Catégorie : En librairie

Le cri des femmes, récompensé : Nathacha Appanah remporte le Goncourt des lycéens

— Par Hélène Lemoine —

Jeudi 27 novembre, Nathacha Appanah a réalisé un parcours exceptionnel dans le paysage littéraire français : quelques semaines après avoir été couronnée par le Prix Fémina, l’écrivaine mauricienne reçoit le prix Goncourt des lycéens pour La Nuit au cœur, publié chez Gallimard. Seule femme finaliste de cette 38ᵉ édition et unique autrice de la dernière sélection, elle s’impose face notamment à Laurent Mauvignier, tout juste lauréat du prix Goncourt avec La Maison vide.

Dans ce treizième roman, Nathacha Appanah tresse trois récits marqués par les violences masculines. Elle y ravive la mémoire de Chahinez Daoud, mère de trois enfants, assassinée et brûlée vive par son mari en 2021 près de Bordeaux ; évoque la mort de sa cousine Emma, écrasée par son époux à l’île Maurice en 2000 ; et dévoile enfin sa propre histoire, celle de la jeune femme qu’elle fut, vivant sous l’emprise d’un compagnon violent jusqu’à ses 25 ans. À travers ces destinées brisées, l’autrice mène une enquête intime et littéraire contre l’effacement, pour redonner voix aux disparues et mettre en lumière les mécanismes de domination qui les ont condamnées.

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Parutions du 19 novembre 2025

Psychologie ergonomique et sécurité au travail

Konan Simon Kouamé
Cet ouvrage se présente comme un véritable manuel universitaire et professionnel permettant d’appréhender l’utilité de la psychologie ergonomique dans l’explication de la sécurité et de la santé au travail. À travers cet ouvrage, les étudiants en psychologie du travail et les professionnels trouvent un outil de compréhension et d’explication des risques professionnels, des accidents professionnels […]
EAN : 9782336557007
Date : 20/11/2025
Format : 135 × 215 mm
Collection : Violence et société
158 pages — Prix : 18.00 €

L’adolescence prolongée – Un temps d’accomplissements
Michel Claes
Depuis une trentaine d’années, on observe une puberté de plus en plus précoce et une entrée dans l’âge adulte toujours plus tardive. Loin d’être un malheur, cette adolescence prolongée offre de multiples avantages pour beaucoup de jeunes et pour la société. Trop souvent définie c[…]
EAN : 9782336570204
Date : 06/11/2025
Format : 135 × 215 mm
Collection : Psycho-Logiques
178 pages — Prix : 20.00 €

Gestion de la crise de personnalité

Epiphane Stéphane Nayeton, Judith Ella Agbanglanon
Cet ouvrage explore la contribution du développement psychosocial d’Erikson aux différentes « crises » du développement personnel tout au long de la vie.

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Laurent Mauvignier, ou la mémoire des silences : le Goncourt 2025 consacre « La Maison vide »

— Par Hélène Lemoine —

C’est un roman de chair, de mémoire et de silence qui vient d’être couronné par le prix Goncourt 2025. Avec La Maison vide (Éditions de Minuit), Laurent Mauvignier signe une œuvre magistrale, ample et bouleversante, qui explore les blessures enfouies de sa lignée familiale sur quatre générations. Né en 1967 à Tours, l’écrivain, ému à son arrivée au restaurant Drouant, a salué une récompense « énorme », dédiée à l’enfance et à la transmission : « C’est un livre qui vient de plusieurs générations », confiait-il.

Fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage, Mauvignier a grandi dans une maison modeste, mais riche d’histoires tues. Dans son parcours, la littérature s’est imposée comme une nécessité vitale. D’abord formé aux beaux-arts, il est devenu un véritable plasticien des mots, modelant la langue comme une matière organique. Depuis son premier roman Loin d’eux (1999), il s’attache à rendre visibles les existences ordinaires, à sonder les silences et les blessures d’un monde souvent oublié.

Une maison comme métaphore du roman

Depuis ses débuts, Laurent Mauvignier imagine chaque roman comme une « maison » à habiter.

