Catégorie : Arts de la scène

MJF2015. De Felipe Cabrera & Léonardo Montana à Richard Bona : d’un style à l’autre

— Par Roland Sabra —

Felipe Cabrera, que l’on avait vu, le 31 ocnight_poemstobre dernier lors du rendu de résidence à Fonds Saint-Jacques et qui, ce soir-là avait semblé en de-ça de son talent a donné toute sa mesure lors de la soirée de clôture des spectacles en salle du MJF2015 au Tropiques-Atrium. La prestation s’est articulée autour du dernier opus, « Night Poems » paru en février 2015 et réalisé avec le pianiste Léonardo Montana. Il y avait beaucoup d’émotion sur scène et dans la salle. Après avoir sillonné les scènes du monde entier auprès de Gonzalo Rubalcaba durant quinze ans avec un quintet placé sous le parrainage de Dizzie Gillespie, Felipe Cabrera commence un longue carrière de collaborations internationales, souvent en fonds de scène mais toujours remarquées, auprès de Julien Loureau, Chano Dominguez, David Sanchez, Chico Freeman, Arturo Sandoval, Eddie Palmeri, Chris Potter, Omara Portundo, Mayra Andrade…
La chrysalide a donné son imago tardivement puisque Night Poems n’est que le troisième album du bassiste sous son nom. Discrétion et humilité sont peut-être les autres faces d’une sensibilité à fleur de peau qui expriment grâce, raffinement et exigence esthétique.

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Deux filles en vedette au festival de jazz

— Par Selim Lander —

Yilian CanizaresOn ne dira pas  « celle qui croyait au ciel et celle qui n’y croyait pas », ignorant les penchants métaphysiques de ces jeunes dames ou demoiselles du jazz, toutes deux charmantes et pourvues d’une voix agréable à défaut d’être transcendante. Deux métisses au teint de sapotille, la mince et la ronde, deux filles des îles, l’une de Cuba à la crinière rousse, l’autre du Cap-Vert à la crinière brune, celle qui nous attendrissait avec son français imparfait ; celle qui nous impressionnait avec sa maîtrise parfaite de notre langue prononcée de surcroît avec l’accent des élites parisiennes ; celle qui avait convoqué un « vrai » pianiste et un « vrai » bassiste jouant sur des instruments acoustiques et elle-même au violon (tous amplifiés, évidemment, nul n’est parfait) et celle qui préférait être accompagnée par des instruments électriques (orgue, guitare, basse) ; celle qui la jouait sexy, hauts talons, mini short, jambes et dos nus, et celle qui dissimulait ses formes sous un costume de scène d’inspiration ethnique (talons plus sages, jupe longue et des épaulettes pour agrémenter le haut ; celle qui aimait le jazz classique et celle restait plus accrochée à ses racines insulaires.

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MJF2015 : entre Jazz et Variété, deux trentenaires sur scène

— Par Roland Sabra —

D’Ylian Cañizares, la critique dans son ensemble vante les qualités. Helvético-cubaine, née à la Havane elle réside en Suisse, violoniste de l’école russe, elle construit sa formation de Caracas à Fribourg où elle découvre le jazz de Stéphane Grapelli qu’elle va mêler à ses ascendances afro-cubaines pour fonder Ochulare Quintet avec David Brito (contrebasse), Daniel Stawinski (piano) et Cyril Regamey (batterie). C’est avec cette formation qu’elle s’est produite à Fort-de-France dans le cadre du MJF2015. Sa musique se situe au confluent des sonates de Bach, des chants yoruba d’Afrique de l’ouest, du jazz latino. Du souvenir de Chopin à celui de Chucho Valdès en avalant les mémoires new-yorkaises du jazz américain mâtiné façon bossanova elle se ballade avec la tranquille certitude que l’avenir est à elle. Ce en quoi elle n’a pas tout à fait tort. Entre hybridation et éclectisme son répertoire témoigne d’une recherche, d’un chemin qui se défriche à l’avancée du pas. Elle chante en espagnol, en yoruba, en français. Et si l’éclectisme verse par moments dans un syncrétisme brouillon, si elle s’aventure, parfois avec facilité, sur le registre de la variété, c’est qu’elle est le reflet d’un temps ou les repères s’effacent, ou les genres se défont.

