Brésil: les électeurs de Lula votent contre la pauvreté et les discriminations

Rio de Janeiro – Les électeurs de l’ex-président Lula (2003-2010) attendent de lui qu’il replace la lutte contre la pauvreté et les discriminations au sommet des priorités, selon les témoignages recueillis par l’AFP à Rio de Janeiro, Sao Paulo et Salvador de Bahia.

– Jonathan Raymundo, lassé du racisme 

« On n’en peut plus. Dans ce pays, la violence contre les femmes, les personnes noires, la communauté LGTB+ est alarmante. Nous avons besoin d’amour, d’affection, de joie… et (le président Jair) Bolsonaro, c’est tout le contraire« , déclare Jonathan Raymundo, un afrodescendant de 33 ans aux cheveux teints en rose. 

« La plus haute autorité du pays fait des blagues en disant que les personnes noires sont pesées en +arrobas+ (unité de mesure de l’époque de l’esclavage), qu’une femme ne mérite pas d’être violée parce qu’elle est laide, ou qu’il ne peut rien faire pour les morts du Covid-19 parce qu’il n’est pas fossoyeur« , s’indigne ce producteur culturel, fondateur en 2018 d’un festival afro-brésilien à Rio. 

« Le Brésil est à la croisée des chemins, avec l’opportunité de se transformer en un grand pays. Mais cela ne se fera que s’il est capable d’intégrer sa diversité raciale dans les sphères de pouvoir« , affirme Jonathan Raymundo. 

Il estime que le Parti des travailleurs (PT) de Luiz Inacio Lula da Silva, 76 ans, a apporté des « avancées fondamentales et civilisatrices » même s’il regrette le non-renouvellement des élites politiques: « Il n’y a pas d’alternative maintenant, Lula doit être à nouveau président« . 

– Messias Figueiredo, veut « arrêter la famine » 

Le professeur d’informatique Messias Figueiredo est une figure des manifestations de gauche à Salvador de Bahia. Identifiable avec son béret et ses lunettes rectangulaires, il pousse partout où il va un chariot avec une table de DJ ornée du visage de Lula. « C’est un instrument de lutte politique pacifique« , explique l’homme de 56 ans qui diffuse des chansons et messages pro-Lula. 

Selon lui, l’ex-sidérurgiste « a permis à des millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté » et ses deux « gouvernements ont été les meilleurs de l’Histoire du pays« . 

Mais Lula est surtout son champion car il « est originaire du Nordeste, une région qui a toujours été à la traîne sur le reste du pays« . S’il gagne la présidentielle, son premier combat devra être d »‘arrêter la famine« , estime-t-il. 

Lula « s’est déjà montré très compétent pour diriger le pays« , affirme-t-il, et « personne ne peut supporter plus longtemps ce gouvernement fasciste, génocidaire et déshumanisant« . 

Messias Figueiredo accuse le gouvernement Bolsonaro d’avoir « dévasté » l’environnement et « massacré » les indigènes. 

– Aline Xavier, syndicaliste qui doit tout à Lula 

« Il n’y a personne d’autre que Lula pour diriger notre pays« , affirme Aline Xavier, 33 ans, née dans la banlieue de Sao Paulo. 

Pour cette fonctionnaire dans la Santé, dirigeante d’un syndicat de travailleurs municipaux, le Parti des travailleurs (PT) est plus qu’un simple syndicat: c’est son « idéologie de vie« . 

Le parti cofondé par Lula en 1980 l’a aidée à « contredire les statistiques » et à faire carrière « malgré » le fait d’être une femme noire issue des banlieues défavorisées: « Il m’a ouvert des portes pour avoir une voix (…) et ne pas être exclue parce que je suis femme et noire« , déclare-t-elle. 

Eduquée dans une école publique inaugurée pendant que le PT était au pouvoir, Aline Xavier croit « en tout ce que fait Lula » et rejette « les politiques néolibérales du gouvernement actuel, les attaques contre les droits des travailleurs et l’intolérance envers les minorités« . 

Mariée, mère d’un adolescent de 15 ans et enceinte de son deuxième enfant, elle est convaincue que le leader de la gauche mettra à nouveau sur pied « un gouvernement qui va dans les banlieues, donne des opportunités aux personnes noires, aux pauvres, aux travailleurs ou aux mères célibataires, et qui reconnaît qu’il ne peut y avoir de méritocratie que lorsqu’il y a égalité« . 

Source : AFP / L’Express