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Aimé Césaire, un homme qui crie -Poèmes sur sept décennies

Traduction et choix des poèmes par Klaus LAABS

(Editions 2025 chez Matthes et Seitz (Berlin, Allemagne) Spécialistes de l’Afrique et des Caraïbes

Par Fernand Tiburce Fortuné —

Ce n’est pas la première traduction des poèmes d’Aimé Césaire en langue allemande. On en trouve déjà une en 1962, éditée à FRANKFURT et dont le titre n’est guère éloigné du titre originel : « Zurück ins Land der Geburt ». Alors que M. LAABS préfère « Notes, mémos, mémoires sur un retour au Pays ».

Klaus LAABS, né en 1953 à Berlin, est un traducteur littéraire, en particulier des œuvres de la littérature hispanoaméricaine, française et francophone des Caraïbes et d’Afrique. Parmi les auteurs traduits par lui figurent notamment José Lezama Lima, Reinaldo Arenas, Zoé Valdes, Alejandra Pizarnik et Daniel Maximin (de la Guadeloupe)

La couverture représente Césaire par Pablo Picasso.

Voici ce que l’on peut lire dans la présentation allemande :

« Cette édition la plus complète en langue allemande de l’œuvre lyrique d’Aimé Césaire témoigne de son long combat contre le colonialisme et le racisme et doit son incomparable richesse d’images et de langage au retour culturel à l’identité « noire ».

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LIRE : Le premier roman de Éric Chacour : Ce que je sais de toi

— Par Janine Bailly —

Publié en août 2023 par les éditions Alto au Québec et aux éditions Philippe Rey en France, aujourd’hui au livre de poche, ce premier roman de l’auteur reçoit, entre autres, le Prix France-Québec, le Prix des 5 continents de la francophonie, le Prix des Libraires, le Prix Fémina des lycéens…

Éric Chacour est né en 1983 à Montréal, de parents immigrants égyptiens. Il a passé son enfance au Québec et en France.

Ce que je sais de toi

Pour Tarek, né au sein de la communauté levantine du Caire, la vie aurait pu être un long fleuve tranquille. Fils d’un médecin reconnu, dans les beaux quartiers résidentiels de Dokki, il hérite à la mort de son père de la clinique située au rez-de-chaussée de l’immeuble familial. Il intervient aussi à l’hôpital américain de la ville. Retrouvant, après des années de séparation, Mira, une de ses conquêtes de jeunesse, originaire d’Arménie, il fait ce que l’on appelle un beau et bon mariage. Mais très vite nous devinons que ce cadre strictement bourgeois, occidentalisé, “où l’on parle mieux le français que l’arabe”, étouffe en lui d’autres aspirations, un désir d’être libre, un besoin de donner un sens à sa vie.

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« Jusqu’à mon dernier mot », récit de P.S. Hoggar

À vingt ans, confrontée à l’imminence de la mort à cause d’une maladie incurable, Héloïse se décide à écrire ce qu’elle appelle son “Commentaire” : le récit cruel et lucide des derniers mois de son existence. Elle dédie à sa sœur jumelle ce texte destiné à maintenir sa présence auprès de ses
proches, lorsqu’elle aura été arrachée à eux.

À la fois testament spirituel et quête poétique du sens de la vie, ce journal intime nous fait partager le cheminement intérieur d’une jeune fille qui explora, avec un courage désespéré, en se lançant dans l’aventure de l’écriture, la possibilité d’une ago-nie heureuse.

Certains verront dans cette œuvre une fable philosophique, métaphore de la crise morale de notre époque contemporaine ; d’autres interpréteront ce récit polyphonique comme une réécriture des amours légendaires d’Héloïse et Abélard.

Cette confession littéraire aborde surtout, avec exigence et pudeur, la question cruciale de la fin de vie et de l’euthanasie

L’AUTEUR — Originaire du Béarn, ayant passé ses années de formation à Orthez et à Bordeaux, P.S. Hoggar a vécu la majeure partie de son existence en Guadeloupe et Martinique, où il réside.

