Catégorie : Poésies

Chanté Manman

— Par Daniel M. Berté —

I za chanté Manman…
Chanté ki pasé fioup ek foukan an gran van
Chanté ki anchouké an fondok mémwa-mwen
Chanté a pawol vid ka bouché tou lavi
Chanté a pawol lou ka pézé an lavi
Chanté a mizik dous ka fè an nanm volé
Chanté a mizik cho ka fè tout kò’w vibré

I za chanté Manman…
Chanté ka rakonté malè ek lanmizè
La jwa ek la djèwté, lanmitjé ek lanmou
Asiz anlè ti-ban’y, douvan an basin rad
Eti ki tjim-savon’y té ka fè an rifren
Lè’y ka tjotjo lenj-la, lè’y ka froté lenj-la
Lèy ka fésé lenj-la anlè wòch lariviè

I za chanté Manman…
Anba Maframé-a, adan solèy cho-a
Chanté ki ka pléré Lafrik ki Nèg kité
Chanté ka rakonté Latlantik moun néyé
Chanté ki ka palé Lanmérik ka frété
Chanté ki ka raplé Nèg-mawon ki chapé
Chanté ki ka montré chenn ki zèsklav pété

→   Lire Plus

« En dents de scie » & « Carpe Diem »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
“En dents de scie… »

Depuis qu’il a croqué la pomme,
tout au long de la vie de l’homme,
la joie, tout comme la lumière,
n’existe pas sans son contraire…

Car l’arbre de la connaissance
fut une seconde naissance
dans la douleur pour l’animal
qui y perdit son innocence

s’il y gagna cette conscience
qu’il n’y a pas de bien sans mal
et que l’issue sera fatale
quoiqu’il puisse essayer d’y faire…

Derrière les moments de liesse
se cache l’ombre des tristesses !
L’âme de l’homme est bipolaire
en butte au destin doux-amer…

Plus il s’élève dans les airs
et plus rude sera sa chute,
telle une barque sur la mer
que les vents et vagues chahutent…

Tantôt apparaît l’horizon
ensoleillé, porteur d’espoir,
puis soudain c’est le grand plongeon
au sein de “l’atroce entonnoir”!

→   Lire Plus

Fin(s) du monde de Roger Parsemain, Valérie John (Illustration)

Une poésie exigeante, enracinée dans la créolité, qui se confronte à la finitude et s’élève vers le cosmique

— Par Eric Eliès  —
La poésie des Antilles, de Guyane et d’Haïti est extraordinaire riche, et encore trop largement méconnue dans l’hexagone. Avant mon séjour en Martinique, de l’été 2020 à l’été 2022, je ne connaissais de la poésie antillaise que Césaire, Glissant, Saint-John Perse mais ces noms me masquaient, de leur éclat presque aveuglant, un foisonnement poétique aussi luxuriant que les forêts qui couvrent les pentes des mornes au coeur de l’île… J’ai déjà présenté sur CL des recueils d’Henri Corbin et, surtout, des recueils de Monchoachi, dont j’ignorais l’œuvre et que j’ai découvert dans les librairies de Fort de France (je continuerai à présenter Monchoachi qui n’est pas que poète : esprit libre et profond, il est aussi l’auteur d’un livre important : « Retour à la parole sauvage », qui dévoile et martèle nos impasses civilisationnelles). En revanche, et un peu étonnamment, j’ai « raté » l’oeuvre de Roger Parsemain et c’est à Paris que je l’ai découverte, lors d’une visite au marché de la poésie où exposait l’éditeur « Long Cours », installé au Gosier, en Guadeloupe.

→   Lire Plus

« Impermanence » & « Partir, c’est mourir un peu… »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Impermanence

Que devient l’ombre dans la nuit
quand plus aucun soleil ne luit ?
La vie, jour après jour, nous fuit
car le robinet du temps fuit…

Naître est déjà mourir un peu,
l’âge nous cuit à petit feu…
Bientôt ne demeurent que cendres
qu’un vent disperse sans attendre !

Nos paroles ne sont qu’un bruit
que très vite les gens oublient
et, même notées par écrit,
restent soumises à l’entropie…

Tout ce qui vit a une fin
et nul n’échappe à ce destin.
Bien que ce constat soit amer,
nous sommes des êtres éphémères !

