Catégorie : Arts de la scène

Le Rire et le Couteau de Pedro Pinho : une odyssée postcoloniale, sensuelle et politique

— Par Sarha Fauré —

Avec Le Rire et le Couteau, Pedro Pinho signe une œuvre aussi ambitieuse que déroutante, un film-fleuve de 3h30 qui prend racine en Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise devenue un théâtre d’interrogations brûlantes sur l’héritage colonial, le pouvoir, le désir et l’identité. Dès les premières images, un Occidental en transit, l’ingénieur portugais Sergio Coragem, s’engage sur une route poussiéreuse au cœur d’un paysage aride. Chargé par une ONG d’évaluer les conséquences écologiques d’un projet routier, il s’enfonce rapidement dans un monde qui échappe à ses cadres, ses repères et sa prétention à comprendre.

Sergio, figure du néocolon progressiste, croit au départ pouvoir conjuguer conscience postcoloniale et bonne volonté occidentale. Mais ce fragile équilibre est mis à l’épreuve dès son arrivée. Les ratés logistiques (panne de voiture, inconfort climatique, déplacements absurdes) deviennent le reflet d’un désalignement plus profond, un corps étranger déplacé dans un système de forces qui le dépasse.

Dans ce pays où les rapports Nord-Sud ne cessent de se réactiver sous des formes aussi économiques que charnelles, le film évite soigneusement la caricature ou la dénonciation frontale.

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Appel aux dons de l’Association Martinique Images (AMI)

Pour que vivent les contes créoles, pour que perdure la mémoire du peuple.

“Yé Krik ?” — “Yé Krak !”

C’est par ces mots que commence le conte créole. Ce simple échange entre le conteur et la cour (le public) fait jaillir des images, des souvenirs, des symboles, et surtout la parole vivante des peuples caribéens.
Le conte créole n’est pas seulement un récit pour faire rêver les enfants. Il est une mémoire. Un outil d’apprentissage. Un acte de résistance. Il est l’un des derniers trésors vivants d’un héritage venu d’Afrique, façonné dans l’épreuve de l’esclavage et nourri de l’imaginaire caribéen.


AMI : Dix ans au service de la parole vivante

Depuis près de 10 ans, l’Association Martinique Images (AMI) s’engage avec passion pour préserver, transmettre et faire rayonner l’art du conte créole en Martinique et au-delà.
Créée par le conteur Valer’Egouy, AMI rassemble chaque année des dizaines d’artistes : conteurs, musiciens, comédiens, plasticiens, dans des spectacles, veillées, résidences, ateliers et festivals.

Des événements gratuits ou accessibles à tous, organisés dans les quartiers, les écoles, les bibliothèques, les salles de spectacle et parfois même… sous la lune, au cœur de la nuit martiniquaise.

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À Almada, le Marius de Joël Pommerat

Donner corps à ses rêves

— Par Janine Bailly —

« En 2014, je suis sollicité par le directeur de la Scène nationale de Cavaillon, Jean-Michel Gremillet, pour aller rencontrer Jean Ruimi, une personne incarcérée à la Maison Centrale d’Arles, qui veut monter une pièce qu’il a écrite et qui a exprimé le désir de la mettre en scène. » Par ces mots, Joël Pommerat rappelle les circonstances qui l’ont conduit à mettre en scène Marius, une version contemporaine de la pièce écrite en 1929 par Marcel Pagnol, et portée de nombreuses fois à l’écran. Le courant passe aussitôt entre Joël et Jean ; après un long échange, le metteur en scène accepte d’intervenir en milieu carcéral, où il crée des ateliers, qu’il anime quelques jours par mois. Il aide Jean à écrire et faire jouer sa première pièce, forme les détenus qui pour certains découvrent le théâtre en prison. Et parce que nous sommes en Provence, que ces hommes sont de Marseille ou de la région, vient l’idée de se référer à Pagnol, figure incontournable et symbolique du Sud de la France.