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En novembre, un autre cinéma sur d’autres écrans

— Par Janine Bailly —

cine_autrementBelle initiative que celle de Steve Zebina, notre fringant Monsieur Cinéma, toujours actif et jamais à court d’idées qui, en lien avec le Martinique Jazz Festival, nous a ouvert par trois fois la Case à Vent, à un horaire insolite, au sein de Tropiques-Atrium. En effet, c’est à treize heures que nous étions conviés, “avec notre sandwich” (je cite Steve), à une pause cinématographique et musicale, comme en une oasis de fraîcheur et de bonheur aux heures chaudes de la journée. Proposition intrigante, un brin inquiétante peut-être : se trouverait-il un public pour répondre à la proposition ? Ou bien nous retrouverions-nous quelques-uns épars devant la toile, comme il m’est arrivé parfois de le vivre à Fort-de-France ? Non ! Pari tenu ! Si les messieurs se comptaient sur trois doigts d’une main, les dames ont bien répondu “présentes”. Dames grisonnantes libres de leur temps certes, mais aussi jeunes femmes qui avaient su ou pu se rendre disponibles, à ce moment qui les voit plutôt traditionnellement confinées aux repas familiaux !

Mardi, ce mini-cycle rendait un hommage oh combien émouvant à Billie Holiday, avec en point d’orgue la chanson “Strange Fruit” qui, plus de cinquante ans après la tragique disparition de sa créatrice, continue de nous atteindre au plus profond du cœur et de la raison.

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« Les Artisans du futur »

les_artisans_du_futurProjection en avant-première :

Lundi  30 novembre 2015 à 19h à Madiana

Renseignements et réservations 0690 39 85 49 ou bcicom@bcicom.org

Le réchauffement climatique est déjà bien réel en Martinique qui figure parmi les régions du monde les plus vulnérables. Cependant, l’île compte aussi des hommes et des femmes qui refusent la fatalité, et qui mettent en oeuvre des actions pour réduire les catastrophes annoncées. Ils et elles sont, par leurs projets novateurs en matière d’énergie, d’habitat, de transport, d’agriculture, de pêche, de biodiversité, de gestion des déchets…, des artisans du
développement durable de leur région et des militants engagés au service de notre futur. Nous vous proposons dans ce film de partir à leur rencontre, à travers le regard passionné de Dominique Augier, une jeune chercheuse doctorante martiniquaise que nous observons mener son enquête… Une jeune chercheuse doctorante martiniquaise que nous observons mener son enquête…
Une coproduction Beau Comme Une Image, Beau Comme les Antilles, France Télévisions-
Martinique 1ère
Et le soutien de l’ADEME et du CNC

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Présentation des Grandes Marionnettes de Saint Pierre

Samedi 28 novembre 2015 à 10h sur la place Bertin de Saint Pierre

grdes_marionnettes_st-pierrFin de stage des Grandes Personnes
Fin de stage de la Résidence partagée à la création des Marionnettes géantes
L’Association des Amis du Parc Naturel Régional de la Martinique, le Pôle Emploi de Saint Pierre, la DAC Martinique, le Lycée polyvalent Saint James et le Grand Saint Pierre présentent les créations des stagiaires de l’Atelier, Samedi 28 novembre 2015 à 10h sur la place Bertin.
L’Atelier de création et de pratique des marionnettes géantes animé par Les Grandes Personnes d’Aubervilliers (93), a formé à la conception et à la pratique des marionnettes géantes articulées, 12 personnes en parcours d’insertion, 25 lycéens de la section MANAA (Mise à niveau en Arts appliqués) et 4 représentants associatifs de Saint Pierre.
La formation qui s’est déroulée dans les locaux du Lycée Saint James, présente samedi 28 novembre sur la place de Saint Pierre, une adaptation du conte traditionnel « Nanie Rosette ». Les stagiaires constitueront un groupe d’exploitation des créations qu’ils proposent déjà aux communes de la Martinique pour les prochains rendez-vous culturels de la Martinique et de la Guadeloupe.