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« Kokliko »  : célébration de deux terres consanguines

Une lecture du roman de Rudy Rabathaly

—Par Jean-Durosier Desrivières, écrivain, comparatiste et créoliste — 

En 2013, Rudy Rabathaly, ancien rédacteur en chef du quotidien France-Antilles de Martinique, avait publié Pawol anba fey1 (Paroles en sourdine) qui correspond au titre similaire de sa rubrique hebdomadaire qui a duré presque quinze ans. Oliwon d’imaginaire créole2, recueil de « nouvelles et poésies » en français et en créole, paraît au courant de l’année 2024 et le roman Kokliko3 au début de l’année 2025. Les textes minimalistes du premier ouvrage semblaient préparer le chemin pour les deux autres, représentant ainsi un bilinguisme composé franco-créole. Toutefois, le roman traverse les frontières linguistiques en s’imposant comme une œuvre de langue française-créole et d’expression créole, arborant parfaitement une esthétique intercréole. Car l’histoire, que dis-je, les histoires des personnages, se déroulent en plusieurs lieux, principalement sur deux territoires linguistiques de la Caraïbe franco-créolophone – Martinique et Haïti.

Dès lors, il paraît nécessaire de démêler la complexité des lieux et du temps de cette fiction ; de cerner les différents aspects de l’une des principales caractéristiques de cette narration : oralité et oraliture4 ; de souligner cette célébration des cultures caribéennes dans ce roman qui fait la part belle à la musique et à la littérature haïtiennes.

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« Les mystères de Fort-Royal », de William Vaquette, Général de Gendarmerie

L’enquête du gendarme, abolitionniste, qui devint député de la Martinique

Les mystères de Fort-Royal est un roman policier historique qui plonge ses racines dans l’histoire de la Martinique et de la lutte pour l’abolition de l’esclavage. Signé par le général de gendarmerie William Vaquette, ce livre mêle habilement faits réels et fiction pour nous faire découvrir une figure oubliée mais essentielle de l’histoire : Joseph France. Cet officier de gendarmerie, tout d’abord discipliné et dévoué à la loi, se transforme, face aux horreurs de l’esclavage, en un abolitionniste engagé. À travers une enquête audacieuse, il défie les autorités coloniales et met sa carrière en péril pour défendre les droits des esclaves.

Résumé de l’histoire :

Nous sommes en 1843, sur l’île de la Martinique, un territoire où l’esclavage est toujours en vigueur, et où la richesse des plantations repose sur le travail forcé des esclaves. Le commandant de gendarmerie Joseph France, fraîchement arrivé sur l’île, est confronté à un mystère intrigant : le cadavre d’une esclave disparaît dans une habitation, emportant avec elle une précieuse statuette religieuse. Un autre secret se cache derrière cette disparition : le trésor de l’Église, volé depuis la Révolution, pourrait bien être retrouvé.

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  Une île et son cinéma – Fémi, Festival de Guadeloupe

Un ouvrage de Felly Sédécias
Résumé :
Dans cet ouvrage l’auteure raconte vingt cinq ans de rencontres avec les stars de divers pays du monde, venus nous visiter dans notre archipel : la Guadeloupe.
Ce festival, débuté en 1992, consacré au  cinéma d’auteur, fut, chaque année, le seul lieu où les réalisateurs et les écrivains de la diaspora, de la Caraïbe et de pays étrangers venaient montrer leurs œuvres filmiques ou littéraires aux guadeloupéens.
En 2025, jetons un regard sur la progression réalisée de ces cinéastes.Auteur : Felly Sédécias
Felly Sédécias est née à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe.
Elle commence sa carrière professionnelle à Paris. Elle assure différentes fonctions en France : Secrétaire administrative, Attachée de Presse. En Guadeloupe : Institutrice, Formatrice au centre Attitudes Institut des Abymes.
Elle a été Directrice du Ciné Théâtre du Lamentin de 2004 à 2012. Puis, Fondatrice et Déléguée Générale du FEMI
« Festival Régional & International du Cinéma de Guadeloupe » de 1992 à 2019, soit vingt-cinq éditions.
Parallèlement, elle s’est investie dans la formation aux techniques d’écriture de scénario et de prises de vues, mais aussi des séminaires et cycles de formation dans le domaine des relations humaines.

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Kokliko : Une aventure littéraire où l’imaginaire créole redéfinit les codes

— Par Anique Sylvestre, écrivaine —

Rudy Rabathaly met un pied dans la fourmilière littéraire antillaise: après nous avoir fait rire de nous-mêmes (dan ri kò) avec ses « pawol anbafey » et autre « tonbé lévé » , après nous avoir fait réaliser l’omniprésence spontanée de notre imaginaire créole avec son « oliwon d’imaginaire créole  » le voilà qui nous offre: « Kokliko  » ce premier roman qui confirme la posture d’écrivain de Rudy Rabathaly. « Kokliko » nous laisse pantois tant il dérange par son caractère novateur tant dans le propos que dans l’écriture. Comme si « pawol anba fey  » et « oliwon » incrementaient  » Kokliko » , l’auteur affiche une nouvelle écriture sortant des rails d’une créolité passée, pour nous mener sur des chemins inattendus.

