Catégorie : Poésies

Kòn-lanbi

— Par Daniel M. Berté —

Bou-ou-ou-ou-ou !
Touououououou !
Toutoutou-ououou !
Tou ! Tou ! Tou ! Tououou !

Lé grangrek dénonmen’w Strombus gigas
Yo kriyé’w Caracol pa bò Nicaragua
Butoto Bénézwel, Cambombia Panama
Carrucho Potorik ek Cobo a Kiba

Queen conch sé non yo ba’w adan péyi anglé
Pa koté Matinik ou sé an Kòn-lanbi
Ou dan léritaj-nou dépi Kalinago
Pou té sèvi manjé an lasos pimanté

Épi pou té sa fè braslé ek bel kolié
A lépok ladjoukan ou sèvi Neg-mawon
Pou té kominiké épi fè gawoulé
Pou yo té sa trapé an wouspel libèté

Ou matjé lé moman potalan lavi-nou
Di nésans a mayé, rivé jik a lanmò
Ou té la lè péchè té ka sòti lapech
Ou té ka ba’y signal larékot bokodji

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« Traces » & « Aube »

 — Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Traces

Se dissipe la brume
de l’esprit endormi…
Demeure un peu d’écume
du parfum de la nuit
qu’à mon réveil je hume
dans la froisse du lit…

D’un océan de bruits
sous une lune pleine
ne subsistent qu’à peine
de menus acouphènes
lorsque le soleil luit…

Et puis, par-dessus tout,
quand le jour neuf se lève
traîne encor sur mes lèvres,
tel celui d’un doux rêve,
le goût de baisers fous…

Aube

Un rayon de soleil
et son goût d’arc-en-ciel
à l’heure du réveil
comme un rayon de miel…

Juste un brin de lumière
pour éclairer le jour
comme un hymne à l’amour
refusant la misère…

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La Mort des Valeurs

— Par Camille Loty Malebranche —

Je suis venu, j’ai vécu et surtout j’ai vu !
J’ai vu le dédale de la vie et du social
Écrouer l’homme dans son cul de sac
J’ai entendu et compris toutes les aberrations
Et tous les mensonges, montagne d’infamies
D’une génération de peine de folie et de haine
J’ai vu le spectacle des guerres civiles
Et des conflagrations entre nations
J’ai vu des soldats tirer sur des femmes
Qui réclamaient du pain et de l’eau
Et sur des enfants qui pleuraient leurs pères morts
J’ai vu des bombes détruire des pays, des villes et des peuples
Pour défendre l’opulence des cartels et des trusts
J’ai vu des hommes sabrés pour un baril de pétrole
J’ai vu des étoiles d’argent et d’or décorer des sicaires et honorer des généraux maniaques de sang,

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La prière du poète

—  Par Robert Lodimus —

I

Pardon Seigneur
J’ai enterré ma Grâce
Sous la palanque
De nos épreuves
J’ai blasphémé
Contre l’Éden
Des aliénés
Car j’ai juré
D’assassiner la trahison
Qui a transpercé
L’Innocence
Aux yeux d’émeraude
Pendant la nuit
De la grande fête foraine
En ce temps-là
Xaragua
Paré de perles et de diamants
Trépassa dans son sang
Après qu’il eut baisé l’anneau
De l’«hilotisme»
Dès ma naissance
Je voulais être Méliès
Pour immortaliser
La reine de la comète jaune
Sur un grand nuage
De lumière bleue
Accroché aux ailes
De ma colère
Je suis parti un jour
À la recherche des trublions
Qui ont inventé
Le mot « négrier »
Pour humilier
Et torturer l’Afrique
Ô Père des Putes
Et des Justes
À toi
Je me confesse

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« Péplé la révolt »

— Par Daniel M. Berté —

Nou za péplé la révolt
An voum ek an voukoum
An dézodman ek gawoulé
An lensireksion ek rébélion

Nou za péplé la révolt
Epi baton ek koutla… Frapé !
Epi pawol ek matjé… Kouté !
Epi san ek viktim… Sonjé !