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Pedro Pinho interroge les mécanismes de domination dans « Le Rire et le Couteau »

— Par Hélène Lemoine —

Révélation du dernier Festival de Cannes où il était présenté en section Un Certain Regard, Le Rire et le Couteau confirme le talent singulier du cinéaste portugais Pedro Pinho. Avec ce film-fleuve de plus de trois heures et demie, le réalisateur livre une œuvre ambitieuse qui interroge avec une rare finesse les rapports de domination contemporains.

Un voyage initiatique au cœur des paradoxes contemporains

Le film s’ouvre sur les traces d’Antonioni et de son Profession : reporter. Un homme seul traverse le désert au volant de sa voiture, incarnation parfaite de l’Occidental en quête d’identité. Mais là où Antonioni laissait son fantôme s’évaporer, Pedro Pinho ancre son récit dans une réalité postcoloniale saisissante.

Sergio, ingénieur environnemental portugais interprété par Sérgio Coragem, débarque en Guinée-Bissau pour évaluer l’impact écologique d’une route traversant une zone marécageuse habitée par des paysans. Mission apparemment technique, le voyage devient rapidement une plongée vertigineuse dans les mécanismes du néocolonialisme et de la domination.

L’art du trouble identitaire

Naviguant entre élites corrompues et population démunie, Sergio incarne malgré lui la figure du « néocolon » conscient de sa position problématique.

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« Le Canard sauvage », « Made in France » & « Faire commune »

—Par Dominique Daeschler —

« Le Canard sauvage », texte d’Ibsen, Adaptation et m.e.s. T Ostermeier

Thomas Ostermeier est à son aise dans l’univers confiné d’Ibsen, celui du 3théâtre de Chambre, où tout se rétrécit pour piéger les protagonistes dans leurs non-dits. Petit à petit des secrets bien gardés sont révélés par Gregers le fils de famille pour qui la vérité est une éthique qui ne peut apporter que le meilleur : la famille des Ekdal en sera détruite. La bourgeoisie est analysée comme une décadence, soumise au pouvoir de l’argent qui doit tout résoudre, sans affect, sans culpabilité.

De façon assez didactique, Thomas Ostermeier crée un décor tournant, salon des riches d’un côté où Werle célèbre par une fête le retour de Gregers, de l’autre le studio de photo- cuisine- salon d’un ancien camarade de classe dont le père a été un proche collaborateur de Werle avant d’ être ruiné par une affaire qui l’a conduit en prison. Les pauvres sont à la merci des riches : commandes, pension…Bientôt l’action se resserre sur le seul lieu de vie des pauvres car Gregers vient habiter chez les Ekdal, afin de distiller son amour de la vérité.

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Le ballet Yang Liping au Festival de Fort-de-France

— Par Selim Lander —

Les soirées festivalières ne se ressemblent pas ; après les résurrections d’Opéra poussière c’est le sacrifice d’une jeune vierge dans le Sacre du printemps. Après le théâtre, place à la danse. Si Yang Liping (née en 1958) est de longue date une star en Chine, elle ne s’est fait connaître que depuis quelques années en Occident ; c’est vraiment une chance pour les spectateurs du Festival de Fort-de-France de pouvoir assister à l’une de ses créations et de faire connaissance par la même occasion avec la danse contemporaine chinoise. Les artistes chinois sont plus que d’autres, peut-être, des maniaques de la perfection. On en a eu la confirmation dès l’entrée dans la grande salle de l’Atrium : douze danseuses assises en tailleur nous attendaient dans une immobilité absolue qu’elles tiendront pendant une demi-heure jusqu’au début du spectacle, pas davantage dérangées par le brouhaha des spectateurs cherchant leur place que par le moine bouddhiste qui installe sur le plateau le cercle formé autour d’elles à l’aide d’idéogrammes géants reproduits dans une mousse ocre, agencement minutieux qui sera détruit joyeusement par les danseuses à la fin.

