Création du 54e Festival de Fort-de-France, cette pièce haïtienne pour l’écriture (Jean d’Amérique (1)) et la mise en scène (Jean-Erns Marie-Louise) mais avec une distribution africaine et en partie martiniquaise est une vraie réussite formelle. Certes, l’argument est mince : Sanite Bélair, une héroïne de la guerre d’indépendance haïtienne demande à un hougan (« prêtre » vaudou) de la ressusciter car elle a des choses à dire à ses compatriotes d’aujourd’hui, et pour commencer qu’ils ont tort d’oublier la part des femmes dans la guerre contre les Français, à commencer par sa part à elle qui fut sergente dans l’armée de Toussaint Louverture. On ne sait pas si elle ressuscitera vraiment, même s’il semble que ce soit le cas à la fin de la pièce mais elle fera parler d’elle, et d’une manière ou d’une autre parviendra à se manifester auprès des Haïtiens d’aujourd’hui, la télévision s’étant saisie de ce fait divers peu ordinaire. Il n’y a pas vraiment d’intrigue, plutôt une suite de tableaux qui font progresser l’action vers la réapparition réelle ou rêvée de l’héroïne.
Catégorie : Théâtre
Avignon
« Je n’ai pas lu Foucault » & « Tout le monde il est Jean Yanne »
— Par Dominique Daeschler —
« Je n’ai pas lu Foucault », texte Céline Caussimon ,mes Sophie Gubri
Comme bon nombre de spectacles cette année, le texte est construit à partir d’ateliers d’écriture. Leur particularité est d’avoir été faits en prison sur un thème peu banal l’observation de toiles et de peintres connus ( Picasso, Basquiat, Van Gogh…) .Céline Caussimon, animatrice de ces ateliers, se prépare, relit les biographies, prête à livrer pour chaque peintre, son parcours, ses influences, ses techniques, ses thèmes. Une petite angoisse cependant, elle n’a pas lu le livre de Foucault. Peu importe, c’est elle qui doit s’adapter aux regards qui lui sont renvoyés. Bien sûr il y a ceux qui viennent là pour passer le temps, parce qu’il n’y a pas foot. C’est leur parole vive sur les couleurs qu’il préfèrent ( le noir de Basquiat), le ressenti sur l’organisation d’un tableau ( la chambre de Van Gogh), l’ intuition des origines ( Basquiat). Le cheminement des détenus introduit sans cesse l’idée d’une liberté de pensée qu’ils savent asséner, apportant à leur animatrice une autre appréhension de l’Art.
Avignon
Du côté du TOMA
— Par Dominique Daeschler —
Comme à son habitude, le TOMA théâtre d’Outremer à Avignon, convoque lectures , projections ,échanges ,spectacles au sein de la Chapelle Incarnée.
Porgy and Bess, musique et livret de Gershwin
Adapté par les voix d’Outremer et Fabrice di Falco, chanteur lyrique martiniquais et cheville ouvrière des Contre-Courants, ce moment D’opéra valorise « à nu » les talents ultramarins dans le domaine lyrique. La musique de Gershwin n’ a pas pris une ride et Fabrice di Falco accompagne , dans un rôle de récitant les artistes. Les quatre chanteurs défendent leur partition avec brio. On retiendra particulièrement l’interprétation de Livia Louis Dogué dont la tessiture large la situe déjà parmi les grandes . Sans doute ,la présence sur scène, les déplacements sont à travailler mais ceci est déjà sur rails.
Entre les lignes, chorégraphie Florence Boyer
Florence Boyer, chorégraphe et danseuse, prend à bras le corps un travail de recherche sur les ouvrières du textile de Roubaix à Cilaos (Réunion) qui, à travers leurs broderies, ont célébré une attention aux femmes, dépassant un quotidien aux gestes répétitifs pou en donner la dignité et la beauté.
Avignon
Comment gâcher sa vie (avec style)
« WASTED », texte de Kae Tempest, m.e.s. de Martin Jobert, | Avignon off, le 11.Avignon
— Par Michèle Bigot —
Trois personnages en quête d’avenir, en recherche de sens, habités par la nostalgie de leur passé récent, mais hélas bien (ou mal) passé! Trois amis trentenaires en perdition se réunissent pour célébrer les dix ans de la mort de leur ami Tony. Le premier est un musicien en quête de reconnaissance, le second est prisonnier d’un « bullshit job » dans une entreprise minable et la troisième dispense des cours à des élèves défavorisés, encore plus blasés qu’elle. Les trois font un concours de ratage programmé et de nullité existentielle. Dis comme ça, on pourrait croire que le spectacle est aussi affligeant que le destin des personnages.