L’image de couverture nous laisserait croire à une histoire d’amour. Cependant, outre la relation d’amour que l’auteur entretient avec la Littérature, force est de constater son questionnement permanent quant à notre façon d’exprimer, de vivre notre imaginaire lequel imprègne tous nos actes du quotidien.

L’auteur ne s’arrête pas là : par delà ce constat, Rudy Rabathaly met en scène dans ce roman un univers dont les héros, multiples, divers de notre monde caribéen traversent une histoire où la date, le temps, le lieu évoluent de façon quasi virtuelle.

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« Saison de porcs » de Gary Victor

— Par Michel Herland —

Mémoire d’encrier (Montréal) réédite en poche – après ses Treize nouvelles vaudou – un roman policier mais aussi fantastico-politique de Gary Victor paru originellement en 2009. L’auteur, né en 1958 à Port-au-Prince, a été haut-fonctionnaire en Haïti ainsi que journaliste, scénariste, dramaturge, nouvelliste et, l’auteur de vingt-sept romans (d’après sa fiche Wikipedia). La quatrième de couverture de Saison de porcs précise qu’il est le romancier le plus lu de son pays, ce que l’on croit volontiers.

À en juger par ce roman-ci, Gary Victor s’y entend pour camper des personnages, peindre une atmosphère et concocter des intrigues, dans ce cas plus que teintée de fantastique. Lorsqu’un policier se transforme en porc, il faut bien croire qu’une intervention surnaturelle a eu lieu ! Gary Victor a le talent qu’il faut pour nous forcer à le suivre, à admettre l’invraisemblable, le temps d’une lecture.

Il ne faut jamais dévoiler l’intrigue d’un roman, encore moins d’un roman policier. Disons simplement que l’inspecteur Dieuswalwe Azémar se trouve embringué malgré lui dans une enquête qui commence lorsque son adjoint vire porcin et qui se complique quand il découvre que sa fille adoptive Mireya, d’ailleurs non dépourvue de quelques dons spéciaux, et qu’il a imprudemment confiée au pensionnat de l’Église du Sang des Apôtres, court un grand danger.

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Parutions ; nouveautés du 18 décembre 2024

Samuel Beckett et Gérard Astor
La Nuit et le Jour au Théâtre
Roger-Daniel Bensky, Préface par Rachida Triki, Postface par Jacques Poulain
« Utopie contre Dystopie ; éclatement baroque contre rétrécissement classique ; différentialité narrative contre minimalisme situationnel ; tente abrahamique (ou ibrahimique) pour accueillir les multitudes, contre retraite vertigineuse vers le donjon de l’Égo ». Ainsi Roger-Daniel Bensky définit-il les différences entre Beckett et Astor. Mais ne nous y trompons pas, au-delà d’une réflexion sur ces[…] EAN : 9782336501109
19/11/2024
135 x 215 mm
Collection : Carnets d’Archipel méditerranées
188 pages
23.00 €

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Vini Vann, la boutique de Manzèl Yvonne : Un voyage au cœur de la Martinique des années 60

Samedi 7 décembre de 19h à 21h au Teyat Otonom Mawon (TOM), m.e.s. Elie Pennont

Dans le récit Vini Vann, la boutique de Manzèl Yvonne, Arlette Pujar nous offre une immersion émouvante dans la Martinique des années 60, une époque où les changements sociaux étaient encore balbutiants, et où la modernité peinait à pénétrer l’île. À travers les yeux d’Anita, une jeune Martiniquaise qui vit à Marseille avec sa famille, le roman retrace une époque où l’identité, les valeurs de solidarité et le lien social étaient vécus au quotidien, notamment à travers les petites boutiques de quartier, telles que celle de sa grand-mère, Manzèl Yvonne.