Zeslav za péplé la révolt
Anlè bato lé négriyé… Lévé !
An bitasion kolon bétjé… Difé !
An mawonaj foukan alé… Chapé !

Neg za péplé la révolt
An 1848 yo lévé yo krazé… Raché !
An 1870 yo lévé yo brizé… Koupé !
An 1900 yo lévé yo grévé… Tiré !

Fanm-nonm za péplé la révolt
An 1935 yo maché an grèv lafen… Libéré !
An 2009 yo kriyé kont la profitasion… Bésé !
An 2025 yo protesté kont lavi chè… Chawjé !

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« Je savais qu’il ne serait jamais à moi » & « Nuitées d’ une clarté nouvelle »

— Par Myrna Nérovique —

Je savais qu’il ne serait jamais à moi

Je savais qu’il ne serait jamais à moi,

Et, mon cœur était tout en émoi.

Le cri de mon bonheur s’insufflait un paradis,
De ceux qui ont perdu et qui ont appris.

Je savais qu’il ne serait jamais dans ma vie,
Avant qu’elle ne serait , à ce jour, partie.

Et, les larmes gonflaient mon cœur,
Face à mon indicible malheur.

Je savais qu’il ne serait jamais à moi,
Et, mon cœur, était tout en émoi.

Myrna Nérovique.

 

Nuitées d’ une clarté nouvelle.

Dans nos nuitées éternelles,
Intimant nos clartés sempiternelles,
La vie abondait avec aisance,
Dans une promiscuité rance.
La nuit rigolait parfois,
Clarifiant nos lois.
Et, l’amertume de nos rires,
S’octroyait de beaux sourires.
Dieu seul sait pourquoi,
Je ne perds point la foi.
Et, dans le cœur de nos baisers,
Je ne peux que m’armer,
Dans un silence tenace,
Où mon problème s’enlace.

Myrna Nérovique

 

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« Fleurs séchées » & “Naufragé”…

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Fleurs séchées

S’effeuillent une à une les heures
tout comme on effeuille une fleur :
j’aime ce jour un peu, beaucoup,
à la folie ou pas du tout ?

Avant qu’une autre fleur en main,
aujourd’hui soit fané demain…
Tel un bouquet de fleurs séchées
au doux parfum de nostalgie,

je me souviens des jours passés,
de tous ces rêves inassouvis,
des grands et des petits bonheurs,
des joies, des peines et des douleurs…

Ces feuilles mortes d’une vie,
emportées par le vent du temps,
sombrent peu à peu dans l’oubli
quand vient l’hiver aux cheveux blancs…

“Naufragé”…

Partir pour un pays
dès lors n’existant plus
et rêver d’une vie,
las, qui n’est plus réelle…

Encore avoir des ailes
mais qui ne battent plus,
tel un oiseau blessé
songeant au vaste ciel…

Au fond d’une mémoire
par l’oubli érodée,
quêter un peu d’espoir
parmi les souvenirs

du joli temps passé,
juste afin de tenter
d’ébaucher un sourire
et d’encore exister…

Patrick Mathelié-Guinlet

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YO vòlè la limiè

— Par Daniel M. Berté —

YO vòlè la limiè

YO vòlè la limiè
Man adan gran fènwè
Man kon papa-vètè
Ka ranpé anba tè

Dépi sétè-di-swè
Bètafé pa wè klè
Kabritbwa ni gro-tjè
Zagriyen an priyè

Sé an sel gran nwèsè
Ki ka vlopé Latè
Ka pati ora tè
Ka monté jik anlè

Tout ti zétwal pran pè
Man Lalin fè dèyè
Lédéef a larè
Pil ek lanp bat dèyè

Pran-nou Manman-Latè
Fè-nou janbé lanmè
Epi fret ek mizè
YO fè-nou djoubak tè

Pou lang YO met bawriè
Pou mes fè machawriè
Fè-nou obliyé yiè
Mété-nou an malè

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Pétet si… Patat sa !