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« Opéra Poussière » au Festival de Fort-de-France

—Par Selim Lander —

Création du 54e Festival de Fort-de-France, cette pièce haïtienne pour l’écriture (Jean d’Amérique (1)) et la mise en scène (Jean-Erns Marie-Louise) mais avec une distribution africaine et en partie martiniquaise est une vraie réussite formelle. Certes, l’argument est mince : Sanite Bélair, une héroïne de la guerre d’indépendance haïtienne demande à un hougan (« prêtre » vaudou) de la ressusciter car elle a des choses à dire à ses compatriotes d’aujourd’hui, et pour commencer qu’ils ont tort d’oublier la part des femmes dans la guerre contre les Français, à commencer par sa part à elle qui fut sergente dans l’armée de Toussaint Louverture. On ne sait pas si elle ressuscitera vraiment, même s’il semble que ce soit le cas à la fin de la pièce mais elle fera parler d’elle, et d’une manière ou d’une autre parviendra à se manifester auprès des Haïtiens d’aujourd’hui, la télévision s’étant saisie de ce fait divers peu ordinaire. Il n’y a pas vraiment d’intrigue, plutôt une suite de tableaux qui font progresser l’action vers la réapparition réelle ou rêvée de l’héroïne.

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« Je n’ai pas lu Foucault » & « Tout le monde il est Jean Yanne »

— Par Dominique Daeschler —

« Je n’ai pas lu Foucault », texte Céline Caussimon ,mes Sophie Gubri

Comme bon nombre de spectacles cette année, le texte est construit à partir d’ateliers d’écriture. Leur particularité est d’avoir été faits en prison sur un thème peu banal l’observation de toiles et de peintres connus ( Picasso, Basquiat, Van Gogh…) .Céline Caussimon, animatrice de ces ateliers, se prépare, relit les biographies, prête à livrer pour chaque peintre, son parcours, ses influences, ses techniques, ses thèmes. Une petite angoisse cependant, elle n’a pas lu le livre de Foucault. Peu importe, c’est elle qui doit s’adapter aux regards qui lui sont renvoyés. Bien sûr il y a ceux qui viennent là pour passer le temps, parce qu’il n’y a pas foot. C’est leur parole vive sur les couleurs qu’il préfèrent ( le noir de Basquiat), le ressenti sur l’organisation d’un tableau ( la chambre de Van Gogh), l’ intuition des origines ( Basquiat). Le cheminement des détenus introduit sans cesse l’idée d’une liberté de pensée qu’ils savent asséner, apportant à leur animatrice une autre appréhension de l’Art.

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Du côté du TOMA

— Par Dominique Daeschler —

Comme à son habitude, le TOMA théâtre d’Outremer à Avignon, convoque lectures , projections ,échanges ,spectacles au sein de la Chapelle Incarnée.

Porgy and Bess, musique et livret de Gershwin 

Adapté par les voix d’Outremer et Fabrice di Falco, chanteur lyrique martiniquais et cheville ouvrière des Contre-Courants, ce moment D’opéra valorise « à nu » les talents ultramarins dans le domaine lyrique. La musique de Gershwin n’ a pas pris une ride et Fabrice di Falco accompagne , dans un rôle de récitant les artistes. Les quatre chanteurs défendent leur partition avec brio. On retiendra particulièrement l’interprétation de Livia Louis Dogué dont la tessiture large la situe déjà parmi les grandes . Sans doute ,la présence sur scène, les déplacements sont à travailler mais ceci est déjà sur rails.

Entre les lignes, chorégraphie Florence Boyer

Florence Boyer, chorégraphe et danseuse, prend à bras le corps un travail de recherche sur les ouvrières du textile de Roubaix à Cilaos (Réunion) qui, à travers leurs broderies, ont célébré une attention aux femmes, dépassant un quotidien aux gestes répétitifs pou en donner la dignité et la beauté.

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Comment gâcher sa vie (avec style)

« WASTED », texte de Kae Tempest, m.e.s. de Martin Jobert, | Avignon off, le 11.Avignon

— Par Michèle Bigot —

Trois personnages en quête d’avenir, en recherche de sens, habités par la nostalgie de leur passé récent, mais hélas bien (ou mal) passé! Trois amis trentenaires en perdition se réunissent pour célébrer les dix ans de la mort de leur ami Tony. Le premier est un musicien en quête de reconnaissance, le second est prisonnier d’un « bullshit job » dans une entreprise minable et la troisième dispense des cours à des élèves défavorisés, encore plus blasés qu’elle. Les trois font un concours de ratage programmé et de nullité existentielle. Dis comme ça, on pourrait croire que le spectacle est aussi affligeant que le destin des personnages.