Une époque, une boutique, un lien social

Le roman se déroule principalement aux Terres-Sainville, un quartier populaire de la Martinique où la boutique de Manzèl Yvonne est un véritable centre de la vie communautaire. À cette époque, ces débits de la régie, comme les appelait l’auteur, étaient les lieux où l’on échangeait plus que des marchandises : c’était aussi là que se tissaient des liens sociaux profonds. « Vini vann ! » – l’invitation sonore des clients annonçant leur arrivée – devient le symbole d’un monde révolu, où la simplicité et la solidarité faisaient le quotidien des habitants.

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« Petite collection de grandes pensées », un livre de Nina Simon

— Par Jean-Robert Léonidas —

L’auteure de ce petit livre d’une étonnante profondeur m’a personnellement épaté. D’une double façon. Tout d’abord, je me crois en face de deux identités. C’est que j’ai déjà lu avec grand bonheur un premier texte en anglais, signé par la même personne, sous une autre appellation, son nom de naissance. Je l’avais bien apprécié et j’en ai déjà donné mon sentiment dans un court article publié par Madinin’Art (1). Me voici ensuite en présence d’une autre production que je viens de recevoir de la même personne, cette fois-ci sous un nom de plume. Pas seulement un changement de nom. Tenez-vous bien : Un changement de langue. Elle écrit cette fois-ci en français avec la même aisance. Il est vrai qu’elle est canadienne. Mais ceci n’explique pas cela.

En des mots simples, dans ce nouveau texte, l’auteure présente une intéressante conversation entre soi et soi-même. De façon surprenante, comme en un tour de passe-passe, la porte s’ouvre sur l’autre. Le lecteur se sent alors engagé dans un dialogue avec un penseur qui remue des idées qui nous intéressent toutes et tous.

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Francine Narèce : une voix littéraire enracinée dans la culture martiniquaise

— Par Sarha Fauré —

Francine Narèce est une auteure prolifique, passionnée par les contes et les récits traditionnels, qui puise son inspiration dans les richesses et les tourments de la Martinique, son île natale. Née au François, elle a grandi près de la mer, ce qui nourrit son imaginaire et son œuvre. Ayant vécu une partie de sa vie en Ardèche et dans la Drôme, Narèce est revenue en Martinique, où elle continue de partager sa passion pour l’écriture. À travers ses ouvrages, elle explore les contradictions et les ambiguïtés de la société martiniquaise, tout en mettant en lumière les luttes sociales, les récits historiques et les légendes populaires.

Narèce se distingue par son écriture théâtrale et ses contes qui naviguent entre le réel et l’imaginaire, offrant aux lecteurs une plongée dans un univers à la fois poétique et engagé. Sa plume élégante et vive donne vie à une galerie de personnages truculents, qu’ils soient ancrés dans la réalité historique ou issus de son imagination fertile. Au fil des ans, elle a enrichi la littérature francophone avec des œuvres telles que De l’olympisme au handisport, Le combat de Léona Bataille, et la pièce émotive Pour deux francs, retraçant un épisode douloureux de l’histoire des ouvriers de la canne.

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« Les enfants du requin », roman de Régine Louiset et Stéphane Blondel

Présentation du livre

Imaginez un monde où l’eau, les graines et les histoires sont les choses les plus précieuses. Un monde où les nouvelles s’accrochent aux branches des arbres-messagers près des vieux puits, ceux-là mêmes qui ont permis à la vie de renaître. Dans cet univers, la ville et la nature se mêlent pour former un « Dernier Continent » dont les limites restent introuvables pour les voyageurs les plus téméraires.

Premier tome d’une saga inédite, « Les enfants du requin » nous invite à un voyage extraordinaire. Ce roman est une invitation à l’évasion, à la rencontre d’un univers très différent du nôtre, tout en nous incitant à réfléchir sur les enjeux et les transformations de notre époque.

Depuis ses premières ébauches en 2002, l’univers de la « Ville aux mille noms », ou « l’En-ville » comme l’appellent les caravaniers, s’est enrichi et structuré. Il nous fait explorer un dédale de routes, de fleuves et de quartiers, à la rencontre de caravanes lointaines, de voyageurs intrépides et de pirates épris de liberté totale. Dans ce monde, les traces de notre civilisation disparue se mêlent à une société qui a réinventé son fonctionnement, sans institution ni gouvernement, trouvant pourtant un équilibre et une paix relative.