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La marche des femmes en milliers de pas

Séance VO à Madiana le 26/11/2015 19h 30

— Par Dominique Widemann —

Les Suffragettes, de Sarah Gavron. La réalisatrice Sarah Gavron revient sur les activistes pionnières du droit des femmes dans l’Angleterre du XXe siècle et rend hommage 
à leur opiniâtre combat. Salutaire.

Londres, 1912. Au coin d’une rue, un groupe de femmes revendique le droit de vote, brisant au passage quelques vitrines. Une ouvrière, Maud Watts (Carey Mulligan) se fait prendre dans une bousculade qui d’abord la laissera perplexe. C’est elle dont la réalisatrice Sarah Gavron nous propose de suivre le parcours, cheminement d’un féminisme qui s’affirmera en conscience, aux risques et périls des pionnières qu’elle va rejoindre. Maud est l’épouse de Sonny et la mère du petit George. Elle trime dans une blanchisserie du quartier populaire de Bethnal Green. La tâche est rude au milieu des vapeurs suffocantes qui rongent les poumons, les corps ploient sous l’épuisement précoce, usés de brûlures. On pense aux univers gris de Dickens, à la Gervaise de Zola. Seul le linge fraîchement lavé dépose sa blancheur paisible. Le patron, Taylor, est une brute qui aboie et humilie ses employées sur lesquelles on devinera qu’il exerce un droit de cuissage, entre autres prérogatives absolues.

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Concert de Roger Raspail & Vincent Segal avec en invitée Roger Dorwling-Carter

raspail_segalDimanche 29 novembre, 17h au domaine de Fonds Saint-Jacques

Roger Raspail & Vincent Segal avec en invitée la chanteuse de Jazz martiniquaise Roger Dorwling-Carter
Salle La Purgerie
Création musicale sur la base de compositions originales de Roger Raspail, percussionniste guadeloupéen et maitre du tambour ka et de Vincent Segal, violoncelliste virtuose issu de la formation classique, Premier prix du Conservatoire de la ville Lyon et responsable du Pôle Supérieur musical de la Seine
Saint-Denis en Île de France.
Ce duo explore & fusionne les deux univers musicaux, classique occidental et traditionnel caribéen pour aboutir à une proposition artistique mêlant l’improvisation et le jazz et revisitant les standards classiques d’Europe et de la Caraïbe.
La rencontre entre Vincent Segal & Roger Raspail est celle de deux musiciens ouverts à tous les horizons musicaux. Ils ont pris goût au partage des univers et à la créolisation des mondes.
Tous deux multiplient les expériences. Elles sont nombreuses, elles sont variées.
Formé classiquement, Vincent Segal, violoncelliste & bassiste, joue aussi bien avec l’Ensemble intercontemporain qu’avec Oxmo Puccino, Ballaké Sissoko ou Cesaria Evora.
Avec Cyril Atef, il crée le duo Bumcello.

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Cinéma sous les étoiles & « Tribute to Toto »

cine_ss_etoilesSamedi 28 novembre 2015, 20h  à Fonds St-Jacques

Cinéma sous les étoiles
Samedi 28 novembre 2015, 20h
« Tribute to Toto »
Mois du film documentaire en partenariat avec Tchoc en doc
Dans le cadre du Mois du Film documentaire, Le Domaine de Fonds Saint-Jacques – Centre culturel de rencontre – propose une rétrospective autour de Toto Bissainthe, grande voix de la musique haïtienne, grande figure militante & artiste d’avant-garde.
Toto Bissainthe a chanté avec ferveur « la pétillante misère du peuple » contre toutes les injustices.
Elle considérait sa musique comme « une main tendue à toutes les mains blessées du monde ».
Elle reconnecta Haïti « maman liberté », la première république noire, à la Caraïbe et à l’Afrique, lors de tournées mémorables.