Or c’est le contraire qui advient. Les trois acteurs rivalisent d’auto-dénigrement, mais avec tant d’humour, tant de lucidité et tant de tendresse réciproque que ça devient attachant. Les dialogues sont ciselés, percutants et drôles. Le jeu des comédiens est parfaitement juste: chacun habite son personnage au point de le rendre follement présent. On rit, mais on rit jaune.

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M., entre sainteté et folie

« M. Un amour suprême », conception, texte, m.e.s. Gustavo Giacoso, musique: Fausto Ferraiuolo | Festival d’Avignon, Theâtre des Halles

— Par Michèle Bigot —

Le tandem Gustavo Giacoso-Fausto Giacoso était déjà venu nous enchanter l’an dernier, dans la même chapelle du Théâtre des Halles. Cette fois-ci encore, ce spectacle, quoique humble dans sa dimension scénique, nous transporte instantanément par son lyrisme et la magie de son évocation.

Fidèle à son intérêt pour l’art brut, Gustavo Giacoso nous raconte en sept tableaux l’histoire d’une femme, nommée M.(de son vrai nom Melina Riccio) qui quitte son sud natal pour s’installer à Milan, petite couturière appelée à devenir une célèbre styliste. La voici adulée du public et des media, mariée, installée et mère de famille, quand soudain, écoeurée par la célébrité et la fortune, elle décide de tout quitter, son métier, sa famille (elle a trois enfants) pour partir le long des routes comme une errante, pour prêcher l’amour et dénoncer la société de consommation. Adepte de Saint François, elle devient tour à tour une sainte, une folle, une artiste. Ses installations, réalisées à l’aide d’objets hétéroclites trouvés parmi les déchets dérangent bousculent ou séduisent.

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Résistances russes au plateau

« Last of the Soviets », conception et m.e.s. Petr Bohac

— Par Michèle Bigot —

La Russie est très présente sur la scène théâtrale française. Non la Russie impérialiste et la barbarie d’un Poutine, mais la Russie des résistants, la Russie des démocrates et du peuple qui souffre. C’est ainsi qu’après La Guerre n’a pas un visage de femme, texte de Svetalana Alexievitch, mis en scène par Julie Deliquet, lors du Festival des Comédiens de Montpellier et après le spectacle Alexeï et Yulia, proposé au théâtre des Halles lors de la présente édition du Festival D’Avignon, on a pu assister à une nouvelle interprétation des textes de S. Alexievitch, dans un spectacle intitulé The Last of the soviets.

Cette proposition théâtrale réalise un montage de différents extraits, concernant aussi bien la catastrophe de Tchernobyl que la « grande guerre patriotique » ou l’effondrement de l’URSS.

Au plateau Inga Zotova-Mikshina et Roman Zotov-Miksin, deux acteurs russes en exil nous dévoilent avec humour la cruauté de la vie quotidienne en Russie soviétique. Dans un récit mené tantôt en russe tantôt en anglais, avec quelques parenthèses en français, ils nous content l’horreur, les massacres, la peur et la misère, sans jamais se départir de l’humour noir qui les sauve.

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Festival d’Almada : De Thomas Ostermeier et Édouard Louis, Histoire de la violence

— Par Janine Bailly —

Comment représenter sur scène la violence, dans l’intime et l’universel

En juin 2018, Thomas Ostermeier crée à la Schaubühne de Berlin la pièce Histoire de la violence ; il met en scène le texte qu’il a co-signé avec l’écrivain Édouard Louis à partir du roman autofictionnel de ce dernier. Depuis, le spectacle s’est donné à maintes reprises, en différents lieux, et c’est au festival d’Almada qu’il fait donc escale en ce mois de juillet 2025. 