Or c’est le contraire qui advient. Les trois acteurs rivalisent d’auto-dénigrement, mais avec tant d’humour, tant de lucidité et tant de tendresse réciproque que ça devient attachant. Les dialogues sont ciselés, percutants et drôles. Le jeu des comédiens est parfaitement juste: chacun habite son personnage au point de le rendre follement présent. On rit, mais on rit jaune.
Avignon
M., entre sainteté et folie
« M. Un amour suprême », conception, texte, m.e.s. Gustavo Giacoso, musique: Fausto Ferraiuolo | Festival d’Avignon, Theâtre des Halles
— Par Michèle Bigot —
Le tandem Gustavo Giacoso-Fausto Giacoso était déjà venu nous enchanter l’an dernier, dans la même chapelle du Théâtre des Halles. Cette fois-ci encore, ce spectacle, quoique humble dans sa dimension scénique, nous transporte instantanément par son lyrisme et la magie de son évocation.
Fidèle à son intérêt pour l’art brut, Gustavo Giacoso nous raconte en sept tableaux l’histoire d’une femme, nommée M.(de son vrai nom Melina Riccio) qui quitte son sud natal pour s’installer à Milan, petite couturière appelée à devenir une célèbre styliste. La voici adulée du public et des media, mariée, installée et mère de famille, quand soudain, écoeurée par la célébrité et la fortune, elle décide de tout quitter, son métier, sa famille (elle a trois enfants) pour partir le long des routes comme une errante, pour prêcher l’amour et dénoncer la société de consommation. Adepte de Saint François, elle devient tour à tour une sainte, une folle, une artiste. Ses installations, réalisées à l’aide d’objets hétéroclites trouvés parmi les déchets dérangent bousculent ou séduisent.
Avignon
Résistances russes au plateau
« Last of the Soviets », conception et m.e.s. Petr Bohac
— Par Michèle Bigot —
La Russie est très présente sur la scène théâtrale française. Non la Russie impérialiste et la barbarie d’un Poutine, mais la Russie des résistants, la Russie des démocrates et du peuple qui souffre. C’est ainsi qu’après La Guerre n’a pas un visage de femme, texte de Svetalana Alexievitch, mis en scène par Julie Deliquet, lors du Festival des Comédiens de Montpellier et après le spectacle Alexeï et Yulia, proposé au théâtre des Halles lors de la présente édition du Festival D’Avignon, on a pu assister à une nouvelle interprétation des textes de S. Alexievitch, dans un spectacle intitulé The Last of the soviets.
Cette proposition théâtrale réalise un montage de différents extraits, concernant aussi bien la catastrophe de Tchernobyl que la « grande guerre patriotique » ou l’effondrement de l’URSS.
Au plateau Inga Zotova-Mikshina et Roman Zotov-Miksin, deux acteurs russes en exil nous dévoilent avec humour la cruauté de la vie quotidienne en Russie soviétique. Dans un récit mené tantôt en russe tantôt en anglais, avec quelques parenthèses en français, ils nous content l’horreur, les massacres, la peur et la misère, sans jamais se départir de l’humour noir qui les sauve.
Théâtre
Festival d’Almada : De Thomas Ostermeier et Édouard Louis, Histoire de la violence
— Par Janine Bailly —
Comment représenter sur scène la violence, dans l’intime et l’universel
En juin 2018, Thomas Ostermeier crée à la Schaubühne de Berlin la pièce Histoire de la violence ; il met en scène le texte qu’il a co-signé avec l’écrivain Édouard Louis à partir du roman autofictionnel de ce dernier. Depuis, le spectacle s’est donné à maintes reprises, en différents lieux, et c’est au festival d’Almada qu’il fait donc escale en ce mois de juillet 2025.