Exposition multimédia
« An’n Alé, en avant Haïti ! », l’exposition itinérante en hommage à la grande voix haïtienne Toto Bissainthe, fait escale au Domaine de Fonds Saint-Jacques,
du 28 novembre au 18 décembre 2015.
Vingt ans après sa mort, sa fille, Milena Sandler, directrice de la Fondation Haïti Jazz, a décidé de lui rendre hommage à travers une exposition itinérante.

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Macbeth : esthétique et fidélité

A Madiana. Voir les horaires.

macbeth_afficheSe confronter à Macbeth, c’est bien sûr se frotter à Shakespeare, mais indirectement se mesurer à Orson Welles ou Polanski. Pour son deuxième long-métrage, Justin Kurzel n’a donc pas choisi la facilité. Reste à savoir s’il parvient à se hisser sur les épaules de ces géants ou se contente de leur chatouiller les chevilles.
Son adaptation s’ouvre sur la bataille de Norvège, fait d’arme initial de Macbeth et source de sa chute. Dès cette introduction, le film nous plonge dans une suite de tableaux, séquences de combat au ralenti qui imposent immédiatement la puissance picturale de l’œuvre. On aura invoqué ici et là une mise à jour esthétique du chef d’œuvre shakespearien, qui ferait du pied aussi bien au Guerrier Silencieux de Winding Refn qu’à Game of Thrones. Si ces remarques ne sont pas à proprement parler inexactes, elles ne suffisent pas à rendre compte du geste de cinéma accompli par Kurzel.

Plus qu’une incarnation moderne ou « à la mode » de Macbeth, le metteur en scène s’échine à reproduire à l’image la fuite en avant, la fièvre et la démesure qui habite le couple mortel qui occupe dans la pièce le devant de la scène.

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MJF2015 : une voix qui tutoie les dieux, celle de Dianne Reeves

Un concert d’ouverture inégal mais de qualité

—Par Roland Sabra —

dianne_reevesLe chaudron musical ? Elle n’est pas tombée dedans ! Elle est née dedans !
Le père ? Chanteur ! La mère ? Trompettiste ! L’oncle ? Contrebassiste dans le Denver Symphony Orchestra ! Le cousin George Duke ? Joueur de clavier ! Sa voix ? Elle l’a d’abord vécue comme une malédiction. Il a fallu qu’elle reçoive en cadeau d’anniversaire deux disques de Sarah Vaughan, l’un avec Clifford Brown, l’autre avec Michel Legrand, pour qu’elle découvre ce qu’elle pouvait en faire. Et ce qu’elle en a fait est une pure merveille à force de travail sur les conseils d’un mentor qui en avait formé plus d’un avant elle, parmi lesquels on compte Miles Davis, Qincy Jones. Excusez du peu. Ce trompettiste funambule Clark Terry, décédé en février 2015, lui dit un jour alors qu’elle avait seize ans, qu’elle était sur scène et multipliait les variations autour d’une chanson : « Apprends la mélodie ! »
Dianne Reeves dit aujourd’hui que jamais conseil ne fut suivi à la lettre avec autant de persévérance et d’humilité.

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Comme de grands oiseaux querelleurs : La Nuit des assassins

— Par Selim Lander —

la nuit des assassinsQue faut-il pour faire du bon théâtre ? On l’a peut-être déjà écrit dans l’une ou l’autre de ces chroniques, mais cela vaut la peine de le répéter tant les compagnies d’aujourd’hui ont tendance à l’oublier. Rappelons donc la recette : un bon texte, une bonne mise en scène et de bons comédiens. Ces trois éléments étant présentés ici dans un ordre qui n’est pas hiérarchique (ils sont tout aussi nécessaires) mais simplement chronologiques : le texte existe avant que le metteur en scène ne s’en saisisse et qu’il le travaille d’abord seul puis avec les comédiens. Cela n’implique pas que ces derniers ne puissent avoir leur part dans la compréhension du texte, que des aller-retour ne soient possibles entre le metteur en scène et eux, de même que, si l’auteur est encore vivant, d’autres aller-retour ne soient possibles entre lui et ses interprètes, mais le schéma est grosso modo celui-là.

