sanitaire depuis cet été et celui du masque également» affirme-t-elle en précisant que la culture respectera également le passe vaccinal, mais elle déplore «ne pas avoir été consultée. J’échangeais avec des producteurs concernés par des tournées: elles vont être annulées car il n’y a plus aucune disponibilité sur l’année 2022 entre toutes les dates reportées et les nouveaux spectacles».

Orelsan est le premier artiste a annoncé la suppression de sa tournée en raison des nouvelles annonces de Jean Castex. Le Zénith de Caen, sa ville natale, le 15 janvier, affichait déjà complet. Mais le chanteur est contraint d’annuler sa tournée, a minima jusqu’au 25 janvier explique le directeur général Live Nation France sur RMC, Angelo Gopée.

Une décision gouvernementale qui fait réagir les stars sur les réseaux sociaux. À l’instar de Julien Doré, Grand Corps Malade ou bien les artistes actuellement en tournée Hoshi et Eddy de Pretto. Avec humour, ils déplorent le maintien des meetings politiques de la campagne présidentielle au regard de l’instauration des nouvelles mesures sanitaires pour le monde de la culture.

Le secteur du spectacle vivant espérait avoir fourni des garanties avec le concert test d’Indochine au printemps dernier, qui avait réuni quelque 5000 fans sans contamination. Il avait eu lieu avant la flambée de l’épidémie provoquée par les variants Delta et Omicron. La présence «à un concert n’a pas été associée à un sur-risque de transmission du Covid-19 lors d’un concert en configuration debout, sans distanciation physique, chez des personnes masquées avec un test antigénique négatif dans une salle fermée», avait précisé l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Des pertes de chiffre d’affaire du secteur estimée à 80-85% en 2021

«Nos entreprises sont fragilisées, souligne Malika Seguineau. On nous dit que ces mesures sont pour trois semaines, mais on n’a aucune certitude. On avait prouvé qu’on ne prenait pas plus de risque en venant chez nous qu’en prenant le métro», a-t-elle insisté. «Les pertes de chiffre d’affaires du secteur sont estimées à 80-85% en 2021».

«Dans notre secteur, on ne redémarre pas en 48 heures, il faut relancer l’intégralité de la machine et réhabituer le spectateur à revenir dans nos lieux. On espère que les tournées de printemps et les festivals d’été ne seront pas en difficulté. On va vite se retourner vers le ministère de la Culture et le ministère à Bercy pour réactiver les mesures de soutien», conclut la syndicaliste.

«L’État va demeurer aux côtés de ceux qui seront impactés par ces nouvelles mesures, circonscrites dans le temps et adaptées à l’évolution de la situation sanitaire», a réagi lundi soir la ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur son compte Twitter, saluant le «courage» et la «responsabilité» du monde de la culture face à la crise sanitaire.

Source : Le Figaro.fr