Partir, c’est mourir un peu…

Partir un beau jour comme un nomade,
sans un adieu et sans laisser d’adresse…
Partir sans claquer la porte,
sur la pointe des pieds, sans faire de bruit,
sans le moindre mot ni cri,
sans point d’exclamation,
comme une parenthèse qu’on
aurait oublié volontairement de refermer
sur des points de suspension
et un joli point d’interrogation…
Se fondre dans la brume et disparaître
tel un mystère irrésolu…
N’être plus qu’une absence,
un manque que l’on ressent
un peu, du moins pendant quelques temps
avant de sombrer dans le néant de l’oubli…
Laisser quelques traces éphémères
juste pour donner à penser…
Si la vie n’est pas un long fleuve tranquille
et parfois même un torrent de boue,
tant qu’on le peut il faut rester debout
mais, de toute façon, tout au bout
c’est dans la mer qu’on se perd…
On pourrait aussi bien dire dans la mor(t)
même si l’on n’est pas Breton

→   Lire Plus

Tan bad

— Par Danile M. Berté —

Tan bad

Nou za pasé dé tan ki bad
Dot mové tan ki siper bad
Eti sé pa té kouyonnad
Lavi sé pa té kalvakad

Nou za sibi tan ladérad
Ladjoukan épi boul brimad
Eti nou pran bon andjélad
Siplis kout fret an dékalad

Nou za viv lé tan mizérad
Tranmanntè siklòn volkannad
San brè san manjé ek san rad
Ek nou rété pou la plérad

Nou za wouklé tan kovidad
Kriyé an tan klòwdékonad
Sonbré adan tan sawgasad
Toufé an tan lé brim-de-sad

Nou za brilé tan barikad
Lé manmblo pa fè rigolad
Lakrimo an tjou kanmarad
Radaw ka fini an griyad

Nou rivé an tan fiziyad
Kalach révolvè mitrayad
Drog vol moto chenn an kaskad
Sé senmitjè pou la plérad

Daniel M. Berté 100925

 

→   Lire Plus

L’exil

— Par Robert Lodimus —

L’exil

L’exil
C’est la mort
On vieillit
On maigrit
La famille
Les amis
Les souvenirs
Les rues de notre enfance
Tout se confond dans notre mémoire
Au fil du temps qui passe

L’exil
C’est la feuille verte
Détachée de sa branche
Que le vent de la peur
Ou de la misère
Partout traîne rageusement
Et qui va sécher
Dans la savane
Les soirées de glace
Démaillent les illusions
Et les fantasmes
Sur les joues creusées
À coups de nostalgie
Se déploient
Comme sur un tissu à rayures
Les stigmates indélébiles
De l’exil tourmenté
Liberté
Ils ont assassiné
Notre « Soleil »
Tu n’existes plus

→   Lire Plus

« Mots pour maux… » & « Presque rien… »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Mots pour maux…

Mes mots brûlent comme des flammes !
S’ils ne sont pas écrits ou dits,
alors c’est mon âme qu’ils crament…
Pour éteindre cet incendie,

il faudra donc que je me mouille,
de publier que j’aie les couilles
même si ça doit vous choquer !
Ils ne sont pas faits pour flatter

mais pour réveiller les esprits
d’une humanité endormie,
stigmatiser l’iniquité,
les injustices et l’oppression

afin de mettre la pression
aux profiteurs, aux dictateurs
et pour réparer leurs erreurs,
changer le sens de la terreur…

→   Lire Plus

Man tann di

— Par Daniel M. Berté —

Man tann di
Ki fo kouté pou tann
Ki fo tann pou konprann
Ki fo konprann avan di

Man tann di
Ki sé pa tousa ou tann pou di
Ki sa’w tann ou pa oblijé di’y
Ki vomié bien tann sa ki di avan’w di

Man tann di
Ki ou pé di sa’w pa tann
Ki ou pé tann sa ki pa di
Ki sé pa toudi di, sé bien di ki di

Man tann di
Ki menm si’w ni la tet di
Kon tala ki té di « la-tet-di-jé-ni »
Ki ou pé tann sa ki di

Man tann di
Ki lè milé tann kout tonnè mwa dawou
Ki i ka drésé dé zorey-li pou mié tann
Ki sé pa pou otan i ka di

Man tann di
KI sé pa jou ou lévé gro pwa ou ka trapé grodi
Ki sé pa jou ou manjé tè ki bouden’w ka grosi
Ki bef pa janmen di savann gran mèsi