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Chantal Loïal et Mathieu Groos : qu’est-ce qu’un corps qui danse ?

«  Soyez vous-mêmes, tous les autres sont déjà pris  »

soyez_vous-meme— Par Roland Sabra —
Cette question insistante et jamais close Chantal Loïal et Mathieu Groos l’ont un fois de plus dansée au visage des corps présents dans la salle Frantz Fanon dans l’injonction « Soyez vous-mêmes, tous les autres sont déjà pris. » ( Oscar Wilde) le titre donné à ce travail de résidence effectué au Domaine de Fonds Saint-jacques début novembre 2015. La danse n’est pas un langage. L’articulation de deux mouvements corporels n’est jamais clairement séparée. L’un précède et inclut l’autre qui lui même le porte en son sein. Les lieux du mouvement de la main s’imbriquent dans ceux des possibles mouvements du bras. Il n’y a pas de « gestèmes » équivalents aux phonèmes. La danse se présente comme un événement du corps, une présence au monde immédiate qui renvoie au balancement des corps d’avant le langage. Le fait pour Chantal Loïal et Mathieu Groos d’accompagner leurs danses de mots, ceux de leurs trajectoires singulières, de leur parcours de vie, souligne la séparabilité de leur registres expressifs.

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Quand Chantal Loïal rencontre Matthias Groos… et Madinin-art.

— Par Selim Lander —

chantal loïalQuelques mots sur la pièce de ces deux danseurs chorégraphes, « Soyez vous-mêmes », car il serait dommage qu’elle sombre immédiatement dans l’oubli. Madinin-art sert aussi cela, à garder la mémoire des divers spectacles et manifestations culturelles qui ont eu lieu en Martinique. Son directeur, Roland Sabra, tient en effet à ce que les rédacteurs du site s’efforcent de couvrir tous les événements un tant soit peu notables, ceux qui leur paraissent réussis comme ceux qui, de leur point de vue, le sont moins. La critique n’étant pas un exercice entièrement objectif (même si elle l’est sans doute davantage qu’on le croit) les avis peuvent diverger à cet égard et c’est pourquoi il n’est pas rare qu’un même spectacle donne lieu à des commentaires opposés. Telle est la règle du jeu et cela doit simplement conforter le lecteur dans l’idée qu’il peut lui aussi avoir son avis et un avis divergent de celui (ou ceux) défendu(s) sur le site.   

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Aux Bouffes du Nord, on a joué pour défendre la liberté

— Par Fara C. —

Une salle pleine, malgré tout. Malgré la peur et la peine. Mardi soir, artistes et spectateurs ont partagé un moment unique dans ce théâtre parisien qui a décidé de maintenir son festival. Compte rendu.

Sur le chemin des Bouffes du Nord, résonnaient en moi les vers d’Aragon, de la Diane française : « Mon pays, mon pays a des mares et j’y lis le malheur des temps… » En ce mardi 17 novembre, jour de lancement du 3e festival Worldstock, qui se consacre aux musiques d’ailleurs et honore l’altérité, il y a, sur le trottoir du Théâtre des Bouffes du Nord, autant de monde que d’habitude. On croirait presque qu’il s’agit d’une ­ordinaire soirée de concert. Sauf que la foule est d’un calme singulier. On remarque de nombreux professionnels, qui ont tenu à venir : Pierrette Devineau, directrice du Paris Jazz Festival, Alex Dutilh (émission Open Jazz sur France Musique), André Cayot (de la délégation à la musique au ministère de la Culture), Lilian Goldstein, directeur des musiques actuelles à la Sacem, l’écrivain spécialiste du blues Sébastian Danchin…

Lorsque Jowee Omicil, saxophoniste et compositeur, commence à jouer, en première partie d’Erik Truffaz, la salle est pleine, « hormis quelques spectateurs qui avaient prépayé leur billet et qui ne sont pas venus, mais pas plus que de coutume », précise Étienne Ziller, programmateur de Worldstock.