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« Bayou », un roman de Franck Lacombe

Au cœur de la Louisiane, au début du vingtième siècle, trois destins s’entremêlent dans un climat de mystère et de tension. Lynn Rockwell, fille de pasteur noir, croise le chemin de Jessie Lapointe, issue d’une famille de fermiers blancs cajuns, et d’Alexander Mazzella, homme de main de la mafia. Leur amour pour le bayou, ces terres marécageuses où se mêlent les eaux du Mississippi, les unit dans une amitié improbable. Dans un monde où la peur et la haine règnent en maîtres, quelles forces obscures pourraient bien les séparer ?

Dans son roman « Bayou », Franck Lacombe explore de manière romancée le monde caribéen et la créolité. L’œuvre traite de l’amitié inattendue entre trois personnages de milieux différents, mais unis par leur attachement au Bayou. Lynn Rockwell, en quête de liberté et de bonheur, vit en Louisiane au début du 20e siècle. Elle rencontre Jessie Lapointe, fille de fermiers blancs cajuns, et Alexander Mazzella, un gangster mafieux. Ensemble, ils partagent leur amour pour le bayou, malgré un environnement où la peur et la haine sont omniprésentes.

Franck Lacombe nous plonge dans un univers humide, chaud et parfois effrayant pour ceux qui ne le connaissent pas, mais hospitalier pour ceux qui l’aiment.

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Les sœurs Nardal : pionnières de la Cause Noire

Léa Mormin-Chauvac Préface d’Alain Mabanckou

— Par Sabrina Solar —

Paulette, Émilie, Alice, Jane, Cécile, Lucie et Andrée Nardal : sept sœurs originaires de la Martinique, se sont distinguées par leur engagement littéraire et musical. Paulette et Jane, parmi les premières femmes noires admises à la Sorbonne dans les années 1920, ont fondé le « salon littéraire de Clamart ». Paulette a également co-fondé La Revue du monde noir, tandis que ses sœurs ont rédigé des articles engagés et universalistes.

Lire aussi : Les sœurs Nardal, A l’avant-garde de la cause noire — Par Dominique Daeschler

Un printemps éditorial historique

Léa Mormin-Chauvac, avec sa biographie publiée chez Autrement, éclaire l’importance historique des sœurs Nardal dans le mouvement de la négritude. Cette biographie est la première à leur être consacrée et offre une documentation minutieuse sur leur parcours. Les sœurs, élevées par leur père Paul Nardal pour être indépendantes, ont été des figures emblématiques de l’engagement féministe et antiraciste.

La publication simultanée de deux autres ouvrages par les éditions Ròt-Bò-Krik sur des thématiques similaires révèle un intérêt renouvelé pour ces figures historiques.

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« Zamana », un roman d’Emmanuel de Reynal

« Leur temps n’est pas le mien. Ils me croient éternel. Je les vois comme des éclairs. (…) Ils défilent au rythme de leurs vies rapides. Ils vont, viennent, repartent, bougent, viennent encore (…) Savent-ils pourtant que c’est à eux que je dois d’être ancré ici depuis si longtemps ? Savent-ils qu’ils ont été mes maîtres ? Savent-ils aussi que je les comprends bien mieux qu’ils ne l’imaginent ? Peut-être est-il temps de leur parler ? »

Celui qui parle est un vieil arbre planté au cœur d’une habitation créole au début du XIXe siècle pour servir d’ombrage aux cultures de café. Pendant plus de 200 ans, le Zamana observe les mouvements des hommes, les chemins de l’histoire, les caprices du temps… Par sa sagesse d’arbre, il jette sur le monde un regard curieux et fasciné. Parviendra-t-il à établir une connexion avec ces petits êtres sans racines ?

Emmanuel de Reynal est né en 1965 à Fort-de-France. Il fait partie des « békés », qui désignent aux Antilles les Blancs créoles, descendants des premiers colons européens.
Très investi dans la vie associative de son île, la Martinique, il fait partie de l’association « Tous Créoles » dont le but est de rapprocher les différentes communautés antillaises.

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Langue française dans un gosier créole

A propos du dernier ouvrage de Rudy Rabathaly : « Oliwon d’imaginaire créole » chez K. Editions.