Adapter cette oeuvre complexe relevait de la gageure, tant elle est polyphonique, qui donne sur un seul et même événement des perspectives différentes. Le récit, éclaté, se construit peu à peu, et sans ordre chronologique, suivant en cela la pensée erratique du protagoniste principal, Édouard qui, victime d’une violente agression sexuelle, est encore sous l’effet du traumatisme vécu. Mais le point de vue est aussitôt double, puisque l’on entend Clara narrer à son mari l’histoire que son frère Édouard lui a confiée. Si dans le roman ce dernier écoute, en embuscade derrière la porte, la façon parfois fallacieuse dont elle rapporte les faits – Édouard mentalement la corrige – il est à noter qu’ici, prenant une place de choix, Clara peut entrer en interaction avec les autres personnages.
Avignon
West Side Favela
Roda favela, m.e.s. Laurent Poncelet, Cie Ophélia théâtre et O Grupo Pé No Chao, Festival d’Avignon, Le 11 Avignon 24.07.2025
— Par Michèle Bigot —
Sur scène, 12 artistes venus des favelas de Recife. Dans une explosion de danses, de musique et de lumière, ces jeunes artistes (moyenne d’âge 20 ans) nous offrent le plus délicieux et le plus revigorant des spectacles. Laissez de côté le doute, la peur, et la désespérance liés à la situation politique. Ils viennent de Recife, ils vivent dans une favela, ils peinent à trouver de l’eau, on leur coupe l’électricité, ils se battent pour vivre et ils nous donnent une leçon d’énergie, d’espoir. Ils ont pour eux une jeunesse et une force inextinguible, une énergie qu’aucune force de police ne peut réprimer. Leur histoire est celle de luttes, de drames, de tueries mais aussi de solidarité, de liens familiaux puissants. Ils incarnent le renouveau, ils sont portés par la force de leur art, leur musique, leur danse, leur poésie. A toujours devoir faire face aux discriminations, au racisme, à l’homophobie et aux attaques des milices d’extrême droite, ils ont acquis une puissance indomptable.
Théâtre
Ma présentation du Festival international de théâtre d’Almada
— par Janine Bailly —
Au Portugal, le 42° Festival international de théâtre d’Almada, outre qu’il occupe les diverses salles de spectacle de la ville, prend aussi ses quartiers de l’autre côté du Tage, investissant à Lisbonne le Centre Culturel de Belém et la fondation Culturgest. Dans sa déclaration d’intention, « Ouvir o público / Écouter le public », le Directeur artistique Rodrigo Francisco rappelle la coutume selon laquelle, depuis 1987, le public du festival a voix au chapitre puisqu’il vote pour désigner sa pièce préférée, celle qui reviendra l’année suivante, « o Espectáculo de Honra / le spectacle d’honneur ». Une tradition qui, selon Rodrigo Francisco, dirait les liens du théâtre et de la démocratie, dont le « berceau commun remonte à la Grèce antique ».
Une des expositions organisées pour le festival permet aux spectateurs les plus assidus de se remémorer, par la grâce d’images et de courtes vidéos, toutes les pièces élues ! L’an passé, c’est La Tempesta qui a remporté les suffrages, dans la traduction de la pièce de Shakespeare, en langue napolitaine, qu’en fit Eduardo De Filippo – disparu en 1984 mais dont la voix enregistrée assure la narration et l’essentiel des dialogues.
Théâtre
« Opéra poussière », texte Jean D’Amérique, m.e.s. Jean-Erns Marie-Louise
Au Théâtre Aimé Césaire – Les 11,12 et 13 Juillet 19h30
• 11-12 Juillet 2025 dès 20h30 – After au Théâtre Aimé Césaire : bar et restauration dans les jardins du théâtre
• 11 Juillet 2025 à 19h30 – suivi d’une Performance poétique de l’auteur Jean D’Amérique
• 12 Juillet 2025 à 19h30 – suivi d’un Bord de scène : Conversation entre le metteur en scène Jean-Erns Marie-Louise et l’auteur Jean D’Amérique ,modératrice Erika Govindoorazoo, journaliste
• 13 Juillet 2025 à 9h30 – Brunch au Théâtre
• Tarif : 20€ – Billets en vente en ligne sur : clikeye.com & Guichet du Grand Carbet du Parc
Aimé Césaire – Infoline : 0696 21 33 08 /0596 71 66 25
• Durée : 1h20
Opéra Poussière est une pièce de théâtre écrite par l’auteur haitien Jean D’Amérique porté par le metteur en scène haitien Jean-Erns Marie-Louise. En résidence de création au BurkinaFaso puis au Bénin. La Cie La Thymélé achève sa dernière étape de création au Théâtre Aimé Césaire et proposera en avant-première ses premières représentations d’Opéra Poussière dans le cadre du 54ème Festival de Fort-de-France.