Adapter cette oeuvre complexe relevait de la gageure, tant elle est polyphonique, qui donne sur un seul et même événement des perspectives différentes. Le récit, éclaté, se construit peu à peu, et sans ordre chronologique, suivant en cela la pensée erratique du protagoniste principal, Édouard qui, victime d’une violente agression sexuelle, est encore sous l’effet du traumatisme vécu. Mais le point de vue est aussitôt double, puisque l’on entend Clara narrer à son mari l’histoire que son frère Édouard lui a confiée. Si dans le roman ce dernier écoute, en embuscade derrière la porte, la façon parfois fallacieuse dont elle rapporte les faits – Édouard mentalement la corrige – il est à noter qu’ici, prenant une place de choix, Clara peut entrer en interaction avec les autres personnages.

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West Side Favela

Roda favela, m.e.s. Laurent Poncelet, Cie Ophélia théâtre et O Grupo Pé No Chao, Festival d’Avignon, Le 11 Avignon 24.07.2025

— Par Michèle Bigot —

Sur scène, 12 artistes venus des favelas de Recife. Dans une explosion de danses, de musique et de lumière, ces jeunes artistes (moyenne d’âge 20 ans) nous offrent le plus délicieux et le plus revigorant des spectacles. Laissez de côté le doute, la peur, et la désespérance liés à la situation politique. Ils viennent de Recife, ils vivent dans une favela, ils peinent à trouver de l’eau, on leur coupe l’électricité, ils se battent pour vivre et ils nous donnent une leçon d’énergie, d’espoir. Ils ont pour eux une jeunesse et une force inextinguible, une énergie qu’aucune force de police ne peut réprimer. Leur histoire est celle de luttes, de drames, de tueries mais aussi de solidarité, de liens familiaux puissants. Ils incarnent le renouveau, ils sont portés par la force de leur art, leur musique, leur danse, leur poésie. A toujours devoir faire face aux discriminations, au racisme, à l’homophobie et aux attaques des milices d’extrême droite, ils ont acquis une puissance indomptable.

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« Le Sacre du Printemps » de Yang Liping

À Tropiques-Atrium les 12 et 13 juillet |  Fort-de-France

Le Festival de Fort-de-Francede Fort-de-France présente une réinterprétation moderne et originale du célèbre ballet Le Sacre du Printemps de Igor Stravinsky, par la chorégraphe chinoise Yang Liping. Cette version contemporaine mêle danse, traditions chinoises et philosophie bouddhiste tibétaine, offrant une lecture unique et profonde de l’œuvre.

Une Réinterprétation Contemporaine

Dans sa version de Le Sacre du Printemps, Yang Liping transpose le ballet de Stravinsky au cœur de son univers artistique, où la danse contemporaine se rencontre avec des symboles culturels et spirituels forts. La chorégraphie prend appui sur les thèmes universels de la vie, de la mort et du renouveau, tout en s’inspirant des croyances orientales, notamment la vision circulaire de l’existence qui fait écho à l’idée de réincarnation et de renouveau.

Au-delà de la danse, l’œuvre met en avant des symboles puissants comme le paon et le lion, représentant respectivement la lumière et la force, des figures emblématiques de la culture chinoise et bouddhiste. Ces images, tout en étant profondément ancrées dans l’histoire culturelle de Yang Liping, sont aussi des métaphores de la dualité humaine : l’éclat et la puissance, le désir et la sagesse.

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Ma présentation du  Festival international de théâtre d’Almada

— par Janine Bailly —

Au Portugal, le 42° Festival international de théâtre d’Almada, outre qu’il occupe les diverses salles de spectacle de la ville, prend aussi ses quartiers de l’autre côté du Tage, investissant à Lisbonne le Centre Culturel de Belém et la fondation Culturgest. Dans sa déclaration d’intention, « Ouvir o público / Écouter le public », le Directeur artistique Rodrigo Francisco rappelle la coutume selon laquelle, depuis 1987, le public du festival a voix au chapitre puisqu’il vote pour désigner sa pièce préférée, celle qui reviendra l’année suivante, « o Espectáculo de Honra / le spectacle d’honneur ». Une tradition qui, selon Rodrigo Francisco, dirait les liens du théâtre et de la démocratie, dont le « berceau commun remonte à la Grèce antique ». 