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Mois du film documentaire à la BU du campus de Schoelcher

 Mercredi 25 novembre à 17h 45 : « Au-delà de la haine »

Au-delà-de la haine pointe lui aussi son objectif vers la violence d’un certain ordre social et moral. En septembre 2008, François Chenu est assassiné à Reims par trois skinheads homophobes. Ce film d’Olivier Meyrou, tourné à l’époque du procès, nous montre une famille désireuse, passée la douleur du choc, de se reconstruire autrement que dans la haine et la soif de vengeance ; il fait aussi une belle part à un avocat – celui du coupable – remarquable de cœur et de finesse dans son rôle de médiateur indirect entre les deux parties.

De la haine à la tolérance par un cheminement éloquent.

Notre avis : La lumière blanche qui hante le documentaire d’Olivier Meyrou souligne toute l’ampleur du drame qui a conduit à la mort de François Chenu : celui de l’intolérance et de la violence gratuite. Un soir de septembre 2002, dans un parc de Reims, trois skinheads tuent un homme parce qu’ils n’aiment pas les homosexuels. Sans parti pris, Olivier Meyrou relate la détresse d’une famille et révèle le dispositif judiciaire qui entoure le procès des meurtriers de François Chenu.

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M’appelle Mohamed Ali

m_appelle_mohamed_aliÉtienne Minoungou ressemble à Mohamed Ali ; Dieudonné Niangouna et Jean Hamado Tiemtoré aussi. Si les deux premiers partagent des traits et une allure physiques, les quatre hommes ont en commun la combativité quotidienne que réclament l’affirmation de soi et le dépassement des frontières. Souple, agile et précis comme celui qui gagna des médailles sur le ring et la liberté depuis les tribunes, Étienne Minoungou entrecroise la parole de la figure mythique qu’est devenu Cassius Clay avec celle des créateurs africains d’aujourd’hui que sont, comme lui, l’auteur et le metteur en scène du spectacle. À « mi-vie », le Congolais Dieudonné Niangouna et le Burkinabé Étienne Minoungou entendent visiter l’engagement du boxeur et leur propre démarche.

Victorieux puis déchu, Mohamed Ali reconquiert son titre grâce à la ferveur collective qu’il a insufflée. Qu’en est-il des artistes africains qui, parcourant le monde, sont eux aussi les ambassadeurs d’un continent toujours mis au défi ? La pratique des hommes de culture, comme celle du boxeur, ne peut se départir d’une lutte politique. Le choix d’être africain et la décision d’en porter la fierté demandent de croire en soi et d’initier des actes de résistance.

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Annabel Guérédrat, vamp pudique et sauvage

Par Selim Lander

« La vie est trop courte : je l’approfondis par l’art », Valeska Gert

Annabel GuérébratTrès bonne surprise que ce Valeska and you, la performance d’une talentueuse Martiniquaise qui pourrait en remontrer à beaucoup de grandes. Un spectacle en « petite jauge », tous les spectateurs – chanceux d’avoir obtenu une place – installés pour la circonstance sur la scène de la grande salle de l’Atrium. On peut toujours se tromper mais si Annabel Guérédrat ne parvient pas à percer, c’est que de bien méchantes fées se seront mises en travers de sa route. Quoi qu’il en soit, merci à la nouvelle scène nationale de Martinique de nous l’avoir fait connaître (et l’on prend déjà des réservations pour son prochain spectacle !)

Son projet – évoquer le personnage d’une danseuse cabarettiste du Berlin des années vingt (juive de surcroît) – n’était pourtant pas a priori de ceux qui nous séduisent le plus. Il faut dire que nous avions été récemment échaudé, dans un lieu pourtant prestigieux, le Pavillon Noir de Preljocaj, à Aix-en-Provence, par la prestation d’une danseuse qui s’efforçait de faire revivre sans grand succès la comtesse de Castiglione, un personnage a priori intéressant (maîtresse des plus grands de son époque, dont l’empereur Napoléon III, puis choisissant une complète réclusion lorsque la beauté l’a quittée).