— Par Daniel M. Berté —

Pétet si… Patat sa !
Pétet si
Kok misié Brilan Chal Bobin
Pa té kokorikokriyé an manniè anrajé
A la louré di jou
Man pa té ka’y lévé-ouvè zié
An siwso tjè soté
Entjet kon tatjet an finet nef
Ek pa té ka’y kriyé-jouré
An giz di lapriyè
Patat sa !

Pétet si
Man pa té lévé doubout bien faché
An fènwè-a épi limiè bobech
Olié limen méloulou-a
Man pa té ka’y kongné-pété
Ti-zotey goch-mwen
Anlè pié dèyè goch zoka-a
Ek jouré-anrajé
An giz dézièm priyè
Patat sa !

Pétet si
Man pa té alé fè kafé
Epi limiè flanbo
Adan latjwizin-la
Man pa té ka’y touvé
Bonm sik-la vid
Pli vid ki vid de vid
Ek kriyé-jouré
An giz twazièm priyè
Patat sa !

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Peut-on tout refaire?

Comment puis-je avoir ta confiance pour renaître Haïti
Toi et moi nous nous sommes égarés dans une zizanie
Au lieu de nous être unis nous nous sommes plutôt haïs
La main invisible du colon a semé cette discorde infini

Aujourd’hui la nation souffre d’une hémorragie pernicieuse
Nos dirigeants sont victimes de manipulations vicieuses
Des groupes armés sèment une sale violence nébuleuse
Nous avons des membres élites malpropres et mafieuses

Si nous ne changeons pas de direction où finirons nous
Nos ancêtres nous ont donné la belle patrie à quel coût
Sommes-nous arrivés dans une vile amnésie de dégoût
Nous ne pouvons même pas dialoguer sans donner coup

Vivre Libre ou Mourir était ce donc une sordide subterfuge
Liberté Egalité Fraternité était ce une forme de transfuge
Désastres naturels et humains firent de grands déluges
Le monde sans cesse nous avilit nous opprime nous juge
JB

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Les Mains Vides

 Par Yves Untel Pastel —-

J’ai les mains vides
Pourtant j’irai aux champs
J’irai aux champs récolter la providence
En rivière de sueur sous un soleil brutal
J’irai recueillir tout ce que la vie
Veut bien offrir au travailleur

Au craquement de mes os rompus
Supportant les morsures de l’arthrose
À la déchirure de mes muscles meurtris
Usés comme lanières maintes fois battues
J’irai retourner, ensemencer, arroser,
L’humus tantôt aride, tantôt détrempé

J’ai les mains vides
Et la peau tannée de paysan besogneux
Fidèle à caresser ce ventre qui nourrit
Cette terre passée de main en main
Où les miens, tant et tant, ont trimé
Pour en accueillir chaque fruit

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Mon Île au goût d’amiante

— Par Gary Klang —

Mon île

Au goût d’amiante

De pomme pourrie

Et de fruit sur

 

Mon île

A tête d’Histoire ancienne

Et de misère

Pirogue échouée fuyant la mer

Mon rêve noyé

Dans la mer morte de la douleur

 

Je ne vois rien

Qu’un long malaise

Le frère ne connaît pas le frère

L’ami qu’on ne reconnaît plus

 

Mon chant dira

Les détritus

La crasse

Et l’abandon

Qui m’expliquera le sens de la débâcle

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« Un rêve de poête » & « Sage comme un image ? »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Un rêve de poête

Dans ce monde est roi le mensonge,
l’amour du blé qui l’âme ronge !
Difficile est trier l’ivraie
car seul un poète dit vrai
quand il nous partage ses songes

d’un monde plus juste et meilleur
où tout homme a droit au bonheur…
Si ça paraît une utopie
puisque tout va de mal en pis,

il suffirait pourtant d’y croire
pour que renaisse enfin l’espoir
d’un enfer faire un paradis,
de la vie une poésie !

Sage comme un image ?