Man tann di
Ki moun a djol pann pa ka pran konmédi
Ki sa mel ka di anlè, pa sa’y ka di atè
Ki bo tjou bouwo ou pann, pa bo’y ou pann

→   Lire Plus

Jamais n’accepterai

Jamais n’accepterai
— Par Gary Klang —

Jamais n’accepterai l’ignoble
Ceux qui font fi de l’innommable
De cet enfant une balle au cœur mourant dans les décombres
Au lieu de rire
Insouciant
Comme devrait l’être un enfant

Je n’en peux mais vous dis-je
Je n’en peux plus
Et je conchie
Tous ceux qui vivent
Vautrés dans leur indifférence

Partez leur dis-je
Hors de ma vue
Je ne veux plus
Je ne peux plus vous voir

Gary Klang

→   Lire Plus

« Magie des mots » & « Miroir »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Miroir

Qui me dira ce qu’on peut voir
de l’autre côté du miroir
lorsque sous les coups de butoir
du temps s’en écaille le tain ?

Que plus rien n’y reflète encor
de cette vie ? Est-ce la mort ?
L’aperçu d’un monde incertain
ou juste l’entrée d’un trou noir ?

Un miroir est comme un passage,
la magie issue d’un autre âge,
porte pour d’autres dimensions,
réponse à d’ultimes questions…

Mais c’est là le plus fantastique :
ne dit-on pas “briser la glace”
quand l’ego du reflet s’efface,
qu’on s’ouvre à l’autre et communique ?

Magie des mots

Vraiment l’amour des mots,
ça me maintient en vie,
convoquant de nouveaux
lorsque j’en ai envie…

→   Lire Plus

Matoub

—Poème par Gary Klang —
Je te salue Matoub

Tu as gravi les chemins d’ombre
En te hissant vers les étoiles
De cette terre presque mienne
L’aïeul y vit le jour
Pour finir sur cette île
Où j’ai connu aussi
La terreur
La folie
Et l’absurde

Je me souviens du corps
Ligoté sur une chaise
La tête penchée
Comme un enfant qui pleure

J’ai vu cet homme
Matoub
Abandonné au milieu des passants
Renvoyé
Tout comme toi
Au néant
Et à la poussière

Repose en paix
Poète
Repose
Sur cette terre presque mienne
Bercé à tout jamais
Par la lumière
Et par la mer

Car ta révolte
Vois-tu
Jamais personne ne pourra l’éteindre

→   Lire Plus

« Quand le silence de la nuit » & « Que sera ce rat ? »

Patrick Mathelié-Guinlet

Quand le silence de la nuit
revêt de son ombre la vie
et qu’alors règnent les esprits,
dans les airs résonnent encore

les mots de ces poètes morts
chantant la liberté, l’amour
à qui veut bien les écouter
jusqu’à ce que lève le jour…

Ces mots que le vent leur murmure
quand il caresse la ramure
des arbres de son souffle ailé,
par les oiseaux tôt relayés…

Leur message est audible pour
qui sait écouter la Nature
car c’est au fond d’une nuit noire
comme une boîte de Pandore
qu’à la fin demeure un espoir…

Que sera ce rat ?

(à Line Renaud)

La peste brune est là !
Amenée par les rats
menés par Bardella,
rat de laboratoire
(pas de bibliothèque !)
au bel art oratoire
pour l’électeur séduire
dont courte est la mémoire
car des dehors impecs
cachent souvent le pire…
Hélas, on ne sait pas
ce que sera ce rat…
“Que sera, sera”!

→   Lire Plus

Janmen bliyé !

— Par Daniel M. Berté —

An jou nwè ka kouté
An misié ka nonmé
An boul moun ki alé
Anlè dé zel brizé
Anmwé ! Janmen bliyé !

An lo manmay kriyé
An foul estipersé
An péyi ka pléré
An aviyon tonbé
Anmwé ! Janmen bliyé !

An lespri angwasé
An sonmey dévasté
An chay lavi krazé
An soufrans ka pézé
Anmwé ! Janmen bliyé !

An istad plen kon zé
An krey chef artisté
An lo fanmi lienné
An mémwa ki matjé
Anmwé ! Janmen bliyé !