— Par Mireille Jean-Gilles —
A la manière de V.S Naipaul, immortalisant dans Miguel Street la vie de petites gens (le peuple) de Trinidad catapultées dans une rue de Port of Spain, Rudy Rabathaly, lui-même journaliste avant de « devenir écrivain » (une expression de Naipaul), nous offre ici une fresque martiniquaise à partir de personnages, non pas puisés dans son imagination mais dont la vie ou la personnalité dépasse l’imagination, et par conséquent deviennent des signes tangibles de notre « imaginaire créole », jusqu’à parfois être immortalisés dans une chanson de carnaval.

« La chanson composée par Ti-Citron pour marquer cet épisode douloureux pour son anatomie intime et plus particulièrement son refrain, fut reprise en vidé tous les dimanches du carnaval… »

Ce recueil de textes, empreint de culture populaire, préserve ainsi à sa manière un pan de notre patrimoine, autrement voué à l’oubli. Mais au-delà des personnages pittoresques ou de leurs faits d’armes les plus saillants, ce qu’il y a de proprement délectable dans OLIWON d’’imaginaire créole, c’est chez l’auteur ce sens de l’observation et du détail proprement journalistique qui produit un effet littéraire saisissant.

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Festival International du Livre Gabonais et des Arts (FILIGA)

Par Fortenel Thélusma

Du 30 mai au 1er juin 2024, s’est tenue la 3e édition de la foire du livre à Libreville, au Gabon. C’est un évènement annuel qui a débuté en 2022. Pour y participer, les auteurs et écrivains doivent recevoir une invitation des organisateurs à titre de conférencier et d’exposant. Manifestation culturelle fortement médiatisée, la foire du livre a réuni, cette année, dix-sept pays.

Edgard Gousse, professeur et écrivain haïtiano-canadien était présent à cette troisième édition. Sa participation a été couronnée de succès. En dehors de sa prestation, en tant qu’exposant et conférencier dans le cadre des activités coordonnées par le FILIGA, il a été également reçu et introduit, avec une chaleureuse cordialité, par le vice-recteur de l’Université Omar Bongo (UOB), la principale université publique de Libreville. Une séance de dédicaces y a été, par ailleurs, organisée. Voici quelques titres signés, majoritairement des romans :

1) Ne dites pas à ma mère que je suis une salope (roman, 2013)

2) Le pouvoir du Sexe (récits, 2014)

3) Je suis Black mais je baise tes Blanches (nouvelles, 2017)

4) Femme des papas (roman, 2019)

5) Les petites donneuses (roman, 2020)

6) Silence, on assassine le président (roman, 2021)

7) Sang pour sang (roman, 2022)

8) Un canal pour deux moitiés d’île (roman, 2023)

9) Et si le sexe n’existait pas (roman, 2024)

Était également exposé le gros volume de 1654 pages, une biographie de Fidel Castro.

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Les mondes de Roger Parsemain

(A propos de Fin(s) du monde , aux éditions Long cours)

— Par Georges-Henri Léotin —

Fin(s) du monde, tel est le titre du dernier ouvrage de Roger Parsemain. Un titre qui interpelle. A l’oral, quand on entend fin du monde, on peut avoir une petite idée de ce que cela peut vouloir dire, même s’il est difficile de concevoir, d’imaginer ce que c’est que la fin du monde. Et il se trouve maintenant que sur la couverture du livre de Parsemain, il y a un s entre parenthèses après fin, ce qui signifie qu’il pourrait y avoir plusieurs fins du monde ! Quelque part dans l’ouvrage, le lecteur sera éclairé, il découvrira un des sens que ce pluriel peut avoir. Nous vous laisserons découvrir une des significations possibles, de cette fin plurielle.

Nous remarquons que le tout premier poème, présenté comme « envoi », s’intitule L’œil d’éternité, un titre qui contraste avec celui de tout l’ouvrage, si on considère que l’éternité apparait comme étant tout le contraire de la fin du monde. Nous reviendrons sur ce point, mais nous voudrions faire tout d’abord une présentation de l’ensemble de l’ouvrage.