“Sois sage comme une image !”
dit-on à l’enfant en bas âge…
Aujourd’hui toutes les images
ne sont plus tellement sages…

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Encombrement poétique à la Martinique

— Par Selim Lander —

Samedi 3 mai se déroulaient dans le cadre du festival de poésie « Balisaille » des rencontres avec des poètes à Saint-Esprit et dans d’autres communes de l’île, tandis que Fort-de-France accueillait la deuxième édition des « Figures des Femmes ToTeM ». Étant dépourvu du don d’ubiquité et Balisaille se prolongeant tout au long de la semaine prochaine, ce qui nous donnera certainement l’occasion d’en reparler, nous étions donc présent à l’Atrium pour écouter les femmes poètes. C’est en effet dans la grande salle de l’Atrium que cette séance avait été délocalisée in extremis du Théâtre municipal affecté par la grève du SERMAC. Bien que a priori trop grande pour recevoir un spectacle de poésie, le nombre de spectateurs potentiels (sans parler de la situation de concurrence exceptionnelle ce soir-là) pour un tel événement étant forcément limité, la salle Aimé Césaire s’est avérée finalement plus adaptée qu’on aurait pu le penser.

C’est que le spectacle en question tenait tout autant du music-hall, avec changement de costumes entre chaque prestation des poétesses (!) que du récital de poésie.

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Mai – Poésie : festival d’un genre majeur | Programme

Peupler la révolte Simone Yoyotte (1912-1936)

— Par Faubert Bolivar, directeur artistique —

Après Monchoachi, Aimé Césaire et Léo Ferré, c’est à une femme, une poétesse, que nous devons le thème de la quatrième édition de notre Mai.Poésie : Simone YOYOTTE (1912-1936).
« Peupler la révolte » en ces temps troublés où ce que nous croyions dépassé semble vouloir surgir du passé.
« Peupler la révolte », clameront les poétesses et poètes au cours des dix premiers jours du mois de mai. En poèmes ou en prose, elles et ils se demanderont, nous demanderont : quel peuple et quelle révolte pour notre temps ? La poésie peut-elle être une arme efficace pour peupler la révolte ? Comment peupler la révolte sans faire peuple avec nos morts ? Nos morts…
Nos morts s’accumulent. Nos morts montent. Nous tâcherons de trouver les mots pour dire que l’espace est plein de leur absence.
« Peupler la révolte », puisqu’à l’heure où nous écrivons ces lignes nous ne savons pas si la jeune délégation haïtienne – trois sur les quatre lauréats de la troisième édition du Prix international de l’invention poétique – pourront quitter leur pays.

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« Oser ! » & « Passe le temps, reste l’espoir… »

— Par Patrick Mathelié- Guinlet —

Oser !

Défenestrer l’malheur
pour ne plus avoir peur
d’affronter l’imprévu
comme un sel de la vie

qui vous redonne envie
quand vous êtes déçu…
S’libérer du connu
pour éviter l’ennui
et la mélancolie…

Jamais vraiment savoir
de quoi est fait demain
mais vivre avec l’espoir
qu’on s’y sentira bien…

Et même si c’est fou,
pouvoir s’attendre à tout
mais sans redouter rien
et prendre à pleines mains
la vie comme elle vient !

Passe le temps, reste l’espoir…

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« Majestik Poésik, Symphonie de Femmes »,

Samedi 3 mai à 19h30 au T.A.C.

D’après une idée originale de Chantal Clem; m.e.s. Yna Boulanger

La pièce
En 2016, les femmes poètes n’ont jamais été aussi nombreuses et désireuses, comme le pressentait Rimbaud en 1871, de trouver,
« une fois libérées de l’homme, des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses »… Et, évoquer la « poésie des femmes » n’est pas sans pièges : au geste de reconnaissance se mêle toujours, insidieusement, le risque de la marginalisation. Dès lors qu’on la spécifie et qu’on la catégorise, la poésie pourrait bien ne plus être tout à fait la poésie… Aussi, pour ce second acte, Figures de Femmes ToTeM présentent le Majestik Poésik, Symphonie de Femmes avec pour thème sous-jacent l’identité et la mémoire construits à travers exil, errance nécessaire pour mieux trouver force et puissance dans l’affirmation du soi femme tenant compte de l’identité façonnée sur les rives de l’histoire.

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Poursuis les petites choses

 Par Yves Untel Pastel —-

Poursuis les petites choses, éprouvette à la main,
Comme ces papillons inconnus d’une jungle vierge.