Une des expositions organisées pour le festival permet aux spectateurs les plus assidus de se remémorer, par la grâce d’images et de courtes vidéos, toutes les pièces élues ! L’an passé, c’est La Tempesta qui a remporté les suffrages, dans la traduction de la pièce de Shakespeare, en langue napolitaine, qu’en fit Eduardo De Filippo – disparu en 1984 mais dont la voix enregistrée assure la narration et l’essentiel des dialogues.

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« Opéra poussière », texte Jean D’Amérique, m.e.s. Jean-Erns Marie-Louise

Au Théâtre Aimé Césaire – Les 11,12 et 13 Juillet 19h30

• 11-12 Juillet 2025 dès 20h30 – After au Théâtre Aimé Césaire :  bar et restauration dans les jardins du théâtre
• 11 Juillet 2025 à 19h30 – suivi d’une Performance poétique de l’auteur Jean D’Amérique
• 12 Juillet 2025 à 19h30 – suivi d’un Bord de scène : Conversation entre le metteur en scène Jean-Erns Marie-Louise et l’auteur Jean D’Amérique ,modératrice Erika Govindoorazoo, journaliste
• 13 Juillet 2025 à 9h30 – Brunch au Théâtre
• Tarif : 20€ – Billets en vente en ligne sur : clikeye.com & Guichet du Grand Carbet du Parc
Aimé Césaire – Infoline : 0696 21 33 08 /0596 71 66 25
• Durée : 1h20
Opéra Poussière est une pièce de théâtre écrite par l’auteur haitien Jean D’Amérique porté par le metteur en scène haitien Jean-Erns Marie-Louise. En résidence de création au BurkinaFaso puis au Bénin. La Cie La Thymélé achève sa dernière étape de création au Théâtre Aimé Césaire et proposera en avant-première ses premières représentations d’Opéra Poussière dans le cadre du 54ème Festival de Fort-de-France.

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The Reggae Therapy Festival 2025

Stade Louis Achille – Fort-de-France Du samedi 12 juillet (15h) au dimanche 13 juillet 2025 (23h59)

Le Reggae Therapy Festival revient pour sa 3ᵉ édition en Martinique. Cet événement musical dédié au reggae se tiendra au Stade Louis Achille à Fort-de-France les 12 et 13 juillet 2025. Deux jours de concerts live avec des artistes internationaux et locaux, accompagnés de nombreux exposants et restaurateurs.

Têtes d’affiche confirmées :

Steel Pulse

Groupe britannique formé en 1975 à Birmingham. Reconnu pour ses textes engagés et son reggae roots militant, Steel Pulse est devenu le premier groupe non jamaïcain à remporter un Grammy Award dans cette catégorie, en 1986, avec l’album Babylon The Bandit. Parmi leurs titres marquants : Your House, Chant a Psalm, Ku Klux Klan, Earth Crisis.

Collie Buddz

Artiste originaire des Bermudes, connu pour avoir popularisé un reggae mêlé à des influences dancehall et hip-hop. Il se fait connaître en 2006 avec le titre Come Around. Il a depuis collaboré avec Snoop Dogg, Damian Marley ou encore Cypress Hill.

Queen Ifrica

Chanteuse jamaïcaine née en 1975, Queen Ifrica est active depuis la fin des années 1990.

