Catégorie : Autres

Déboulonnage des statues : Réflexion du Comité Devoir de Mémoire

Le procès relance le débat de la construction de l’Histoire du Pays : comment une société choisit-elle de raconter son histoire ?
Est-il nécessaire de détruire les symboles du passé pour dépasser la Colonialité ou les réinterpréter ?
Ces déboulonnages de statues ont fait resurgir brutalement en Martinique, dans le débat public, les drames de l’histoire coloniale .
Notre jeunesse dont une partie s’impatiente violemment ne supporte plus
les dégâts causés dans leur vécu par une situation dégradée au plan social, économique et politique et se développe alors une prise de Conscience politique.

Les inégalités de richesse et de développement, conséquences du passé esclavagiste, sont de plus en plus insupportables et ette situation participe aussi à cette colère de notre jeunesse.

En ce début de XXIème siècle naissent des revendications d’égalité, de liberté et de justice dans nos espaces urbains , héritiers de l’époque coloniale qui ont été bâtis par la sueur et le sang de nos ancêtres afrodescendants mais qui en ont été exclus dans leur conception.

Se développe alors le sentiment d‘être l’étranger dans sa ville.

Il est alors nécessaire de fabriquer une autre relation avec l’espace vécu, de réinventer cette empreinte mémorielle, née du double rapport entre contact colonial et peuple opprimé .

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Fragilité structurelle et dépendance financière

L’économie de la Guadeloupe est trop fragile pour être sacrifié sur l’autel de l’idéologie politique.

— Par Jean-Marie Nol —

L’économie guadeloupéenne, structurellement fragile et très dépendante des transferts publics et subventions , reste aujourd’hui dans une position d’extrême vulnérabilité. Sa pérennité repose presque entièrement sur l’appui jusqu’ici constant de l’État français, dont les subventions, exonérations sociales et sur-rémunérations de vie chère constituent la clé de voûte de son équilibre général. Dans ce contexte, il serait à la fois économiquement irrationnel et politiquement dangereux de prétendre rompre voire même affaiblir ce lien vital au nom d’une idéologie passéiste déconnectée des réalités. L’autonomie institutionnelle, telle qu’envisagée dans le cadre de l’article 74 de la Constitution, pourrait rapidement se traduire par un effondrement du modèle économique local si elle s’accompagnait d’un recul du soutien financier et normatif de l’État. Le maintien dans le droit commun dans une étape de transition de l’article 73, assorti d’un renforcement du pouvoir normatif local, préconisé par certains élus locaux et intellectuels semble apparaître ainsi comme la seule voie raisonnable pour assurer à la Guadeloupe un avenir à la fois stable, solidaire et soutenable.

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Laurent Mauvignier, ou la mémoire des silences : le Goncourt 2025 consacre « La Maison vide »

— Par Hélène Lemoine —

C’est un roman de chair, de mémoire et de silence qui vient d’être couronné par le prix Goncourt 2025. Avec La Maison vide (Éditions de Minuit), Laurent Mauvignier signe une œuvre magistrale, ample et bouleversante, qui explore les blessures enfouies de sa lignée familiale sur quatre générations. Né en 1967 à Tours, l’écrivain, ému à son arrivée au restaurant Drouant, a salué une récompense « énorme », dédiée à l’enfance et à la transmission : « C’est un livre qui vient de plusieurs générations », confiait-il.

Fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage, Mauvignier a grandi dans une maison modeste, mais riche d’histoires tues. Dans son parcours, la littérature s’est imposée comme une nécessité vitale. D’abord formé aux beaux-arts, il est devenu un véritable plasticien des mots, modelant la langue comme une matière organique. Depuis son premier roman Loin d’eux (1999), il s’attache à rendre visibles les existences ordinaires, à sonder les silences et les blessures d’un monde souvent oublié.

Une maison comme métaphore du roman

Depuis ses débuts, Laurent Mauvignier imagine chaque roman comme une « maison » à habiter.

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Yanick Lahens, lauréate du Grand prix du roman de l’Académie française 2025 pour « Passagères de nuit »

— Par Sarha Fauré —

L’Académie française a ouvert la saison des grandes distinctions littéraires en décernant, jeudi 30 octobre 2025, son Grand prix du roman à l’écrivaine haïtienne Yanick Lahens pour Passagères de nuit, publié aux éditions Sabine Wespieser. L’autrice, âgée de 71 ans, succède ainsi à Miguel Bonnefoy, couronné l’an dernier pour Le Rêve du jaguar.

Le scrutin, particulièrement serré, s’est joué au troisième tour de vote, Lahens l’emportant par onze voix contre dix face à Pauline Dreyfus (Un pont sur la Seine, Grasset). Alfred de Montesquiou complétait la sélection finale avec Le Crépuscule des hommes (Robert Laffont). Ce prix, doté de 10 000 euros et créé en 1915, ouvre traditionnellement la saison des grands prix littéraires avant le Femina, le Goncourt, le Renaudot et le Médicis.

Un roman de mémoire et de résistance

Paru le 28 août, Passagères de nuit retrace le destin de plusieurs générations de femmes haïtiennes et créoles, ces « passagères » anonymes qui, au temps des bateaux négriers, luttent pour échapper à la violence, aux abus et à la servitude.

