Christian Antourel

« Ce soir on improvise »

par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret

ce_soir_on_improviseCette aventure, nous raconte les acteurs en rébellion contre le metteur en scène, refusant l’illusion qu’on leur impose au profit de la sincérité passionnelle.
L’excès de présence et l’emprise du metteur en scène sur les comédiens, encourage le développement de velléités d’indépendance, pour trouver un espace de liberté. Toutes les sociétés sont à des degrés divers confrontés à ce problème et pour y faire face on veut revenir à ses repères. Pirandello déteste l’immobilité par conséquent, les formats, les systèmes tout ce qui fixe un aspect et tout ce qui gêne un songe. Ce théâtre indique que le refus de ce metteur en scène arrivé de France est le prétexte pour justifier un modèle théâtrale pirandellien également porteur d’une charge de méfiance très forte à l’égard de l’autre. Cette incommunicabilité de Pirandello relayée par Adrien, nous atteint en plein cœur, lorsqu’on constate qu’entre les intentions et les actes, se dresse un mur d’incompréhension ; entre l’auteur, et les acteurs déjà acquis à sa cause, peuvent-ils exprimer ce que l’auteur a voulu dire, si ce n’est à travers leur subjectivité personnelle … Sincère mais pas forcément fiable ?

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Nicole Terrien Comme un jardin suspendu

—Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

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  Du calme, de la peinture, du coton ou du lin. Point de départ d’une écriture picturale obéissant à des signes par lesquels est transmise l’identité des choses.
Mais aussi manuel de tradition où l’objet peint s’exhale, entre autres dans le désir d’offrir aux motifs saisis de traces d’éternité, une réalité plus belle, au -delà de leur vivacité. Nikol peint des fruits, des bambous, des fleurs tropicales, des fruits à pain, des cocos germés, toute l’exubérance de la végétation locale, et la luxuriante déclinaison florescente de notre Martinique dans son intimité, avec une véritable acuité de bon aloi, dénuée de prétention, jamais pédante. Nikol n’est pas dans la profusion forcenée du trait de l’artiste qui se pense irréductible, elle se borne à révéler l’essentiel dans un minimalisme éloquent  et assumé à l’identique: son amour de la nature et de l’art confondus. Les différentes œuvres de l’exposition proposent de façon multiple une pause, un ralentissement du regard, ralentissement du temps de la création, un rapport à l’origine. Un temps de réflexion, un arrêt sur image.

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la Fondation Clément : la vérité multiplie la vie

 — Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

severini-1En consacrant son exposition « Derrière le voile » à une évocation de l’avenir des peuples,  illustrant ainsi ce qui se passe actuellement dans ces pays africains et arabes qui revendiquent la délivrance, Luz Sévérino a abondamment nourri d’images rhétoriques sa peinture , et d’une réflexion radicale son installation monumentale. Référence aux pays où la liberté d’expression n’existe pas, là où les formes de vie de corps-fantômes, naissent et disparaissent à travers des transparences et que la force des langues vivantes jugulées ne peuvent retenir. Elle veut dans son discours pictural dénoncer des faits et prononcer la reformulation d’une liberté en devenir. Mais c’est par des chemins détournés que nous pénétrons les travaux de Luz Sévérino. Cette artiste plasticienne complète semble difficile à classer tant sa peinture abstraite à la base, incite le regard à chercher et trouver des formes humaines concrètes au-delà des traits de pinceaux, apparemment aléatoires que l’on y décèle. Il en résulte par un drôle d’effet d’optique suggéré des visages qui se dessinent et se révèlent progressivement à nos yeux étonnés.

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Ces Airs de théâtre

Le Théâtre Aimé Césaire accueille le Festival Itinérant Margose pour un spectacle en plusieurs parties, dont la pièce principale « Nôrichas » rend hommage à Aimé Césaire dans le cadre de la préparation de son centenaire. A la poésie et à ses enfants : Charles Baudelaire, Susanne Césaire, Victor, Hugo, Khalil Gibran et tous les autres… Ce premier tableau poétique qui rend un hommage particulier à Haïti et au Japon prend la forme de projections de symboles et de lectures qui viennent soutenir des éléments fondamentaux. En collaboration avec le Département Afrique et le Secteur Culture de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) Elle traite de la poésie des rencontres et des arts du monde. La musique, l’image, la danse et les mots tentent d’exprimer la spiritualité universelle des poètes résistants à toutes formes d’esclavage tout en posant la question qui sommes nous par rapport à la nature ? Quel est le bon sens ? Où souhaitons nous aller ensemble et comment ? Cet hommage appuyé à l’homme Césaire, écrivain et poète visionnaire «  Le Nègre fondamental », chantre de la négritude, s’inscrit dans l’esprit d’un projet humaniste soutenu par l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) Le Festival itinérant Margose propose des invitations au voyage afin de ne plus être les esclaves martyrisés du temps.