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Gwoka et décolonisation culturelle : 1930 – 2009 

Des femmes et des hommes de Guadeloupe à l’œuvre

Auteur : Marie-Héléna LAUMUNO 

Marie-Héléna Laumuno est docteure en Histoire contemporaine. Passionnée de Gwoka, pratique culturelle aux tambours de racine africaine en  Guadeloupe, l’auteure en fait sa pratique artistique ( chant, danse) et l’objet principal de ses recherches et publications. Sa thèse intitulée Les gens du Gwoka en Guadeloupe, Devenir acteur de décolonisation, 1931-1994 a été soutenue en décembre 2019 à  l’Université des Antilles, sous la direction du Professeur Jean-Pierre Sainton. L’auteure est membre du GRiiim, Groupe de Recherche internationale, interdisciplinaire, interlaboratoires sur la musique, intégré au Centre de recherches intercontinental sur la musique (Québec/Antilles/Aix-Marseille) et favorisant les projets avec les Amériques et l’Afrique. 

Le Gwoka en Guadeloupe est-t-il juste ce qui se donne à voir, c’est-à-dire un ensemble de musiques, chants et danses aux tambours, vécu comme un amusement ou encore ne constitue-t-il pas un langage artistique par lequel s’exprime une rupture avec les représentations coloniales du tambour de racine africaine et de ses attributs ? Tel est le questionnement du présent ouvrage. 

Des années 1930 à 2009, alors que la question de la décolonisation politique de la Guadeloupe est pressentie puis posée par des acteurs politiques d’horizons divers, ces 80 années de pratique et de participation au Gwoka en Guadeloupe et à Paris, relatent une histoire révélatrice du Gwoka comme un cas  de décolonisation culturelle.

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« Tu, c’est l’enfance » de Daniel Maximin, une nouvelle édition en collection de Poche

— Par Sarha Fauré —

La réédition en collection de poche du récit d’enfance de Daniel Maximin, « Tu, c’est l’enfance », nous offre une plongée captivante dans la jeunesse tourmentée mais enrichissante de l’auteur en Guadeloupe. À travers ce livre, Maximin nous dévoile son enfance marquée par les éléments naturels et les luttes historiques de son peuple.

Le regard de l’enfant et l’universel

Daniel Maximin s’efforce de préserver la pureté et l’innocence du regard enfantin, refusant d’écraser les événements de l’enfance sous le poids du regard adulte. Cette dualité entre le « tu », l’enfant d’autrefois, et le « je », l’adulte d’aujourd’hui, permet de commenter et d’explorer les souvenirs qui ont forgé l’auteur. L’objectif est de respecter cette innocence et de montrer l’universalité de tous les regards d’enfants à travers le monde. Chaque enfant, en affrontant les éléments – l’air, la terre, l’eau et le feu – trouve une vitalité essentielle pour se construire en tant qu’adulte, tout en faisant face aux malheurs et douleurs qu’ils imposent. Maximin illustre cela par ses propres expériences : cyclone, éruption volcanique, tremblement de terre et raz de marée.

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Turbulence(s) / Dezòd : appel à contributions : DO-KRE-I-S # 7

Une turbulence est une agitation désordonnée, bruyante. Frénésie. Fureur. Insolence. Tourbillons dans un fluide. Tel un avion surpris par la densité du dialogue entre l’air chaud et l’air froid. Les turbulences agitent le confort, défont, l’espace d’un instant, l’inertie. Elles inventent chaos, chocs, entrecroisements, crissements.

Les turbulences créent désordre, tension. 

Le monde traverse une zone de turbulences. Ça secoue. C’est inquiétant, troublant, effrayant, paralysant. Ses fêlures s’engorgent d’une putrescence haineuse. Les repères sont jetés bas et les vieux monstres en semblent tout ragaillardis : moralisme, patriotisme, colonialisme, racisme, autoritarisme, capitalisme, sexisme, fleurissent plus que jamais, çà et là.

Les turbulences engendrent rupture, distorsion.

Paradoxalement, ne sont-elles pas aussi des opportunités de faire résistance aux désastres annoncés, aux catastrophes à l’œuvre ? Elles pourraient s’avérer un moyen d’endiguer les violences frénétiques infligées au monde. Le nouveau volume de la revue DO-KRE-I-S se propose de côtoyer et d’exalter cette promesse alternative, créatrice et instable du désordre (dezòd). Tumultes, tapages, cris, cacophonies, gribouillages. Les ruptures, ce sont aussi les existences qui se développent, se renouvellent, mutent, subvertissent. Ce sont de nouveaux milieux, de nouvelles voies, de nouvelles paroles, qui y sont promises, qui y sont possibles.

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