— Par Jean-Marie Nol —
Alors que la Guadeloupe s’interroge sur son avenir institutionnel, une dissonance de plus en plus manifeste s’impose entre les discours politiques et les réalités économiques. Le débat sur l’autonomie, relancé par une majorité d’élus locaux en quête de différenciation, masque une réalité bien plus urgente : celle d’un modèle économique et social à bout de souffle, pris en tenaille entre les impératifs budgétaires de l’État et l’effondrement progressif des équilibres sociaux locaux . Car le temps politique, dicté par les échéances électorales et les stratégies de communication, entre en collision frontale avec le temps économique, lent, exigeant, structurel. Cette fracture n’est pas théorique : elle se traduit, au quotidien, par l’incapacité de la Guadeloupe à initier les transformations nécessaires à sa résilience, et par la surdité croissante d’un État centralisé, plus préoccupé par la réduction de son déficit que par la reconstruction d’un projet économique partagé avec ses territoires d’Outre-mer.
Le contraste est d’autant plus frappant que le gouvernement s’engage désormais dans une austérité affirmée. « On est en situation de danger extrême. Ça ne rend pas populaire de dire ça, ce n’est pas agréable… Un très grand nombre de Français l’ont entendu mais un grand nombre ne croit pas que ça les concerne », a déclaré le locataire de Matignon.