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Ange Bonello d’lyres d’ange

 — Par Christian Antourel  & Ysa de Saint-Auret —

« Une peinture, c’est l’image de quelqu’un, sa projection toute entière »

Bissière

 ange_bonello Peintre « artiste de recherche incompris » mais aussi performeur qui travaille avec des matériaux de récupération. C’est en grande partie la matière première qui dicte son inspiration. L’artiste évolue dans une figuration libre d’un monde surréaliste qui n’appartient qu’à lui «  Mes tableaux sont l’essence de mon parcours de vie. Témoignages de mes rencontres, de mes amours. Des pensées, de l’histoire de cette Ile, de ses couleurs de ses personnes, ses personnages » Il y a ainsi des rencontres inattendues, miraculeuses, complètes, transversales. Des conjugaisons de libre volonté d’artistes consentants pour un festival « allumé » inscrit dans les moments et dans la vie. Peinture non savante certes mais qui en sait beaucoup sur la façon de retrouver le bonheur de vivre…par la peinture. Ange Bonello nous laisse entendre les rythmes des couleurs du sud à travers des scènes qui témoignent d’une vision «  psychanalytique »d’un peintre  épris de silence et d’exubérance antagonistes. Des tableaux où sont inscrits les traces du temps qui passe, du temps passé, réunis autour du corps et de l’écriture.

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De Bleu de Parme à Vert Limon Une lecture infinie

par Christian Antourel —

 Amel Aïdoudi ; une comédienne rompue à l’art de la scène.

 
Brillante idée du SERMAC (Service Municipal d’Action Culturelle), que de poursuivre les rendez- vous « bleu de parme », initiés depuis huit années par Lydie Bétis sa directrice. Cette saison est intitulée Vert Limon, celui dont le poète a dit : « il entre dans la composition de ma chair »
Sur scène Amazigh Kateb, leader et chanteur du groupe « Le Poison Rouge » fils du très célèbre Kateb Yacine immense écrivain, dramaturge et poète algérien qui « demeure un symbole de la révolte contre toutes les formes d’injustices et l’emblème d’une conscience insoumise, déterminée à rêver, penser et agir debout » Et notre Amel Aïdoudi comédienne aux mille facettes de l’indicible a l’émotion, qui dévoile les mystères d’un monde ou le réel n’est qu’un litham qui dissimule l’essentiel. Elle sait se libérer de toute convention rigide qui pourrait l’entraver dans son élan premier. Cette spontanéité procure à sa présence une sincérité vivifiante, quand le répertoire emprunte aux auteurs leur détermination, leurs déchirures soudaines, leurs métamorphoses érudites, articulées sur des textes de Frantz Fanon, d’Aimé Césaire, de Kateb Yacine.

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« Le Dindon » de G.Feydeau

— Par Christian Antourel —

coutelignes-390Acclamé en France, jusqu’à la comédie Française « le Dindon » un des vaudevilles de Feydeau des plus aboutis a traversé la mer et mis en scène par Claude-Georges Grimonprez à eu un succès considérable en Guadeloupe.

Une comédie délirante

Tout fait divers devrait s’appeler Feydeau, tant l’auteur a le réflexe spontané de l’histoire surgie au coin du quotidien. De ces choses de peu d’importance, postures et gestes des plus anodins, il fait le vaudeville, comédie légère fondée sur l’intrigue et le quiproquo et la Cie Courtes Lignes présente cette pièce qui résiste à l’épreuve du temps, qui dit, sans y paraître l’humour dans son habit de lumière. Gardons nous d’applaudir trop tôt et voyons quel rythme, quelle mise en espace, quel imaginaire scénique nourri à la source buissonnière, hors l’académie du théâtre, dans une langue réinventée pour saltimbanques d’un théâtre de salon, mérite un tel succès. A n’en point douter, le verbe aimer le théâtre composé, conjugué de passion et de professionnalisme est un élément à considérer et quand on verra avec quel ravissement, l’esprit cocasse, la justesse du verbe et le geste précis précipitent dans l’élégance agitée les mots en chute exacerbée, il se peut que nous soyons convaincus.

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