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Ravi Coltrane : « Le jazz a toujours été lié aux changements sociaux »

— Entretien réalisé par 
Pierre Barbancey —-

« Je pense que notre musique, le jazz, est liée aux autres formes populaires de musique. »

Ravi Coltrane, le fils de John Coltrane, saxophoniste lui-même, se produit en France à partir du 5 novembre. 
Rencontre à l’issue d’un concert à New York au mythique Village Vanguard.

New York (États-Unis), envoyé spécial. C’est au mythique club de jazz de New York le Village Vanguard (qui fête cette année ses 80 ans, créé en 1935 !) que nous avons rencontré Ravi Coltrane, à l’issue d’une semaine de sets. Dans cette même salle, son père, John Coltrane, a joué et enregistré des concerts qui restent dans les annales du jazz.

Pas facile de sortir de l’ombre de ce musicien génial. Et pourtant, Ravi y est parvenu avec le même instrument, le saxophone, en préférant aux orages de son de subtiles lignes mélodiques.

En 2015, est-ce que le jazz a la même place, la même importance dans la société qu’il pouvait avoir il y a quarante ou cinquante ans ? Qu’est-ce qui est différent ?

Ravi Coltrane C’est difficile à dire.

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La danse, comme une résurrection !

– Par Janine Bailly –

AnabelGUEREDRAT-BoxeValeska and you, présenté au centre d’un cercle magique sur le plateau de la salle Aimé Césaire, pour un public forcément restreint en raison de cette disposition particulière, ne ressemble à rien de ce que personnellement j’ai déjà pu voir dans le domaine appelé « danse ». Je pourrais donc qualifier cette performance à l’aide de l’expression  « Objet artistique non identifié ». De ce moment intense, on ne ressort pas indemne, mais bien plutôt interpellé (ainsi que le suggère déjà le titre), secoué, bouleversé dans ses certitudes et ses convictions. Et si l’art a pour fonction de nous réveiller, Annabel Guérédrat, « lanceuse d’alerte » par son corps, ses paroles, ses chants, par les textes aussi qu’elle choisit de nous dire, atteint cet objectif au-delà de toute espérance !

Aux pourtours du cercle attendent vêtements, chaussures et accessoires qui seront tour à tour et à tour de rôle utilisés puis rejetés, certaines scènes étant interprétées seins nus, et cette nudité voulue, en écho à l’énergie déployée, apporte au spectacle une intensité, une poésie et une émotion accrues.

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«Paco de Lucía, la búsqueda»

— Par Myriam Barthélémy —

paco_de_lucia-400Brillant hommage rendu à Paco de Lucia*, ce documentaire réalisé par son fils retrace le destin musical et artistique du génie de la guitare flamenco disparu en 2014. Avec les témoignages exceptionnels de Chick Corea, John McLaughin, Jorge Pardo ou encore Rubén Blades.

« Paco de Lucía no es ni flamenco ni músico, sólo tiene unos dedos listos« , cette citation du père de la guitare classique Andrés Segovia pourrait être le point d’entrée de ce magnifique documentaire dirigé par le propre fils de l’artiste Paco de Lucía.
Guitariste au talent exceptionnel, « Le » meilleur de tous le temps, ce qui frappe le spectateur c’est avant tout la force d’un homme effronté, audacieux, discret et doté d’une immense humilité qui a revendiqué toute sa vie et dans le monde entier ses racines andalouses et gitanes.
Parmi les mille mots, substantifs, adjectifs, qui pouvaient être choisis pour donner un titre à ce documentaire, pourquoi lui offrir seulement le mot « la busqueda » la recherche ? , ce mot sonne dans l’oreille du spectateur comme une ouverture, un désir à tout jamais inassouvi, celui d’atteindre la perfection absolue de la part de l’artiste lui-même.

