Après le deuxième tour des élections présidentielles

— Communiqué de Combat Ouvrier —
En Martinique, Guadeloupe, Guyane, Marine Le Pen est arrivée très largement en tête. Il s’agit surtout d’un vote de rejet contre Macron et sa politique. Il y avait Macron et un opposant. La population a voté pour l’opposant. La hausse des prix, la loi du 5 août 2021 qui suspend les travailleurs soignants non vaccinés, l’augmentation de la pauvreté, les services publics défaillants comme celui de l’eau, l’empoisonnement de la population par le chlordécone, le chômage de masse, tout cela a largement compté dans le vote de rejet.
Déjà, Jean Luc Mélenchon était arrivé largement en tête au premier tour. Au deuxième tour, le vote Mélenchon s’est porté sur Marine Le Pen avec un apport supplémentaire.
Pour une fraction de l’électorat, le vote fut un vote d’adhésion en particulier sur la question de l’immigration.
La misère croissante pousse aussi un certain nombre de pauvres à rendre les immigrés responsables de leurs problèmes et à rejoindre le programme anti immigré de Marine Le Pen. Mais cette dernière divise la classe des travailleurs. En s’attaquant aux immigrés elle s’attaque à tous les travailleurs. Car ces derniers sont tous des frères de classe des travailleurs. Ne nous laissons pas tromper sur ce point la. La force des travailleurs c’est son unité quelle que soit l’origine de uns et des autres.
Le second tour n’a laissé le choix qu’entre la millionnaire d’extrême droite reconvertie en démagogue des pauvres et Macron, le président des riches. Il n’est donc pas étonnant que l’abstention soit si élevée, en France, en particulier dans les quartiers populaires et toujours plus aux Antilles-Guyane.
Contrairement à ce que nous ont raconté tous les marchands d’illusions, en particulier ceux qui se revendiquent du mouvement ouvrier, partis comme syndicats, Macron ne nous protégera de rien.
Il ne nous protégera pas contre l’extrême droite car la défaite électorale de Le Pen ne doit pas masquer sa progression, la pression croissante de ses idées nauséabondes sur la société et les forces réactionnaires installées au coeur même de l’appareil d’État, au sein de la police et de l’armée. Ceux qui ont cru se débarrasser de l’extrême droite et d’une menace fasciste en passant quelques minutes dans l’isoloir, le constateront bientôt : nous aurons du Le Pen avec Macron. Celui-ci a déjà fait concessions sur concessions sous la pression de l’extrême droite, il continuera demain.
En homme de la grande bourgeoisie, Macron portera de nouveaux coups au monde du travail. Il a déjà annoncé vouloir attaquer les retraites, remettre en cause le RSA et réhabiliter le travail au mérite, cher à Sarkozy. Mais surtout, face à l’aggravation de la crise économique et la volonté de la classe capitaliste d’en profiter, il aidera le grand patronat à attaquer la condition ouvrière.
Le monde du travail n’avait rien à gagner dans cette élection et il n’avait pas beaucoup à y perdre. Ses forces sont intactes, l’essentiel est qu’il retrouve sa combativité. La force du monde du travail a toujours été dans les luttes collectives, les grèves et les manifestations, et elle le restera.
Le 24 avril 2022
Louis Maugée