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Guadeloupe : penser demain face aux fractures d’aujourd’hui

Quels défis et enjeux les Guadeloupéens devront-ils devoir affronter à l’avenir dans une France en crise ?

— Par Jean-Marie Nol —

La France semble engagée sur une pente glissante, où s’entremêlent lassitude démocratique, défiance politique et quête d’autorité. L’enquête Ipsos « Fractures françaises 2025 » en dresse un constat implacable : jamais les Français n’ont été aussi pessimistes quant à l’avenir de leur pays. Près de 90 % estiment que la France est en déclin, un record historique qui traduit un profond désenchantement vis-à-vis du système politique. Dans ce paysage morcelé, le Rassemblement national apparaît comme le grand bénéficiaire de cette crise de confiance. Son image s’est normalisée : 47 % des citoyens le jugent désormais capable de gouverner, et sa base électorale s’est considérablement élargie tandis que les partis traditionnels – de Renaissance à la gauche – s’effondrent.

Cette recomposition traduit une droitisation du paysage politique et une inquiétante banalisation des thèses identitaires. La France, secouée par les crises économiques, sociales et institutionnelles, glisse vers une polarisation accrue où le débat public s’empoisonne de peurs et de rancunes. Le président Macron, usé par les crises et discrédité par une majorité de Français, n’incarne plus ni autorité ni vision.

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Roxane Mbanga – NOIRES

— Par Sarha Fauré —

Roxane Mbanga (née à Paris en 1996) est une artiste pluridisciplinaire d’origine guadeloupéenne, camerounaise et française, vivant et travaillant à Paris.
Diplômée de la Gerrit Rietveld Academie d’Amsterdam, elle développe une pratique à la croisée de la mode, du cinéma, du graphisme, de la photographie, de l’écriture et de la performance.
Son œuvre, profondément nourrie par son héritage multiculturel, interroge la représentation des corps noirs féminins et la manière dont ils sont perçus, vécus et racontés à travers différentes géographies.

Artiste-conteuse, Roxane Mbanga collecte et tisse les récits de femmes aux identités plurielles, transformant leurs paroles en installations sensibles où s’entrelacent intime et politique.
Elle a été récompensée par les prix Lichting et Rietveld Reviewed (2021) et a présenté son travail à la Fondation H à Paris, au Musée National du Cameroun à Yaoundé, à la San Mei Gallery à Londres, au Musée Van Gogh à Amsterdam et à la Stewart Hall Gallery à Montréal.
En 2022, sa conférence TEDx “Wearing Your Nudity” a marqué un tournant dans sa réflexion sur le corps et la vulnérabilité.

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La Grande Question, les Haïtiens sont-ils des idiots pour avoir maltraité leur élite intellectuelle?

Le cas de Jacques Roumain

Né parmi les rideaux de soie et les meubles lourds de Port-au-Prince, Jacques Roumain choisit la poussière, choisit le feu, choisit la lutte.
Fils d’une lignée fière — petit-fils de Tancrède Auguste, président d’Haïti pour un souffle d’histoire — Roumain refusa d’être un prince parmi les ruines.
Il devint l’annonciateur, le semeur d’orages. Poète, homme politique, marxiste avant que le mot ne trouve refuge sur les lèvres haïtiennes. Il écrivit avec une main noircie par le charbon de l’injustice : Gouverneurs de la Rosée, où la terre assoiffée rêve de sources cachées, traduit par le bluesman Langston Hughes, et La Montagne Ensorcelée, où les forêts parlent en langues de douleur.
Frankétienne l’a dit, et nous le savons : “la poésie de Roumain brûle d’un feu révolutionnaire ; l’éclat de ses images déchire le ciel.”
Il étudia à Saint-Louis de Gonzague — puis traversa les océans, but la lie amère de l’Europe — Belgique, France, Espagne — témoinl aux yeux vifs des sagas d’hommes broyés sous les empires.
Et quand sa tête fut faite — une tête bien faite — il revint en Haïti, revenant tel un ouragan sur les tropiques.

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LIRE : Le premier roman de Éric Chacour : Ce que je sais de toi

— Par Janine Bailly —

Publié en août 2023 par les éditions Alto au Québec et aux éditions Philippe Rey en France, aujourd’hui au livre de poche, ce premier roman de l’auteur reçoit, entre autres, le Prix France-Québec, le Prix des 5 continents de la francophonie, le Prix des Libraires, le Prix Fémina des lycéens…

Éric Chacour est né en 1983 à Montréal, de parents immigrants égyptiens. Il a passé son enfance au Québec et en France.

Ce que je sais de toi

Pour Tarek, né au sein de la communauté levantine du Caire, la vie aurait pu être un long fleuve tranquille. Fils d’un médecin reconnu, dans les beaux quartiers résidentiels de Dokki, il hérite à la mort de son père de la clinique située au rez-de-chaussée de l’immeuble familial. Il intervient aussi à l’hôpital américain de la ville. Retrouvant, après des années de séparation, Mira, une de ses conquêtes de jeunesse, originaire d’Arménie, il fait ce que l’on appelle un beau et bon mariage. Mais très vite nous devinons que ce cadre strictement bourgeois, occidentalisé, “où l’on parle mieux le français que l’arabe”, étouffe en lui d’autres aspirations, un désir d’être libre, un besoin de donner un sens à sa vie.

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