An lo sewkey rivé
An doulè rilévé
An Matnik dézolé
An dènié jes adié
Anmwé ! Janmen bliyé !

→   Lire Plus

“Soir d’Ô rage” & « La Vie »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

“Soir d’Ô rage”

Ô désespoir, ô rage,
on n’est pas toujours sage
au maléfice de l’âge…
C’est un pied dans la tombe,
l’autre au cul d’imbéciles !
La louange est facile,
la critique une bombe !
Si sur la main le cœur,
faut un doigt pour l’honneur !
Quand la bêtise irrite,
le respect se mérite…
Nuits blanches et puis jours sombres !
Pas de lumière sans ombre,
médaille sans revers,
pas d’endroit sans envers
ni vertu sans contraire,
de beauté sans laideur
ni courage sans peur…
Pas de bien sans le mal
et de vie sans la mort !
Tout est paradoxal
au sein de l’univers :
cultivons l’oxymore !

→   Lire Plus

Lè lavi-mwen…

Lè lavi-mwen…

Lè lavi-mwen blotjé an gran-chimen kèsion
Epi rété kwensé an kannal ladévenn
Pou ouvè lespérans
Pou mwen pé ba’y douvan
Man ka ritann Gran Manman

Lè lavi-mwen doubout an mitan an lannuit
Ka chèché lékilib anlè fil lanmizè
Pou rété an konsians
Pou pa trennen atè
Man ka rili Gran Sézè

Lè lavi-mwen blotjé dèyè gro pil woch-la
Paré a néyé kò’y an gran lanmè blé-a
Pou ripran an balans
Pou ritouvé larel
Man ka rili Gran Zobel

Lè lavi-mwen asiz anlè ti-ban katjil
Ek ka pléré gro-tjè plonjé adan malè
Pou genyen délivrans
Pou pa fè mové-san
Man ka rili Gran Glisan

Lè lavi-mwen kouché an kabann la détrès
Ka goumen pou pa mò adan gouf ladoulè
Pou trapé an ti-chans
Pou mwen pé sa di non,
Man ka rili Gran Fanon

Lè lavi-mwen maré épi lienn lasoufrans
An fenfon an lajòl éti ka mantjé lè
Pou pé fè pénitans
Man ka ritann Gran manman
Di-mwen : « Kouté lé Gran »

Daniel M. Berté 80419

→   Lire Plus

« Calligraphie » & « Introuvable ! »

Calligraphie

Je me souviens de mon enfance
lorsque, penché sur le cahier,
de ma plume en grande souffrance
jaillissaient les pleins et déliés…

Parfois même un honteux pâté
comme une tache indélébile,
preuve avérée de main débile
chez un malheureux écolier

apprenant l’art de l’écriture
que je jugeais bien difficile,
concentré, la langue tirée
afin d’éviter la rature…

Aujourd’hui, ce n’est plus ainsi
qu’on forme les scribes futurs.
On peut néanmoins déplorer
que l’on ait si vite oublié
le sens du mot calligraphie…

Introuvable !

Un petit mot d’amour
pour te faire la cour,
tout rempli de douceur
comme un tapis de mousse,
un murmure d’eau claire,
à travers le feuillage
un rayon de lumière…

Et dans l’air printanier
saturé d’hormones sexuelles,
une caresse alizée,
un parfum d’herbe tendre,
un battement de cœur
comme celui des ailes
de papillons aux mille couleurs…

Tels des trilles d’oiseau
et un chant de cigale,
de fruits mûrs une odeur
et puis partout des fleurs,
la blancheur de ton rire !

Tout ça dans un seul mot
que j’ai voulu t’écrire
mais ne l’ai point trouvé…
Alors et sans rien dire
t’ai donné un baiser !

→   Lire Plus

Balata

— Par Daniel M. Berté—

Balata

Mi mwen
ti-Balata
ka lévé an bon tè
épi bon bwa vayan
ek sèv an vidjòzté
an voukoum laviya
ay! Balata bel bwa !
Mi mwen
bodzè Balata
ka balansé la kadans
anlè an pyé dansé
adan van lalizé
toumbélé an nowdé
adan soley kouchan
suiv si’w pé
man douvan
Mi mwen
bel Balata
gro-zé-gran anba bwa
bien rasiné an tè
tet-mwen ka touché siel
ka ba bon moun lonbraj
ka pran nich bel zwézo
and vlopans bra-branch-mwen
Mi mwen
gran Balata
kout rach ka dékalé
légorin dékoupé
an pout ek planch pou fè
a kout mato ek mayé
kloché légliz Sentespri
siklòn mové krazé apré
Mi mwen
souch Balata
doubout anba lapli livènaj
ka ladjé gro dlo pou néyé tjè-mwen
Souch miné pa anba
paw an nich poulbwa fen
lè’w wè’y I za tro ta
I za tro ta pou mwen