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Quand les corps entrent en scène c’est déjà l’annonce d’une apothéose

My Fierce Ignorant Step | Concept et chorégraphie : Christos Papadopoulos

Première en France au Festival de Marseille
La Criée – Théâtre National de Marseille
27 et 28 juin 2025

— Par Jandira Bauer —

Originaire d’un petit village du Péloponnèse, Christos Papadopoulos a embrassé́ le théâtre et la danse à Athènes puis à Amsterdam, avant d’intégrer la compagnie de Dimítris Papaïoánnou durant huit ans. Fort du succès de ses pièces Elvedon, Opus, Ion et Larsen C, il enchaîne les commandes pour des ballets conquis par son écriture minimaliste, son univers plastique et visuel. Dans Mycelium, créée pour vingt danseurs -ses du ballet de l’Opéra national de Lyon, il puise dans les mystères des ramifications et des réseaux de filaments souterrains pour façonner « un écosystème fascinant, en perpétuelle métamorphose ». Dans Larsen C, il magnifie la combinaison entre sons vibratoires et ondulations des corps avec un sens inné́ de la danse de groupe à l’unisson. Loin de tout effet spectaculaire, telle une vague de fond aussi puissante que discrète. Trois pièces magistrales traversées par des préoccupations communes : la sensation du paysage, l’histoire contemporaine de son pays natal, les liens entre la musique et la littérature.

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« 13 Jours, 13 Nuits », un film de Martin Bourboulon

A Madiana jusqu’au 8 juillet. Horaires ci-dessous.

Avec Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen | Genre :Thriller, Drame
Synopsis :
Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, des milliers d’afghans tentent de se réfugier dans le dernier lieu encore protégé : l’Ambassade de France. Seuls, le commandant Mohamed Bida et ses hommes en assurent la sécurité. Pris au piège, il décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour évacuer les réfugiés jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard. D’après l’incroyable histoire vraie du Commandant Mohamed Bida (d’après le roman éponyme aux Editions Denoêl).

La presse en parle :
Dernières Nouvelles d’Alsace par Nathalie Chifflet
Un huis clos haletant.

Le Dauphiné Libéré par Nathalie Chifflet
De cette noirceur émerge la célébration du courage, non comme acte viril, mais comme vertu éthique. 13 jours, 13 nuits est un film rare par sa capacité à conjuguer cinéma d’action et exigence morale.

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De Césaire à Senghor, 27-28 juin 2025

— par Selim Lander —

Deux soirées consécutives à Tropiques-Atrium placées sous l’égide de Césaire pour l’une, Césaire et Senghor pour l’autre (1).

Un homme debout avec David Valère

David Valère est un comédien installé en Suisse, « martiniquais non par terre natale mais maternelle » comme il le dit lui-même, ajoutant que depuis qu’il renoue avec la Martinique, il se sent « martiniquais à 50 % comme un bon rhum agricole ». Il a quoi qu’il en soit une forte personnalité, un besoin de brûler les planches que les spectateurs, vendredi 27 juin, n’ont pu que constater. À ce propos, il avoue : « Je porte le jeu et le besoin de transformation comme une maladie incurable […] Cette fantaisie débordante m’a longtemps desservi, je ne l’ai pas toujours canalisée. Cela m’a valu de rater plusieurs auditions et castings » (in comedien.ch).

De fait, David Valère en fait des tonnes. On peut s’étonner de le voir, dans « une adaptation du Cahier d’un retour au pays natal », imiter (de manière fort convaincante de surcroît) torse nu un gorille, de le voir lécher ses doigts préalablement passés dans les poils de ses aisselles ou cracher sur la scène (et je passe un geste carrément obscène).

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2e édition du Festival d’Art Sacré

Samedi 28 juin à 19h30 | Dimanche 29 juin à 17h30 au Centre Culturel de Coridon FdF

L’Association pour la promotion de l’art et de la culture chrétienne en Martinique poursuit son engagement en offrant au public une expérience inédite, où l’art sacré prend vie sur scène. « La Boutique de l’orfèvre », une pièce du pape Jean-Paul II, écrite en 1962, y occupe une place centrale, invitant à une réflexion profonde sur l’amour, la foi et l’humanité.

Cette œuvre, profondément humaine et spirituelle, est une exploration du mystère de l’amour à travers les histoires croisées de trois couples. Chacun d’eux vit une relation différente : un amour passionné qui défie la mort, un autre qui s’est perdu dans l’habitude et la routine, et un troisième qui hésite entre peur et engagement. Ces schémas universels de l’amour sont sublimés par des interprètes passionnés, chacun prêt à incarner les subtilités du texte sacré avec une sensibilité particulière.