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« La nuit des assassins » de José Triana, mise en scène Ricardo Miranda

Au T.A.C. les 19, 20 & 21 novembre 2015 – 19h30

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Une mise en scène de Ricardo Miranda d’un texte de José Triana.
Avec :
Caroline Savard: Beba
Astrid Mercier: Cuca
Guillaume MaIasné: LaIo

Compagnie L’Autre bord

Résumé

Dans la cave de La maison familiale, Cuca, Lalo et Beba jouent à mettre en scène le meurtre de leurs parents. Victimes d’une éducation castratrice et répressive, ils utilisent le jeu symbolique pour soigner leurs plaies toujours béantes.
Ils créent un artefact théâtral dans lequel ils interprètent leur propre rôle, ceux des parents et aussi des personnages liés au présumé parricide de la rue Apodaca. Emprunter l’identité des autres personnages devient alors un moyen d’exorciser leurs démons et de révéler la nature et la genèse du conflit.

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Cemetery of Splendour : ensorceleur, radical, zen, drôle, spirituel, énigmatique…

Mercredi 18 novembre à 19h30. Séances VO de Tropiques-Atrium à Madiana.

Apichatpong Weerasethakul – Thaïlande – 2cemeteru_of_splendourh02 – 2015

Sélection Un certain Regard Festival de Cannes 2015

Synopsis :
Des soldats atteints d’une mystérieuse maladie du sommeil sont transférés dans un hôpital provisoire installé dans une école abandonnée. Jenjira se porte volontaire pour s’occuper de Itt, un beau soldat auquel personne ne rend visite. Elle se lie d’amitié avec Keng, une jeune médium qui utilise ses pouvoirs pour aider les proches à communiquer avec les hommes endormis.

Un jour, Jenjira trouve le journal intime de Itt, couvert d’écrits et de croquis étranges. Peut-être existe-t-il une connexion entre l’énigmatique syndrome des soldats et le site ancien mythique qui s’étend sous l’école ? La magie, la guérison, la romance et les rêves se mêlent sur la fragile route de Jenjira vers une conscience profonde d’elle-même et du monde qui l’entoure.

Critikat.com

Par Morgan Pokée: Il faut reconnaître à Apichatpong la douce puissance inébranlable de son cinéma, son audace souveraine et son amour pour les récits de maladie tropicale.

Le Nouvel Observateur

Par Nicolas Schaller :« Tout film qui peut être décrit par des mots n’en est pas un », disait Antonioni.

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Gwoka : 1er anniversaire de l’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’humanité

gwoka_unescoSamedi 21 novembre 2015
9h00-12h30 / 14h30-17h30 au Centre Rèpriz, 2 rue Dubouchage à Pointe-à-Pitre
SEMINAIRE : COLLECTE, ARCHIVAGE ET VALORISATION DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL : ENJEUX ET PROBLÉMATIQUES DU TERRAIN
9h-9h30 : Mots de bienvenue et tour de table
9h30-10h45 :
> La collecte du PCI à travers les actions de sauvegarde du Centre Repriz Intervention de Dominique Cyrille, Docteur ès Musicologie de l’Université Paris-IV Sorbonne, Maître de Conférence Department of African and African-American Studies, Lehman College – City University of New York (CUNY), Responsable de la mission Patrimoine au Centre des Musiques et Danses Traditionnelles de la Guadeloupe.
> La valorisation du PCI par la Médiathèque Caraibe (LAMECA) du Conseil Départemental de la Guadeloupe – Intervention de Gustave MICHAUX-VIGNES, Responsable de l’Espace Musique et Cinéma à la Médiathèque Caraïbe
> La collecte du PCI à travers les archives sonores : l’expérience de la phonothèque de la MMSH (Maison Mediterranéenne des Sciences de l’Homme) – Intervention de Véronique GINOUVES, Responsable des archives sonores de la MMSH – Aix-en-Provence, Ingénieure de recherche CNRS – 1re classe.

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