Aimé Césaire, Contes, Musiques, Théâtre
De Césaire à Senghor, 27-28 juin 2025
— par Selim Lander —
Deux soirées consécutives à Tropiques-Atrium placées sous l’égide de Césaire pour l’une, Césaire et Senghor pour l’autre (1).
Un homme debout avec David Valère
David Valère est un comédien installé en Suisse, « martiniquais non par terre natale mais maternelle » comme il le dit lui-même, ajoutant que depuis qu’il renoue avec la Martinique, il se sent « martiniquais à 50 % comme un bon rhum agricole ». Il a quoi qu’il en soit une forte personnalité, un besoin de brûler les planches que les spectateurs, vendredi 27 juin, n’ont pu que constater. À ce propos, il avoue : « Je porte le jeu et le besoin de transformation comme une maladie incurable […] Cette fantaisie débordante m’a longtemps desservi, je ne l’ai pas toujours canalisée. Cela m’a valu de rater plusieurs auditions et castings » (in comedien.ch).
De fait, David Valère en fait des tonnes. On peut s’étonner de le voir, dans « une adaptation du Cahier d’un retour au pays natal », imiter (de manière fort convaincante de surcroît) torse nu un gorille, de le voir lécher ses doigts préalablement passés dans les poils de ses aisselles ou cracher sur la scène (et je passe un geste carrément obscène).
Théâtre
« Un Homme Debout »,
Vendredi 27 juin à 19h30 — Tropiques-Atrium, Fort-de-France
Compagnie Cyparis Circus
D’après l’œuvre d’Aimé Césaire
Adaptation : David Valère et Stéphane Michaud
Mise en scène : Stéphane Michaud
Interprétation : David Valère
Un voyage poétique et politique, un cri pour la dignité, une ode à la liberté.
Un homme debout nous entraîne dans le sillage du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, ce poème incandescent devenu manifeste universel des peuples opprimés. Ce monologue théâtral, incarné avec force par David Valère, met en scène Cyparis, figure symbolique et héritier spirituel de Césaire, dans une quête de sens, de mémoire et de résilience.
Tour à tour émouvant, drôle et bouleversant, le spectacle alterne entre poésie et récit, drame et espérance. Depuis l’enfer de la colonisation jusqu’à l’espérance d’un monde réinventé, Un homme debout est un appel vibrant à se relever, à danser la liberté et à transcender les frontières. Cyparis, cet homme multiple, fils du feu et du verbe, arpente les ruines de l’Histoire et rêve encore d’un avenir lumineux.
À travers une mise en scène sobre et incandescente, Stéphane Michaud signe une fresque intime et collective, portée par la puissance poétique de Césaire et par une performance habitée.
Théâtre
« Quand tu te tais… », représentation de la Classe Théâtre Jeunes
Mercredi 25 juin – 19h30 Tropiques-Atrium
Entrée libre
La Classe Théâtre Jeunes est une formation initiale de théâtre pour les 17-30 ans de Martinique de Tropiques Atrium Scène nationale, qui contribue à l’émergence artistique de jeunes martiniquais dans le cadre de nos missions d’accompagnement, de développement et de professionnalisation. Cette classe permet de découvrir les prérequis à la professionnalisation des comédiens ainsi que les métiers du Théâtre !
Une dizaine de jeunes ont participé à cette classe cette saison et vous invite à découvrir leur talent !
Extraits de :
Tjè nou pa réparé d’Aurélie Marie Jourdain
Mise en scène José Dalmat
Prix spécial du Jury Etc_Caraïbe 2024 – Texte en cours d’écriture avec un accompagnement dramaturgique de Etc_Caraïbe
Le cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht
Mise en scène Arielle Bloesch
S’inspirant du jugement de Salomon, Brecht raconte sous forme de parabole une légende ancienne : l’histoire d’une fille de cuisine, Groucha Vachnadzé, qui abandonne tout pour sauver le fils du gouverneur, lors d’un soulèvement révolutionnaire. Elle s’attache à celui qu’elle considère bientôt comme son propre enfant. Quelques années plus tard, rentrée dans son village, elle se retrouve au centre d’un procès, instruit par un étrange juge.