Poursuis-les, entomologiste, passionné,
Cueille-les dans l’air sans les détruire.

Et si tu attrapes quelques trésors, écoutes-en le bruit.
Écoute le souffle et la musique des ailes, écoute tout !

Écoute les clapotis de l’eau et le roulis des petites pierres.
Écoute le bruissement profond des buissons.
Écoute le vrombissement des bourdons.

Écoute le frou-frou des libellules, la réplique des abeilles.

Écoute le grésillement du vol stationnaire des colibris.

Écoute le vent dans la chevelure raide des filaos.
Écoute la course-poursuite du lézard et de la sauterelle.

Écoute le souffle furtif de la mangouste
Et le repos inquiet de la poule d’eau.

Écoute le glissement doux du soleil,
Sur les cloches tendres des fleurs de l’oranger.

Écoute le parlé complexe du monde autour.
Écoute et déchiffre ces hiéroglyphes sonores.

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« Faire courir la photographie »

— par Michel Lercoulois —

Deuxième livraison de la toute jeune maison d’édition Ad Verba, après Faire courir le monde. Il s’agissait, rappelons-le, du résultat d’un appel aux poètes, invités à illustrer avec leurs mots des images représentant des œuvres des deux fondateurs d’Ad Verba, artistes plasticiens. Le résultat fut la publication d’un très beau petit livre, impeccablement présenté, qui regroupait trente-huit poèmes d’autant de poètes différents accompagnant la reproduction d’autant d’œuvres différentes (1).

Ad Verba est basée à Niort où se trouve par ailleurs un lieu dédié à la photographie contemporaine, la Villa Pérochon, autrement dit le CACP. D’où l’idée de croiser, cette fois, le verbe des poètes avec seize clichés tous pris dans la région niortaise lors de résidences d’artistes par des photographes issus de tous les horizons. Pour étoffer l’ouvrage, le jury de sélection a accepté plusieurs poèmes par photographie, soit finalement 47 textes sur les 680 qui lui étaient soumis à l’origine par 285 poètes. 47 textes pour 47 poètes différents, soit un poète retenu sur six environ, une sélection donc pas si sévère en réalité.

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À Arthur Rimbaud

— Par Gary Klang —

Tu vins sans crier gare
O père en poésie
Né un 20 octobre
Tout comme l’autre

Tu me dis
Soyons avare comme la mer
Je te réponds
Sois béni
Toi l’enfant aux semelles de vent
Peintre des voyelles
O Poète lumineux
Dont le dernier lit se couvre encore de fleurs

Sois béni ô Poète
Ta saison en enfer
Est désormais saison des roses
Jamais plus ne seras seul
Ton nom s’inscrit à tout jamais
Au fronton des étoiles

Gary Klang

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Les crabes du lundi de Pâques

 Par Yves Untel Pastel —

Nous aimions aller sur la plage
À la trêve de Pâques.
La Martinique tout entière
Déferlait en bord de mer,
Le lundi de Pâques.

Et c’était un jour de liesse,
Un jour maudit pour les crabes.
C’était l’hécatombe des crustacés,
Tant on faisait bombance de crabes.

Mais ce temps est mort.
Les mangroves puent
Et les vents mêmes
Se bouchent les naseaux.
Ils vont tous mourir au large,
Troupes de mustangs incommodés.

La marée brasse la mangrove.
Le poison est partout.
Il transpire du silence.
Et dans la mangrove,
La mort lente s’installe.

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Yo di yo anmen Franz Fanon

— Par Yves Uuntel Pastel —

Yo di yo anmen Franz Fanon,
Yo ki anmen kozé nan salon.
Yo ka fè bèl plodrari
Anlè larévolisyon
Bèl fransé yo nan bouch yo
Ka voltijé, maté, tonbé léta !
Men tousa sé tjimsavon anlè rad sal

Yo di yo anmen Franz Fanon,
Men yo pa lé tann palé di Le R, pyès.
Pou yo i sé mové mak révolisyonnè
Ki la pou gaté trankilité fonksyonè yo.
Yo pé pa sipoté négmawon le RPPRAC
Ki ka anpéché yo blèz ko yo dèyè kadikous yo,
Adan tout  Bidim sipèmaché bétjé, fout !