Daniel M. Berté 270225

→   Lire Plus

« L’important, c’est la dose ! », & « Puzzle »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

L’important, c’est la dose !
(à Gilbert Bécaud)

Ami, dans tout ce que l’on prend,
drogue, alcool ou médicaments,
j’affirme que n’est nullement
mauvaise en soi aucune chose
mais qu’il faut savoir seulement

garder raison en toute chose…
Du bonheur c’est la condition.
C’est l’abus qui fait le poison
puisque l’important c’est la dose…
Oui, c’est la dose l’important !

Qu’il s’agisse de sport, d’écrans,
là c’est encor la même chose :
il faut rester intelligent
et pour éviter l’addiction,
user avec modération….
Et ce conseil est le seul bon !

La démesure est ce qui cause
à la fin du désagrément
puisque l’important c’est la dose.
Même si la vie n’est pas rose,
oui, c’est la dose l’important !

Puzzle

→   Lire Plus

“Les vivants sont tous morts mais ils ne le savent pas”, d’Edgard Gousse

Par Fortenel Thélusma (*)

Voilà le titre choc, provocateur du dernier recueil de poèmes d’Edgard Gousse. Celui-ci est publié aux Éditions Trois Amériques, au troisième trimestre 2025. Paré d’une magnifique et impressionnante couverture au fond rose teinté de blanc, ce livre, d’une centaine de pages, est illustré par l’auteur lui-même. Edgard Gousse a plusieurs cordes dans son arc. Il propose une contribution remarquable et remarquée dans des domaines variés. Romancier, essayiste, critique littéraire, poète, conférencier, artiste peintre et traducteur, ancien professeur des universités, il a déjà publié une cinquantaine d’ouvrages.

Souvent, nous gardons présent dans nos esprits le souvenir de personnes décédées, parce que, avant leur mort, durant leur passage sur cette terre, elles nous étaient chères. Nous continuons ainsi de les nommer, de rappeler leurs œuvres, leurs qualités. Pour nous, quoique invisibles et très éloignées de nous physiquement, elles sont bien vivantes. À l’opposé de cette idée, le poète Edgard Gousse nous prend de court par le titre de son nouveau recueil de poèmes : Les vivants sont tous morts mais ils ne le savent pas. Faut-il le prendre au mot ou se contenter de se délecter de l’effet de surprise cher aux créateurs qui nous enivrent de beauté et de nouveauté au travers d’images peu connues ?

→   Lire Plus

Man ka kouri lannuit

— Par Daniel M. Berté —

Man ka kouri lannuit
Pou bonmaten lévé
Adan an lawouzé lespwa
Ba tiyanmay gazawi
Ki latranblad ka pran

Latranblad kakarel
Anba bonm ka tonbé
Akondi siel krévé
Ek ki ka déblozé
Anlè tet-yo touni

Adan an rev krévé
Kon izotewm krévé
Kondi filé krévé
Ki pran pwason krévé

Man ka kouri lannuit
Man ka kouri lannuit
Dan lapli bètafé
Ka mété an klewté
Dan lisidité-mwen
Dan lenpidité-mwen

Tout kakolè ka fè kakol
Tout konbatan ka konbat
Epi an lespri powézi
Pou di sa yo pé pa di
Men ki alantou-nou

→   Lire Plus

« Explorateur » & « Un voyageur »

Explorateur

Un air de déjà entendu,
une impression de déjà vu
et de moments déjà vécus :
faut se libérer du connu !

Prisonnier du temps et du lieu :
besoin d’ailleurs, de changer d’heure,
d’aller voir si, sous d’autres cieux,
la vie n’y serait pas meilleure…

Une envie de changer d’histoire :
besoin de perdre la mémoire,
laisser derrière le passé
afin de pouvoir avancer…

Un voyageur…

N’ayant pas écouté ma mère,
j’ai poursuivi tant de chimères…
Parfois la vie se fait amère
quand son chemin trop vite on perd,
qu’en perpétuel exil on erre !