Théâtre
« Les mains parallèles », texte de Frantz Fanon, par l’Atelier Théâtre du Sermac
Mardi 24 juin 19h30| Mercredi. 25 juin 19h 30 | Théâtre Aimé Césaire, F-d-F | Gratuit |
À propos
L’atelier Théâtre du SERMAC et First Caraïbes vous invitent à assister aux premières représentations d’une des tros pièces inédites de Frantz Fanon écrites entre 1949 et 1950.
Cette pièce a été écrite par Frantz Fanon en 1949 alors qu’il menait ses études de médecine à Lyon. Il s’inspire alors des drames poétiques surréalistes d’Aimé Césaire, notamment Et les chiens se taisaient publié pour la première fois en 1946. La pièce est conçue comme une tragédie classique grecque, avec chœur et se déroule sur l’île imaginaire de Lébos.
Le souverain de l’île est le roi Polyxos. Son fils, le prince Épithalos, est revenu pour épouser Audaline, fille du noble Ménasha. Il est cependant plus préoccupé par la contestation du règne de Polyxos, car sous son règne le peuple vit dans les ténèbres, sous un régime inféodé aux exigences des dieux, régime d’obscurité et de paix qui a duré 2000 ans. Déterminé à restaurer pour l’île et ses habitants le régime de la lumière du soleil, de l’événement et de la liberté, Épithalos tue son père et déclenche une révolution.
Théâtre
« Quisaitout et Grobêta »de Colin Serreau, m.e.s. Arielle Bloesch
Mardi 17 juin – 19h30 | Tropiques-Atrium
Représentation Atelier Théâtre Amateur –
Ils voyagent. Partir du désert, traverser la mer, arriver dans un jardin, le perdre, retrouver le désert, retrouver le jardin… Celui en nous qui est en bas, qui sommeille, toujours se mouvant pesamment comme dans de l’eau, et avec ça goinfre, indécent, bête, bête, bête. Celui en nous qui a peur et cherche à quoi ressemble cette vie, alors qui nomme les choses, brouillard de mots qui n’éclairent rien. Et cette vie qui avance, puissante, inéluctable comme un ventre mûr. Savoir ne pas savoir.
« Quisaitout et Grobêta » est une pièce philosophico-comique tout public. Le maître et le valet entreprennent un voyage initiatique au cours duquel ils vivront de nombreuses aventures : traversée d’océan, du désert, rencontres, bal, course poursuite. Cette pièce cherche à nous déstabiliser et nous invite à réfléchir sur soi, les autres et sur le monde. Ceci avec un humour à la fois clownesque et léger comme sait le faire avec génie Coline Serreau.
« Quisaitout et Grobêta est un feu d’artifice qui laisse fuser plusieurs messages d’humanité, de respect, de tolérance, d’amour, d’espoir et de rêve.
Théâtre
« La guerre n’a pas un visage de femme », m.e.s. de Julie Deliquet
— Par Jandira Bauer—
« La guerre n’a pas un visage de femme », titre de l’ouvrage de Svetlana ALEXIEVITCH publié en 1985 en URSS (censuré pendant plusieurs années), constitue d’emblée un acte de subversion littéraire et mémorielle.
L’auteure y dénonce à la fois une invisibilisation historique et un stéréotype profondément enraciné dans les représentations collectives : celui d’une guerre fondamentalement masculine. Ce titre fonctionne donc comme un renversement symbolique destiné à interroger non seulement le statut des femmes dans les conflits armés, mais aussi la manière dont les récits de guerre sont construits, transmis et légitimés dans les discours.
La négation paradoxale : La guerre n’a pas un visage de femme, suggère qu’elle (la guerre – nom féminin) devrait ou quelle pourrait en avoir un, et qu’il existe une dimension féminine occultée du conflit. Dans l’Histoire, le récit de guerre a longtemps été monopolisé par une écriture virile, épique ou tragique, centrée sur l’héroïsme, le commandement, le sacrifice et la victoire… Or, en relevant la parole de femmes ayant participé activement à la Seconde guerre mondiale — infirmières, tireuses d’élite, mécaniciennes, télégraphistes ou soldates –Alexievitch reconfigure la topographie de la mémoire : elle rompt avec une conception monolithique de l’Histoire militaire, pour ouvrir un espace discursif où l’émotion, la subjectivité, la mémoire intime ont droit de citer.