Sous la direction de l’association Symphonie, cette mise en scène enrichie de musique sacrée et de gestuelle vient magnifier la force du texte.

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« L’oiseau plume » pour les petit.e.s de 6 mois à 6 ans.

Samedi 28 juin à 10h | Secteur Centre| Inscriptions le 24 juin par message WA au 0696 956 255 

Dans le secteur centre participez en famille à un spectacle de marionnettes
C’est combien ? Le principe est simple, la représentation coûte 330€, on le divise par le nombre de famille donc le tarif est dégressif.
Plus nous sommes nombreu.ses.x moins on paie, dans une jauge limite de personnes (25 familles donc mini 13.2). Nous avons décidé un prix par famille que vous soyez 1 ou plusieurs enfants/adultes.
Infos et inscriptions avant le 24 juin par message WA au 0696956255 .
Merci de faire passer si vous connaissez du monde susceptible d’être intéressé !

Synopsis :
Entre rêve et réalité la frontière est parfois mince.
Partez sur les traces de Plume.
Ce volatil au bec feutré a le pouvoir d’ouvrir les portes de mondes imaginaires, laissant apparaître des paysages et musiques colorés.
L’avez-vous déjà vu ?
Il n’est jamais trop tard pour le rencontrer…

Lucile Pajot, artiste marionnettiste passionnée, crée des poétiques pour spectacles à partir de les enfants grand public.
Elle nous mois et le emmène voyage dans des colorés.

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Ba Vikto Treffre

— Par Patrick Chamoiseau —

Aux antans de l’esclavage, certains de nos ancêtres Africains disposaient de la faculté d’ordonner à certaines créatures du vivant, notamment à de puissants animaux. Dès lors, ils étaient souvent adoubés comme « bouviers » par le maître esclavagiste qui, malgré ce choix, ne se doutait de rien.

Avec des sons, des mots, de petits chants, ces initiés improbables maîtrisaient les déplacements des troupeaux de bœufs et de taureaux furieux. En créole, on disait qu’ils maniaient lavwa-bef — entendre : la voix-des-bœufs.

En plus des puissances de la Parole, il existe donc celles de la Voix. Elle peut détenir une infinité de forces et de pouvoirs sur la vie, sur la mort, sur la joie… Faire soleil dans une jolie journée ou dans n’importe quelle nuit.

Mèt Viktor Lambert Treffre avait cette puissance-là : une voix sans-manman-ni-papa, chargée d’un lot de sapiences, de fleuves, de graviers et de souvenances anciennes.

An Lavwa.

Un mode de connaissance immédiat et total.

Une grâce et une autorité.

Je l’entends : c’est grand son.

Impériale dans le frisson des filaos montant.

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« Un Homme Debout »,

Vendredi 27 juin à 19h30 — Tropiques-Atrium, Fort-de-France
Compagnie Cyparis Circus
D’après l’œuvre d’Aimé Césaire
Adaptation : David Valère et Stéphane Michaud
Mise en scène : Stéphane Michaud
Interprétation : David Valère

Un voyage poétique et politique, un cri pour la dignité, une ode à la liberté.


Un homme debout nous entraîne dans le sillage du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, ce poème incandescent devenu manifeste universel des peuples opprimés. Ce monologue théâtral, incarné avec force par David Valère, met en scène Cyparis, figure symbolique et héritier spirituel de Césaire, dans une quête de sens, de mémoire et de résilience.

Tour à tour émouvant, drôle et bouleversant, le spectacle alterne entre poésie et récit, drame et espérance. Depuis l’enfer de la colonisation jusqu’à l’espérance d’un monde réinventé, Un homme debout est un appel vibrant à se relever, à danser la liberté et à transcender les frontières. Cyparis, cet homme multiple, fils du feu et du verbe, arpente les ruines de l’Histoire et rêve encore d’un avenir lumineux.

À travers une mise en scène sobre et incandescente, Stéphane Michaud signe une fresque intime et collective, portée par la puissance poétique de Césaire et par une performance habitée.

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