Voyageur, ton âme est en peine
car tu sais que ta quête est vaine
mais sans fin, sur toutes les mers,
la beauté du chant des sirènes
toujours un peu plus loin t’entraîne…

→   Lire Plus

— Patrick Mathelié-Guinlet —

Entre deux…

Entre la mort et la naissance…
Entre l’existence et l’essence…
Entre l’instinct et l’expérience…
Entre la croyance et la science…
Entre l’espace et puis le temps…
Perdu entre deux infinis
entre virus et galaxies :
entre l’infiniment petit
et puis cet infiniment grand…
Entre le quantique et cosmique,
entre le tragique et comique
se retrouve l’homme et sa vie
entre deux portes donnant sur l’inconnu
comme un point d’interrogation irrésolu !

Existentialisme

Encore un pas sur le chemin,
encore un mot sur le papier…
Dans la poussière ou par écrit,
laisser une trace de vie…

Mais à quoi ça sert à la fin
quand on sait qu’avec les années
tout finira par s’effacer :
les visages dans les miroirs,

les histoires dans les mémoires
par l’abrasif temps érodés…
Des pages du livre de vie,
l’encre peu à peu a pâli

et les paroles prononcées,
le vent les aura emportées…
Même avec un secret espoir
d’acquérir l’immortalité,

pour l’homme il est vain de vouloir
contre l’éphémère lutter…
La seule règle est d’exister
sans trop de questions se poser !

→   Lire Plus

Fété an mizik

Fété an miziké
(Pou lafet lanmizik)

— Par Daniel M. Berté —

Fété an miziké
Chanté an jwayezté
Dansé an wélélé

Tanbou an woulman
Tibwa an batman
Bèlèé an mouvman

Viyolon an charangas
Trompet an descargas
Salsaé an bel pas

Flit an boléro
Klarinet an tango
Bidjiné an blogodo

Tronbòn an tjatjatja
Sakso an mazouka
Zouké an lafouka

Kloch an konpa
Bonngo an soka
Sloé an rimen-bonda

Batri an wòkannwol
Bas an dannsol
Valsé an fanm fol

→   Lire Plus

Le séchoir de mes parents

— Par Philippe Charvein —
Assis sur le canapé, je regardais ce séchoir pourtant familier de notre maison depuis longtemps alors qu’il était livré à la force du vent qui soufflait alors.
Une fréquence, une intensité plus marquée et c’en était fini, il était déraciné.
Emois ! Moi me précipitant tentant de parer au plus pressé.
Pourtant le séchoir de mes parents, avec ses bras ouverts comme en attente demeurait tout en tremblotant un peu il est vrai, vacillant un peu sur ses pieds ne perdant pas pied, nouveau roseau à l’ossature si fragile.
Ce séchoir, le séchoir de mes parents, notre séchoir tenait bon et décidément bon remplissant pour de bon sa mission portant haut à bout de bras les vêtements dont il avait la garde et la responsabilité portant un peu la mémoire de notre maisonnée.
Ce séchoir, le séchoir de mes parents, notre séchoir qui tremblait sous le vent malgré ses pieds en « x », nous rappelant notre fragilité face aux jeux aléatoires du cosmos, redistribuant les vêtements d’une maisonnée la nôtre au gré de ses rayonnages : unité mêlée des signes ou insignes de nos corps et personnes.

→   Lire Plus

Papa p

Par Daniel M. Berté

Papa protektè ka véyé anlè-nou
Kon manman-poul ka ba piti’y lanmou

Papa pinisè épi o san rézon
Ki ka wacha-wacha pou an wi pou an non

Papa pawolè chef an lison lavi
Ki ka montré larel pou vansé san fébli

Papa piétè ki ni lanmen fèmen
Ki ka viv o dépan ek pa ka ba’y ayen

Papa prélè a bel ganm bel kanman
Ki ni an gran bel tjè ek ki charmé manman

Papa pariè ka jwé kok ek chouval
Ka bliyé ménaj-li é pa ka ba’y an pal

Papa péyè ki ka pété grenn-li
Pou pé sa fè lajan pou nouri lafanmi

Papa protektè pinisè pawolè piétè
Prélè pariè o péyè sé toujou an papa

Daniel M. Berté 130625

→   Lire Plus