Théâtre
« Manuela et le boxeur », texte & m.e.s. J.José Alpha
Mardi 10 juin à 14h
Espace Culturel Georges Gabriel Fitt Duval
Infrastructure sports et loisirs
536 Terres Gueydon, 97270 Saint-Esprit
Infoline : 0596 610 007
Par la Cie Téatlari – Théâtre de l’histoire des cultures créoles
Le récit de la tragédie qui marque l’histoire du grand boxeur martiniquais François Pavilla (1937-1968), triple champion de France de boxe des poids welters et super welters de 1964 à 1968, est pour la première fois, porté à la scène théâtrale par son épouse Manuela Pavilla née Graça (1931-2009).
C’est à partir des témoignages des ses proches et partenaires, du Club Spirit of Pavilla des Terres Sainville, des archives de la presse locale et nationale et de la Fédération Française de boxe (palmarès) que J. José Alpha va se nourrir pour créer une biographie romancée de la vie du champion de boxe .lequel tire sa révérence 10 ans après la naissance de la Vème République Française
Distribution : Gladys Arnaud / Eric Bonnegrace / Laurent.Troudard Texte et mise en scène : J. José Alpha (2023)
Lire aussi : « Manuela et le boxeur »: un vrai théâtre populaire!
Théâtre
Soirée Théâtrale : « Djol Dou » de Christophe Cazalis
️ Vendredi 6 juin à 18h30 Téyat Otonom Mawon – Croix Mission, F-dF Entrée gratuite sur inscription obligatoire : 0696 253 735
Dans le cadre de ses actions de prévention et d’éducation à la santé, l’IREPS Martinique et le Contrat Local de Santé (CLS) de la Ville de Fort-de-France ont le plaisir de vous convier à une représentation théâtrale unique autour d’un sujet qui nous concerne toutes et tous : la pollution au chlordécone et ses conséquences sur notre santé et notre environnement.
Une pièce de théâtre engagée, drôle et percutante
Intitulée « Djol Dou » (traduction libre : « Langue douce » ou « Parole mesurée »), cette pièce a été écrite par Christophe Cazalis et est interprétée par la troupe martiniquaise Kant é Kant, bien connue pour ses créations ancrées dans le patrimoine local, et son engagement sur des questions sociales et environnementales.
Durée : 1 heure de spectacle + 1 heure d’échange avec le public
Distribution : Rita Ravier, Nadia Calmo, Émile Pelti
Une histoire savoureuse… aux multiples rebondissements !
Le point de départ est simple : Myrenda, jeune femme au foyer, est soudainement rappelée à une promesse oubliée : elle a invité ses futurs beaux-parents à dîner… ce soir !
Théâtre
« La Guerre n’a pas un visage de femme », d’après le livre de Svetlana Alexievitch, m.e.s. Julie Deliquet
— Par Michèle Bigot —
Cette proposition theâtrale est une création du Théâtre Gérard Philippe, CDN de Saint-Denis, datant de septembre 2014. Sa riche tournée témoigne du succès emporté par cette pièce. Sur scène, dix personnages, neuf femmes russes dans leur échange avec Svetlana Alexievitch venue recueillir leur témoignage sur la grande guerre patriotique. Toutes ces femmes furent engagées volontaires pour partir au front, soit en tant que soldat, sergent, tireuse d’élite, adjudant-chef, lieutenant de la garde, agent de renseignement, soit en tant que soignantes, médecin, brancardière. Toutes se sont trouvées en première ligne et sont désireuses de témoigner du conditionnement idéologique qui les a préparées, de leur réel désir d’en découdre avec le fascisme, de la violence des combats, de la solidarité des combattants, de la rencontre avec la peur, avec la haine, des difficultés à se faire reconnaître en tant que femme combattante, du malaise aussi que peuvent connaître des jeunes filles (certaines n’ont pas plus de quinze ans et ont menti sur leur âge pour être enrôlées) à se retrouver au coeur d’un bataillon d’hommes, avec des uniformes top grands pour elles, avec le malaise d’avoir leurs règles au mauvais moment etc.
Théâtre
Festival de théâtre amateur 2025 de Trinité
Du 3 au 14 juin à la Maison de la Culture Armand Nicolas, Avenue Casimir Banglidor, La Trinité.