Yo di yo anmen Franz Fanon,
Men yo ka défann lafrankofoni
Kon kantatris ka dousinen bèl senfoni.
Souplé, pengad di yo ki yo pa fransé,
Paskè Yo kèy fè’w sav ki « Nous étions
Déjà Français byen avant Nice, L’alsace,
Ou bien la Lorrrraine », Wa di yo sa pa vré !

Yo di yo anmen Franz Fanon
Men pa palé yo di zafè « émancipation » pyès,
Palé yo, souplé, di « a-s-s-i-m-i-l-a-t-i-o-n »
Si ou palé yo kriyé’w séparatis,
Indépandantis épi siwtou Konplotis.

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« Cantate pour des matins de rosée », de Fred Williams

— Péface  par Gary Klang —
Poète est celui-là qui rompt pour nous l’accoutumance, disait Saint-John Perse.
C’est l’effet ressenti en lisant Fred Williams. Quand j’ai pris connaissance de Cantate pour des matins de rosée – merveilleux titre ! – c’était par une journée où le ciel avait pris la couleur triste d’une robe de nonne. Fred m’a tiré de ma léthargie par la beauté de sa poésie, d’autant que j’ignorais qu’il écrivait. Je l’avais connu par La Voix de l’Amérique où il m’avait souvent interviewé. Je l’avais aussi vu à Montréal, mais jamais il ne m’avait parlé de ses écrits. À ce sujet, nous rions encore d’une histoire qui nous est arrivée dans un restaurant de l’avenue Côte-des-Neiges. Il y a de ces histoires légères, sans intérêt apparent, mais qui demeurent inoubliables, personne ne sait pourquoi. Ce soir-là donc le serveur, un peu distrait, mit deux couteaux pour Fred, mais pas de fourchette. Ça a provoqué chez nous un fou rire qui dure encore. On l’imaginait essayant de manger son steak avec ses deux couteaux et sans fourchette.
Mais revenons aux poèmes.

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Réveil

— Poème de Robert Lodimus —

Réveil

Depuis plus de deux siècles

Clopine mon pays

À la recherche

De cette île mystérieuse,

Où le printemps, dit-on, est éternel.

Les chemins du « Bien » et du « Mal »,

Où s’arrêtent-ils ?

L’incertitude et la peur

Ensablent notre conscience.

Les indigents du Sud,

Dans la saison

Des égarements,

Sans répit, lapent leurs malheurs.

Sur les vestiges des temps héroïques,

Épopées sublimes et glorieuses,

Toute une meute de misérables!

Des lambeaux ambulants !

Des loqueteux déboussolés!

Des restes d’humains crucifiés

Comme des insectes morts

Sur les branches

Des dionées impavides!

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Un hommage international, à plusieurs voix et de grande amplitude, a été rendu au poète Anthony Phelps le 22 mars 2025

— Par Robert Berrouët-Oriol(*) —

Organisé à Montréal avec l’appui du Cidihca et de la Maison d’Haïti par Robert Berrouët-Oriol, linguiste, essayiste et poète, et par Joël Des Rosiers, médecin psychiatre, essayiste et poète, un hommage international, à plusieurs voix et de grande amplitude, a été rendu au poète Anthony Phelps le 22 mars 2025. Décédé à Montréal dans la nuit du 11 au 12 mars 2025, Anthony Phelps avait reçu de son vivant les distinctions suivantes :

  • 1980     Prix Casa de las Américas, pour La Bélière caraïbe

  • 1987     Prix Casa de las Américas, pour Orchidée nègre

  • 2014     Prix de Poésie Gatien-Lapointe – Jaime-Sabines, pour Mujer América / Femme Amérique

  •   Chevalier de l’Ordre des Arts et des lettres (France). 

  • 2016     Prix Carbet et du Tout-Monde pour l’ensemble de son oeuvre

  • 2017     Grand Prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre poétique

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