Le programme
Samedi 7 juin 19h30
Troupe Téyat Lanbéli « Sa’w pé ka konprann ? de Michel Platon, mise en scène Michel Platon Avec Bruno Dubréas – Gaspard Bionville – Gina Coranson – Gladys Mélo – Nicole Claudant – Christine Nortia
Jeudi 12 juin 19h30
Troupe Lesseniors doubout douvan de l’OMASS (Oce Missions Action Sociale et Santé)
«Mi jounen» de Raymonde Résidant, mise en scène Raymonde Résidant avec
Liliane De Percin – Julie Tuzo – Clément Avenel – Claude Euloga – Myrella Choisy – Marie-Josée Duboyer – Christine Tarrieu – Évelyne Gauchet – Alice Avenel – Simone Capron Galim – Claudine Jean-Marie Tarif : 10 euros Renseignements et réservations :
Les rendez-vous du Off
Mardi 10 juin 19h
Troupe Rézilyans «Plein emploi» de Stéphane Titéca, mise en scène Éric Delors, avec Rita Ravier – Virgil Venance –
Fiona Soutif – Marc Julien Louka
Mercredi 11 juin 15h
Représentation jeune public «Ciara» Bannann jòn pa ka vini vet, de Nasséra Zahar, mise en scène Nasséra Zahar avecAndréa Raulet – Anna Di Paplo Églo – Léna Smaïl – Lucie
Pinet – Océane Voortuizen – Kanèle Bellance – Thida Gilles Kéo – Romain Brosille – Antone Boujon – Sayan Bellance
Samedi 14 Juin 10h
Lakou Lib : Débriefing/Pawol lib alantou téyat Site de la Maison de Quartier de Tracée
Théâtre
« Théâtre sans animaux » au Théâtre Aimé Césaire les 6 et 7 juin
La troupe L’Art Gonds Tout présente « Théâtre sans animaux » de Jean-Michel Ribes les 6 et 7 juin à 19h00 au Théâtre Aimé Césaire.
Pièce facétieuse dans laquelle surréalisme et humour font bon ménage, « théâtre sans animaux » enchaîne huit saynètes traversées par des tempêtes de cocasserie.
Un stylo à bille de trois mètres cinquante atterrit à l’aube dans le salon. Lors d’une visite au musée, un groupe se mobilise autour d’une question cruciale, pourquoi ne peint-on plus de carpes ? Ou bien comment arrêter de fumer quand on ne porte pas de perruque Louis XV ?
Des gens presque comme tout le monde s’interrogent, par exemple, sur la nécessité de ne pas s’appeler Bob. Un coiffeur se transforme en goéland. Par des brèches fantasques, les personnages s’évadent.
Les situations dérapent et la parole se réinvente. Des personnes a priori raisonnables se libèrent sans prévenir et explorent le pays réjouissant du non-sens.
Les huit comédiens et comédiennes de la troupe, mis en scène par Marie Alba, prennent les chemins de traverse de l’absurde, hors de toute réalité et nous enseignent qu’il ne faut surtout pas s’enfermer dans la routine du quotidien et combien il est sain de ne pas se prendre au sérieux.
Cinéma, Théâtre
» Un chapeau de paille d’Italie » de Labiche, m.e.s. d’Alain Françon
Dimanche 1er juin à 21h sur France 4
Un vaudeville en cavale : Labiche ressuscité par Alain Françon et Vincent Dedienne
Dans un tourbillon de quiproquos et de chapeaux envolés, Un chapeau de paille d’Italie, chef-d’œuvre comique d’Eugène Labiche créé en 1851, retrouve un éclat neuf sous la direction d’Alain Françon au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Mis en scène pour la première fois par ce pilier du théâtre public, le vaudeville se pare ici d’une énergie électrisante, soutenue par la musique en live de Feu! Chatterton et porté par une troupe de comédiens d’exception, avec Vincent Dedienne en Fadinard étincelant.
Le point de départ est aussi absurde qu’irrésistible : le jour de son mariage, Fadinard, jeune rentier parisien, voit son cheval dévorer le chapeau de paille d’une dame surprise en plein adultère dans un bois. Pour sauver l’honneur de cette dernière et éviter un drame conjugal, il doit impérativement trouver un chapeau identique — tout en cachant cette affaire rocambolesque à sa future épouse et à sa belle-famille, fraîchement débarquée de la campagne.
La force de cette mise en scène réside dans son alliance improbable mais réussie entre tradition et modernité.
Théâtre
Car’Avan présente « Aliker, Sucre amer » au Festival Off d’Avignon 2025
Car’Avan présente : « Aliker, Sucre amer »
Une fiction théâtrale poignante inspirée de l’histoire vraie d’André Aliker
Mise en scène : Thierry Sirou
Avec : Laurence Couzinet-Letchimy & Jean l’Océan
TOULOUSE – En avant-première
Les 26, 27 et 28 juin 2025 à 20h
Théâtre de la Violette – 67 Chemin Pujibet (M° Borderouge)
Réservations : 05 61 73 18 51
AVIGNON – Festival Off 2025
Du 5 au 26 juillet à 19h45 (relâche les jeudis 17 et 24)
Théâtre du Figuier Pourpre – Maison de la Poésie, 6 rue Figuière – Avignon
Réservations : 04 90 82 90 66
Une mémoire enfouie, une voix retrouvée
La compagnie martiniquaise Car’Avan, originaire du Lamentin, propose avec « Aliker – Sucre amer » une œuvre théâtrale majeure, à la croisée de l’art et de l’Histoire. Cette fiction dramatique s’inspire du destin tragique d’André Aliker, journaliste et militant anticolonialiste, dont le corps fut retrouvé ligoté sur une plage de Case-Pilote en Martinique le 12 janvier 1934, après avoir dénoncé des scandales politico-financiers touchant les élites de l’époque.
Plus de 90 ans après sa mort, jamais élucidée, la pièce pose un regard contemporain sur le combat pour la vérité, la liberté d’expression et la justice dans un contexte colonial.
Théâtre
« Les Mains parallèles », de Frantz Fanon, m.e.s. Élie Pennont
Jeudi 29 mai à 19h, auditorium du Lycée Schoelcher
« Les Mains parallèles » est une réflexion sur l’action, la décision. Fanon se demande si un individu peut changer le cours de l’Histoire et à quel prix. Il dit l’importance de l’engagement actif et de la relation interhumaine pour le vivre ensemble.
La pièce offrira, à travers ce spectacle vivant, une expérience, un vécu puissant de l’esprit de FANON à tous les Martiniquais désireux de mieux connaître son œuvre. Ce texte vit étonnamment lorsqu’il est dit.
Argument :
Du néant à l’Être justifié
De l’être injustifié au Néant
D’où l’allure finie de l’expression.
Les rideaux sont fermés. Le chœur paraît.
Les faces prismatiques de mes mains anxieuses promènent leurs images au cœur de l’obscur. Des visages circulent en tranches parallèles et la génuflexion, centre de gravité de l’humaine nature, apaise. De date immémoriale, Lébos, d’implacables ténèbres cimentent les esprits.
Je viens abreuvé de sueur d’homme m’appuyer aux contreforts de cette ville. Las.
C’est pourtant de l’obscur que naît le spectacle ! La pensée humaine parvenue aux limites maximales ne peut qu’elle ne se transmue.
Politiques, Théâtre
« La France, Empire » de et avec Nicolas Lambert
— par Selim Lander — Sous-titré « Un secret de famille national », ce seul en scène relate divers épisodes, de moins en moins occultés, à vrai dire, de l’histoire de France en tant que puissance coloniale. Qui aura lu Le Livre noir du colonialisme dirigé par Marc Ferro (1) n’apprendra rien de nouveau, à ceci près que Lambert ne traite – avec un incontestable talent – que du cas français, sans aucune référence au contexte historique, faignant d’oublier que la conquête des pays les moins avancés techniquement (et donc militairement) par les pays industrialisés fut un phénomène mondial dans lequel la France s’est inscrite parmi d’autres. Dans le livre de Ferro, c’est ainsi Pap Ndiaye, qui fut chez nous ministre de l’Éducation nationale, faut-il le rappeler, qui relate l’extermination des Indiens d’Amérique du nord et démontre son caractère génocidaire. Quant à Catherine Coquery-Vidrovitch (auteure de plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’Afrique), elle rappelle, par exemple, toujours dans le même ouvrage, que la colonisation arabe est restée esclavagiste bien après que la traite et l’esclavage aient été abolis par les puissances occidentales.